Astuces «Je ne jette plus de nourriture»

de Marianne Siegenthaler

13.4.2021

Jeter des aliments? Pour notre chroniqueuse, c’est hors de question. En effet, avec un peu d’organisation, de créativité et de flexibilité, il est possible d’éviter facilement le gaspillage alimentaire.

Chaque année en Suisse, 2,8 millions de tonnes de nourriture finissent à la poubelle. Cela correspond à 330 kilogrammes par personne et par an, soit environ un quart des émissions de gaz à effet de serre engendrées par notre alimentation.
Chaque année en Suisse, 2,8 millions de tonnes de nourriture finissent à la poubelle. Cela correspond à 330 kilogrammes par personne et par an, soit environ un quart des émissions de gaz à effet de serre engendrées par notre alimentation.
Keystone

de Marianne Siegenthaler

13.4.2021

Marianne Siegenthaler
Marianne Siegenthaler
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Marianne Siegenthaler est journaliste indépendante, rédactrice et auteure de livres. Dans sa chronique, elle passe au crible des sujets du quotidien – qu’ils soient majeurs ou mineurs, insolites ou mignons, importants ou drôles –, parfois d’un œil critique, parfois avec ironie, parfois sur le ton de l’humour. Mariée et mère d’une fille désormais adulte, elle vit au bord du lac de Zurich. www.texterei.ch

Nous jetons un tiers de notre nourriture. Ce phénomène porte le nom de gaspillage alimentaire. En Suisse, 330 kilogrammes par personne et par an de nourriture parfaitement comestible finissent à la poubelle.

Je le reconnais volontiers: jusqu’à récemment, je faisais aussi partie de ces gaspilleurs. Une date limite de consommation dépassée? Poubelle. Des restes après un repas? Poubelle. Quelque chose que je n’aimais pas? Poubelle.

Pendant longtemps, je pensais que ces quelques pommes de terre, cette tranche de jambon ou ce yaourt entamé ne changeaient pas grand-chose. Mais c’est faux. Tout cela s’accumule: sinon, comment expliquer que nos déchets alimentaires puissent remplir 150 000 camions? Alignés bout à bout, cela ferait un convoi allant de Zurich à Madrid.

Cuisiner en fonction des dates de péremption

J’ai donc juré de m’améliorer. Désormais, je ne jetterais plus rien mis à part la nourriture vraiment avariée, à l’odeur bizarre ou recouverte d’une couche de moisissure. Parce que je n’ai pas non plus envie de ruiner ma santé.

C’est pourquoi, dans un premier temps, j’ai commencé à cuisiner en fonction des dates de péremption. La question n’est donc plus «Qu’est-ce qu’on mange aujourd’hui?», mais «Qu’est-ce qui périme aujourd’hui?».



Notre famille ne s’en est pas trop mal sortie avec ça – même si parfois, la notion de plaisir en a quelque peu pâti. Mais peu importe. Pour la bonne cause, il m’arrive aussi de manger de la salade qui risque de ne plus être fraîche le lendemain alors que je préférerais des légumes.

Il y a un autre obstacle tout à fait personnel: je n’aime pas faire les courses. En particulier lorsque je dois faire la queue. Ainsi, lorsque je me trouve dans un magasin, je remplis mon panier ou mon chariot le plus rapidement possible. Et cela signifie aussi que j’achète en plus grande quantité que ce que nous pouvons consommer à temps.

J’essaie désormais de perdre cette habitude. Je fais une liste et je m’y tiens. Et je fréquente de plus en plus les magasins à la ferme. En général, on n’a pas à faire la queue et on peut acheter en plus petites quantités.

Cela prend du temps, mais c’est amusant

Ce qui aide aussi, c’est que l’ordre règne enfin dans notre réfrigérateur. On n’oublie plus rien qui reste au fond dans un coin. Ni les petits oignons blancs pour la raclette qui datent de l’hiver 2019, ni la confiture maison toujours trop liquide malgré tout ce temps passé là-dedans.

Et les Tupperware dans le congélateur sont soigneusement étiquetés avec le contenu et la date. Il ne peut plus m’arriver de voir de quel plat il s’agit seulement après l’avoir décongelé.

Les plus petits restes sont également un vrai défi. Une mini-portion de riz, un demi-saucisse ou une petite tasse de goulasch maison – que peut-on en faire?

Cela demande un peu de créativité, mais dans tous les cas, Internet peut être utile. Sur «FOOBY» , par exemple, on peut saisir deux ingrédients et obtenir des recettes adaptées. Mais je préfère inventer moi-même et je suis toujours surprise de voir à quel point les restes peuvent aussi ravir le palais.

En bref, mon sentiment de culpabilité en matière de gaspillage alimentaire est devenu tel que je ne jette même plus les épluchures. On peut en effet en faire des fonds de sauces ou des bouillons de légumes.

Cela prend certes un peu de temps, mais c’est amusant – et le goût est inimitable. Bon appétit!