Bébés prématurés «Le seuil de viabilité recule d'une semaine tous les 10 ans»

Relaxnews

26.3.2019 - 19:18

La médecine a fait des pas de géants depuis les années 1980 pour la survie des bébés extrêmement prématurés
La médecine a fait des pas de géants depuis les années 1980 pour la survie des bébés extrêmement prématurés
Source: Relaxnews

La médecine a fait des pas de géants depuis les années 1980 pour la survie des bébés extrêmement prématurés, comme l'illustrent plusieurs études médicales parues cette semaine et concernant les Etats-Unis et la Suède.

Jusqu'aux années 1980, la médecine estimait que l'âge gestationnel minimum pour la viabilité était de 28 semaines, sur les 40 d'une grossesse normale (avant 37 semaines, les bébés sont catégorisés prématurés). A 28 semaines, les bébés ne font que 1 000 grammes.

Cette limite n'a cessé de reculer depuis, et des bébés minuscules survivent à 24, 23 voire 22 semaines. Ils pèsent alors un demi-kilo ou moins. Un bébé japonais a fait la une en février: il pesait 268 grammes à la naissance, à 24 semaines, et est sorti en bonne santé après cinq mois d'hospitalisation.

«Je fais ce métier depuis 40 ans, et j'ai vu le seuil de viabilité reculer d'une semaine tous les 10 ans dans mon hôpital», dit à l'AFP Edward Bell, médecin en néonatalogie et professeur de pédiatrie à l'Université de l'Iowa aux Etats-Unis.

La Suède détient sans doute le record mondial de survie: 77% des enfants nés entre 22 et 26 semaines en 2014-2016 ont survécu un an, a rapporté une étude publiée mardi dans la revue de l'Association médicale américaine (Jama).

Le pays s'est même amélioré: la survie était de 70% en 2004-2007.

Entre temps, la Suède a uniformisé les procédures et systématisé la réanimation des nouveaux-nés: intubation immédiate, administration de médicaments, et transfert rapide vers une unité de soins intensifs néonatals. Désormais 88% des accouchements prématurés se font dans des hôpitaux équipés d'une telle unité.

«Auparavant, face à un bébé né à 22 ou 23 semaines, un médecin pouvait dire qu'il ne valait pas la peine de faire quoi que ce soit», explique à l'AFP le médecin et professeur de pédiatrie Mikael Norman, coauteur de l'étude.

Pour les plus petits de 22 semaines, la survie est passée en une décennie de 3,6% à 20%. Pour ceux nés à 26 semaines, huit sur dix survivent.

Etats-Unis en retard

Depuis les années 1990, trois avancées majeures ont été l'invention de «surfactants» artificiels, qui remplacent une substance que les grands prématurés ne produisent pas encore dans leurs poumons et qui les aident à respirer; l'injection de stéroïdes à la maman juste avant l'accouchement, qui fait maturer les poumons du bébé d'une semaine en un jour; et les progrès des appareils respiratoires.

Ces techniques sont largement disponibles dans les pays développés, mais cela n'empêche pas d'importantes disparités, d'un pays voire d'un hôpital à l'autre.

En France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, la moitié environ des grands prématurés (moins de 26 ou 27 semaines) survivaient selon des études datant de quelques années.

Les Etats-Unis ne sont pas la Suède: le système de santé est très inégalitaire, ce qui change le suivi prénatal des femmes enceintes. Une étude dans Jama a montré que la ségrégation géographique entre Noirs et Blancs se reproduisait dans les hôpitaux, les prématurés noirs naissant dans des centres de moins bonne qualité.

Mais la survie progresse, même pour les bébés de moins de 400 grammes, qui sont très rares mais ont fait l'objet d'une autre étude dans Jama lundi.

13% des bébés de moins de 400 grammes et nés à 22-26 semaines dans 21 hôpitaux américains de 2008 à 2016 ont survécu. L'un d'eux pesait seulement 330 grammes.

Mais à cet âge, le risque de complications est élevé: les trois quarts montraient des retards de développement à deux ans.

«Cela montre que la survie est possible», dit Edward Bell, coauteur de l'étude.

«On ne peut pas dire nettement que ces bébés doivent toujours être réanimés, mais les parents doivent recevoir cette information et avoir leur mot à dire pour décider de la réanimation», poursuit le docteur.

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