«Covid-19 Ad Memoriam» «Covid-19 Ad Memoriam»: l'impact sociétal de la pandémie à la loupe

Relaxnews

14.9.2020 - 12:18

«Covid-19 Ad Memoriam» devrait livrer son diagnostic dans quatre ans.
«Covid-19 Ad Memoriam» devrait livrer son diagnostic dans quatre ans.
Source: Relaxnews

La pandémie de Covid-19 et le confinement ont provoqué un choc dans la société, mais qu'en retiendrons-nous à l'avenir ? Quelles séquelles sociales, psychologiques, culturelles... laissera cette expérience collective inédite? Un nouvel institut de recherche mène la réflexion.

Depuis sa création en juin, l'Institut «Covid-19 Ad Memoriam» collecte, archive et analyse les traces et mémoires de cette crise sans précédent. En partant de ce constat: «par la durée et l'intensité des mesures prises – ne serait-ce que par le confinement de l'ensemble de la population», l'épidémie constitue «une rupture anthropologique majeure, porteuse de conséquences durables».

Lesquelles? «Il est trop tôt pour avoir une réponse collective fine», estime la chercheuse Laetitia Atlani qui pilote l'institut. Son ambition est donc de «réfléchir collectivement, pour maintenir la société française unie dans la durée, parce qu'elle est secouée. C'est nécessaire, à la fois scientifiquement et politiquement».

L'idée n'était pas de créer «un énième institut», mais une «plateforme dédiée». Car «il manquait un espace de collecte, mais aussi d'échanges et de débats», explique à l'AFP cette anthropologue, également membre du Conseil scientifique chargé d'éclairer les pouvoirs publics.

Multidisciplinaire, «Covid Ad Memoriam» rassemble des «mondes qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble»: chercheurs en sciences fondamentales et sciences sociales (CNRS, Inserm...), mais aussi acteurs de la santé (comme le Samu), juristes, représentants des communautés religieuses, associations de victimes, personnalités du monde de la culture (cinéma, festivals...).

«Agent invisible»

«Nous ne voulions pas laisser le monopole aux seuls chercheurs, et permettre un accès plus large de la population. Car chacun a vécu cette période particulière de manière très différenciée, et chaque expérience subjective est intéressante», développe Laetitia Atlani.

Et «vivre une expérience sans la transmettre, c'est la trahir», commente-t-elle, citant le prix Nobel de la Paix Elie Wiesel.

Données de recherche, manuscrits, journaux intimes, photos, vidéos, histoire orale dans les entreprises, les hôpitaux... Tous ces témoignages ont vocation a être compilés, pour nourrir les travaux du consortium.

L'objet des recherches, c'est «cet agent invisible» auquel la société fait face, explique dans un communiqué l'institut, dont le président d'honneur est Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique.

Les précautions sanitaires drastiques, imposées au pic de l'épidémie, ont «bouleversé le rapport à la finitude et à la mort, y compris en perturbant la pratique des rituels permettant aux sociétés de surmonter les grands traumatismes».

Outre ce deuil bouleversé, l'isolement, la «dématérialisation des relations», la «perte des repères» avec les visages dissimulés derrière le masque, ont aussi affecté la population, et auront un impact psychologique certain.

Mais l'institut examine également les éventuelles «mutations positives» que la pandémie a pu accélérer (télétravail, télémédecine...).

En parallèle, il contribue à «l'invention collective de pratiques commémoratives» de l'événement.

«Covid-19 Ad Memoriam» devrait livrer son diagnostic dans quatre ans.

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