Lifestyle La firme canadienne Tilray, pionnière du cannabis thérapeutique, nous a ouvert les portes de son usine au Portugal

Relaxnews

20.12.2019 - 12:09

En avril dernier, l'entreprise canadienne Tilray a inauguré sa première usine européenne de production de cannabis thérapeutique, située au Portugal entre Porto et Lisbonne. Relaxnews a visité les lieux. 

Extraits du THC (tétrahydrocannabinol) et du CBD (cannabidiol), deux principes actifs de la marijuana, le cannabis thérapeutique est administré pour soulager les douleurs chroniques liées à certaines maladies (cancer, épilepsie, sclérose en plaques) lorsque les traitements classiques échouent. On peut le prendre sous forme de fleurs séchées ou d'extraits d'huile buvables.

C'est précisément ces deux formules qui sont fabriquées au sein de la première usine de production européenne de la société canadienne Tiulray, spécialiste du cannabis thérapeutique. Relaxnews a visité cette entreprise pas comme les autres située dans la tranquille ville de Cantanhede, à quelques centaines de kilomètres au sud de Porto. 

A peine passé les portes du grillage, de puissants effluves de cannabis s'échappent et parviennent jusqu'à nos narines, depuis le bus qui nous emmène à l'usine. Le site de Tilray Portugal compte 200 employés et s'étend sur 2,4 hectares, avec des zones de culture extérieures et intérieures. Inauguré en 2019, ce bâtiment abrite également un laboratoire de fabrication, une zone d'emballage, ainsi qu'un hangar pour stocker les produits en vrac prêts à l'envoi. 

Des règles d'hygiène très strictes, similaires à celles d'un bloc opératoireQuiconque souhaite entrer dans la partie de l'usine réservée à la culture des plantes devra se plier à des consignes de sécurité et d'hygiène très strictes : couvre-chaussures, blouse, masque et charlotte sont de rigueur. «On s'habille intégralement pour ne pas transmettre de germes aux plantes, qui sont très fragiles. Il faut éviter les risques de contamination d'une serre à l'autre, car cela pourrait compromettre l'ensemble de la production. On couvre les cheveux, la bouche avec un masque, les chaussures et on porte des gants. C'est un peu comme entrer dans le bloc opératoire d'un hôpital», résume Alfredo Wheel, agronome employé dans l'usine de Tilray depuis deux mois et demi.

Une fois revêtus de cet équipement, on peut pénétrer dans la serre. A travers une immense baie vitrée, on peut admirer des rangées de milliers de plantes d'un vert étincelant, amplifié par le reflet du soleil. Des horticultrices et horticulteurs patientent devant une porte automatique, attendant leur tour pour passer de l'autre côté de la vitre. Dans la serre, plusieurs variétés de plantes se côtoient à différentes étapes de maturation. Ici, l'odeur de cannabis- si prononcée aux abords de l'usine- se fait plus discrète. «Nous avons une capacité totale de 10.000 plantes, mais nous préférons privilégier la qualité à la quantité et cultiver environ 2.500 plantes à la fois», explique Cristina Almeida, pharmacienne et responsable qualité au sein de l'usine portugaise. 

De l'autre côté du couloir qui borde la serre, la zone de clonage. Des pièces en aveugle où l'on trouve quelques bureaux et ordinateurs, mais surtout des étagères métalliques sur lesquelles les plantes de cannabis sont disposées. «Nous prélevons des boutures sur la 'plante mère', que l'on va ensuite cloner. Ce procédé est essentiel car il permet de conserver la même génétique pour nos plantes qui sont toutes des femelles, les seules aptes à fournir du THC et du CBD», précise Cristina Almeida.   

Les dosages varient en fonction des législations des pays et les recommandations des médecins

Une fois le clonage effectué, les plantes partent dans la serre et sont soumises à un suivi régulier et précis : température, taux d'humidité, qualité de l'eau, contrôle phytosanitaire et mesures de la teneur en THC et en CBD.

«Nous vérifions les différentes variétés de plantes, on sait donc à l'avance quel taux de concentration en THC et CBD elles contiennent. Nous contrôlons ces concentrations tout au long de la culture en prélevant des échantillons de chaque plante que nous envoyons au laboratoire de contrôle situé dans l'usine, ce qui nous permet également d'obtenir les mesures phytosanitaires», détaille Cristina Almeida.

Le choix des plantes et de leur dosage en THC et CBD varie en fonction des législations des pays dans lesquels les produits Tilray sont importés, ainsi que des requêtes formulées par les médecins. «Sachant que chaque pays a une législation et des incidences de pathologies différentes, les demandes peuvent donc très variées», souligne Cristina Almeida.

Loué pour ses vertus anti-inflammatoires et relaxantes, le CBD est généralement prescrit pour des pathologies telles que l'épilepsie, la sclérose en plaques ou encore pour soulager les effets secondaires de la chimiothérapie. Le THC a quant à lui un effet psychoactif bien connu, mais également des propriétés antalgiques. 

Des traitements pour soulager les crises d'épilepsie et les douleurs chroniques 

Quand les plantes arrivent à maturation vient le temps de la récolte. «On coupe les tiges, et on enlève les fleurs qui seront ensuite séchées ou extraites en huiles. La feuille est très douce au toucher, avec très peu de rugosité. Il y a probablement une odeur, mais comme je ne suis pas là tout le temps, je ne la sens plus beaucoup !«, décrit l'agronome Alfredo Wheel. 

L'extraction des fleurs et l'emballage des produits se font dans une autre partie de l'usine que Relaxnews n'a pas pu visiter, l'entreprise ne souhaitant pas divulguer son secret de fabrication. 

Actuellement, Tilray exporte ses traitements à base de cannabis thérapeutique dans une poignée de pays de l'Union européenne autorisant la prescription du cannabis médical, dont l'Allemagne, la Croatie, Chypre, la République tchèque et le Royaume-Uni.

«Nous avons beaucoup de témoignages de patients sur les bénéfices du cannabis à visée thérapeutique et sur la manière dont cela a modifié leur quotidien, notamment chez des patients atteints d'épilepsie et de douleurs chroniques», assure le directeur de la filière Europe Sascha Mielcarek.

L'entreprise a récemment déposé une demande auprès des autorités de santé portugaises pour commercialiser ses produits dans le pays, qu'elle espère obtenir au cours du premier trimestre 2020. 

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