A l'échelle localeLa lutte contre le gaspillage alimentaire s’organise
AllTheContent
27.5.2020
Chaque année dans le monde, 1,3 milliard de tonnes de nourriture finissent à la poubelle. Enjeu écologique majeur actuel, la lutte contre le gaspillage alimentaire fait pourtant petit à petit son chemin dans les consciences, et ce tant au niveau global que local. Dans le Jura, plusieurs commerçants et associations luttent pour faire baisser ce chiffre autant que possible.
Les chiffres font froid dans le dos: pendant qu’un milliard de personnes sur Terre ne mangent pas tous les jours à leur faim, près de 300 kg de nourriture par habitant finissent à la poubelle chaque année en Suisse.
Selon la Fédération suisse des consommateurs, un tiers de ces déchets provient des particuliers et deux tiers sont issus de l’industrie, du commerce, de l’agriculture et des transports. Une situation coûteuse à la fois pour les ménages et pour la société, mais encore plus pour la planète. «À l’échelle mondiale, si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre et serait le 3 e plus gros pollueur.»
Oriah Kaspi est l’une des collaboratrices de l’antenne helvétique du mouvement Too good to go, une start-up actuellement en plein boom en Europe et qui lutte activement contre le gaspillage alimentaire en suivant une idée finalement assez simple qui consiste à «sauver des repas et de la nourriture» à l’aide d’une application téléchargeable sur n’importe quel téléphone intelligent.
«Le concept est facile d’accès et d’utilisation, note Oriah Kaspi. Les commerçants qui s’inscrivent sur notre plateforme nous communiquent s’ils ont des restes qu’ils peuvent distribuer sous la forme de «paniers surprise» à venir chercher directement dans leur enseigne en fin de journée. Ensuite, les utilisateurs réservent les paniers proposés et les obtiennent en échange d’un tiers du prix normal des denrées du panier.»
Jouer la complémentarité avec les banques alimentaires
Si l’application cartonne au niveau européen avec plus de 22 millions d’utilisateurs, ils et elles sont déjà 850 000 en Suisse à avoir utilisé les services de Too good to go. Dans le Jura aussi, la désormais plus si petite start-up fait son chemin. Aujourd’hui, un peu moins d’une dizaine de commerçants, principalement des boulangeries ou des shops de stations-service, participent à l’opération.
«Mais quinze minutes plus tard, elles deviennent quoi, ces denrées alimentaires?»
«Comme c’est le cas en Ajoie, une grande partie des commerçants qui utilisent notre application au niveau national viennent du domaine de la boulangerie. Et cela soulève l’un des vrais problèmes du gaspillage alimentaire actuel, à savoir la manière dont les gens consomment la nourriture aujourd’hui», souligne Oriah Kaspi avant de pousser la réflexion un cran plus loin: «Pour beaucoup de personnes, il est normal d’arriver à 18h15 dans une boulangerie et d’avoir encore le choix entre plusieurs sortes de pain et de pâtisseries. Mais quinze minutes plus tard, elles deviennent quoi, ces denrées alimentaires?»
Avec le système développé par la start-up, les produits frais invendus trouvent ainsi preneur de manière quasi systématique et à un prix défiant toute concurrence. «Le but n’est pas que le commerçant perde de l’argent sur ces denrées, mais pas qu’il en fasse un business non plus. Et cela permet également à des gens qui n’ont pas forcément de grands moyens financiers d’avoir accès à des denrées fraîches et de qualité.»
Une initiative qui cartonne donc, mais qui souhaite jouer la complémentarité avec les banques alimentaires traditionnelles et les associations qui bataillent déjà sur le front du gaspillage alimentaire au niveau local, comme Table couvre-toi, entre autres.
Des exemples positifs
Ceci dit, les boulangeries ne sont pas les seules concernées par le gaspillage alimentaire. Restaurants, grandes surfaces ou cantines scolaires et parascolaires sont également confrontées à la problématique. À la Municipalité de Porrentruy, l’idée d’intégrer le mouvement Too good to go a été envisagée il y a quelques mois du côté de la Maison de l’enfance. Mais après analyse de la situation, au vu notamment des «quantités anecdotiques de restes par rapport à la quantité totale de nourriture servie», dixit la Commune, une meilleure gestion des stocks a été privilégiée.
Autre exemple local positif: le Caram’bar. Ce petit bar familial était, jusqu’il y a peu, inscrit sur l’application Too good to go. Mais depuis plusieurs mois, plus aucun panier surprise n’est proposé. Problème? «Au contraire, souligne Oriah Kaspi avec un certain enthousiasme. Le Caram’bar est une vraie victoire pour nous. Lorsque nous avons contacté Megan, la gérante, nous avons discuté de moyens pour réduire le gaspillage, pour gérer de manière efficace les stocks et les denrées. Et de voir qu’au final on débouche sur une situation où la commerçante n’a plus rien à donner, c’est très positif. Cela montre que c’est possible.»
Certes, mais quand on sait qu’une partie des 2,8 millions de tonnes de nourriture jetées chaque année en Suisse le sont derrière les portes closes des ménages, cela laisse une certaine marge de manœuvre. «C’est pour cela que nous ne sommes pas qu’une application, mais un mouvement avec lequel nous agissons également au niveau politique et éducatif», souligne Oriah Kaspi.
Une lutte globale… et locale!
Cette lutte globale contre le gaspillage alimentaire, Too good to go n’est pas la seule à la livrer sous nos latitudes. La FRC, la Fédération romande des consommateurs, en a fait l’un de ses chevaux de bataille principaux. Au niveau cantonal, la Fondation O2 tente elle aussi, à travers les vecteurs qui sont les siens, de sensibiliser la population à ce problème. Et, comme le soulignent Stéphanie Mertenat et Florianne Chételat, de petits gestes simples permettent souvent de faire une grande différence.
Ainsi, en cuisine notamment, «certains produits peuvent être utilisés en intégralité, comme les carottes ou les brocoli, dont les épluchures pourront servir à faire un bouillon» ou, encore plus simple, le fait «d’anticiper ses prochains repas et de faire une liste de commissions permettra de faire ses courses en conséquence et de ne consommer que ce dont on a réellement besoin».
«Lorsque l’on jette une livre de pain, on jette également les cinq baignoires d’eau utilisées pour sa production.»
Et la Fondation O2 de mettre en avant l’un des principaux bénéfices d’une gestion rationnelle des besoins en nourriture de son ménage: les économies d’argent. Un argument particulièrement fort, également souligné par la FRC qui a calculé qu’en faisant attention à la manière dont il consomme - et en arrêtant de jeter de la nourriture, donc -, un ménage de quatre personnes peut potentiellement réaliser une économie de 2000 francs par année.
À cela s’ajoute une dimension écologique car, selon la FRC toujours, «lorsque l’on jette une livre de pain, on jette également les cinq baignoires d’eau utilisées pour sa production». De quoi faire réfléchir, non?
En Suisse, le recyclage représente un bénéfice environnemental équivalent au besoin d’énergie domestique de 790 000 personnes, soit la population de Zurich, Bâle, Berne et Lucerne.
Photo: AdobeStock
Le recyclage d’une tonne de verre permet de réduire la pollution équivalente à l’utilisation continue d’un ordinateur portable pendant 1,7 an.
Photo: AdobeStock
Le recyclage d’une tonne d’appareils électroniques et électroménagers (luminaires incl.) permet de réduire la pollution équivalente à un trajet en train de 247 500 km sur le réseau CFF, soit 48 fois l’ensemble du réseau ferroviaire suisse.
Photo: AdobeStock
Le recyclage d’une tonne de bouteilles en PET permet de réduire la consommation d’énergie équivalente à l’utilisation d’une ampoule basse consommation de 12 Watts pendant 52 ans.
Photo: AdobeStock
Le recyclage d’une tonne d’emballages en aluminium permet de réduire la pollution équivalente à un trajet en voiture de 30 500 km, soit 30 fois la distance Zurich-Barcelone.
Photo: AdobeStock
Le recyclage d’une tonne de textiles et de chaussures permet de réduire la pollution équivalente à un trajet en avion de 26 400 km, soit quatre fois la distance Zurich-New York.
Photo: AdobeStock
Le recyclage d’une tonne de fer blanc et de tôle en acier permet de réduire la pollution équivalente à 14 500 rouleaux de papiers toilette (label FSC).
Photo: AdobeStock
Le recyclage d’une tonne de piles et de batteries permet de réduire la pollution équivalente à 2 652 litres de fuel.
Au Mexique, un garage qui se transforme en restaurant de tacos
A Mexico, les amateurs de tacos se pressent à El Vilsito, une «taqueria» qui voisine avec un garage. Une paroi à peine sépare les mécaniciens et les cuisiniers.
03.07.2023
Gala du MET: Ceux qui nous ont éblouis sur le tapis rouge
Nous aimons particulièrement regarder le gala du MET, car il n'y a pas d'autre événement où l'on peut voir des tenues aussi extraordinaires. Le thème de cette année? L'âge d'or. Dans notre vidéo, les tenues les plus spectaculaires.
03.05.2022
Les myrtilles, c'est bon pour la tête!
Selon une étude scientifique, une poignée de myrtilles par jour pourrait aider à prévenir la démence.
30.05.2022
Au Mexique, un garage qui se transforme en restaurant de tacos
Gala du MET: Ceux qui nous ont éblouis sur le tapis rouge