SportLe syndrome de l'imposteur peut aussi toucher les coureurs
Relax
24.10.2023 - 16:36
(ETX Daily Up) – Le syndrome de l’imposteur n’est pas exclusif à la sphère professionnelle. Il peut aussi toucher le sport, et notamment les adeptes du jogging. Certains coureurs ont tendance à dénigrer en permanence leurs performances, se comparant à d’autres sportifs, souvent plus accomplis, et craignent d'être un jour démasqué. C’est que l’on appelle le «syndrome du coureur imposteur».
ETX Studio
24.10.2023, 16:36
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Le syndrome du «coureur imposteur» est un phénomène psychologique qui se manifeste par un doute constant sur ses compétences en matière de course et sa légitimité en tant que sportif. Même s’ils ont terminé avec succès de nombreuses courses auparavant, ces «coureurs imposteurs» remettent en question leurs capacités de participer à un événement sportif. Ils sous-estiment en permanence leurs performances. Ils pensent ne pas être assez rapides et endurants, s’interrogent sur leur mauvaise technique. Et même en cas de victoire, ils attribuent le mérite à la chance ou à des circonstances favorables, et non à leur travail ou à leurs compétences. Ces coureurs craignent d’être un jour démasqués, qu’un «vrai» coureur se rend compte de leur imposture.
Cette dévalorisation toucherait particulièrement les coureurs réguliers. Selon Chris Bennett, directeur principal de Nike Global Running, interrogé par Women’s Health, ce phénomène serait plus présent dans ce sport que dans d’autres. «On n’entend jamais quelqu’un qui joue au basket dire qu’il n’est pas un vrai joueur de basket».
Le piège de la comparaison
Le syndrome du «coureur imposteur» apparaitrait surtout lorsque l'on court avec d'autres personnes. Il est alors facile de comparer sa performance sportive à celles des autres, surtout s’ils sont plus rapides, plus endurants ou plus expérimentés. Christopher Mellott, un athlète et chroniqueur américain, rapporte dans Human Potential Running, un blog spécialisé dans la course, que malgré ses nombreuses médailles remportées, il ne sent pas comme un «ultra coureur». «Lorsque je lis les récits d'athlètes incroyables comme Kilian Jornet qui a atteint le sommet de l'Everest non pas une, mais deux fois sans oxygène ou Michael Wardian qui a couru le Leadville 100 et qui a enchaîné avec le marathon de Pikes Peak le lendemain, j'ai l'impression d'être un imposteur. J'ai l'impression qu'à tout moment quelqu'un va venir me voir et me dire ›tu as dit que tu étais un coureur, un ultra-coureur, mais tu ne l'es pas».
«Vous pouvez ressentir une pression supplémentaire lorsque vous voyez autour de vous des personnes qui font ce que vous pensez être une activité quotidienne plus rapidement ou ›mieux’ que vous», explique Lennie Waite, une ancienne athlète olympique, consultante en psychologie du sport. Et ce phénomène peut être renforcé par les réseaux sociaux. «Je me suis retrouvé à mesurer constamment mes progrès par rapport à des coureurs plus expérimentés ou à ceux qui présentaient leurs exploits sur les médias sociaux», confie Krystle Hodge, athlète et ambassadrice du comité du marathon de Houston, sur le site de Chevron Houston Marathon.
Chacun ses limites
Les personnes atteintes du syndrome du coureur imposteur manquent en réalité de confiance en eux et ont une faible estime d'eux. Ce qui peut affecter leur motivation et leur bien-être mental. Ces coureurs peuvent, par exemple, parvenir à des extrêmes en se fixant des buts irréalisables. Mais cette attitude peut les pousser à toujours chercher la perfection et/ou à avoir peur de l’échec.
Pour se débarrasser de ces sentiments, Chris Bennett conseille de pratiquer la «pleine conscience», qui consiste à mener une conversation active avec soi-même durant l'effort physique. Il s'agit de vérifier à mi-chemin si vous vous sentez bien hydraté, ou si vous n'avez aucune douleur. Célébrez chacune de vos victoires: une course de dix minutes sans vous arrêter constitue par exemple l'une d'entre elles. L'objectif? Reconnaître vos efforts.
Vous pouvez aussi décider de courir seul et d’être votre propre compagnon de course. Parlez-vous et encouragez-vous comme vous le feriez avec un ami. Et pour gérer les problèmes de doutes et d’estime de soi, n’hésitez pas à vous tourner vers une aide, comme un psychologue. «La course à pied reste un véritable défi pour tout le monde», rappelle Lennie Waite. «C'est juste que les plafonds et les seuils de chacun sont différents, et il peut être étrangement réconfortant de se le dire».