Sciences & Technique Les jeunes et les musées de sciences: une histoire d'amour compliquée

AFP

16.5.2019 - 09:20

Les jeunes générations peineraient à pousser la porte des musées scientifiques ? Loin d'un rejet, cela pourrait davantage s'expliquer par une récente multiplication de l'offre qui vient s'ajouter à des difficultés d'accès et d'éducation.

Alors que plusieurs musées scientifiques ouvriront leurs portes samedi soir pour la Nuit européenne des musées, «toutes les enquêtes montrent vraiment très clairement que les jeunes sont réceptifs, très intéressés par les sciences et les lieux de culture scientifiques et qu'il n'y a pas du tout dans ce domaine de rejet comme on le voit pour la danse ou l'art contemporain», explique à l'AFP Sylvia Girel du laboratoire méditerranéen de sociologie (LAMES).

Clémence Perronnet, docteure en sociologie à l'ENS de Lyon qui a enquêté sur la culture scientifique des jeunes dans les classes populaires, confirme: «De ce que j'ai vu, il n'y a pas du tout de méfiance ou de désamour des musées chez eux.»

Mais selon une étude du centre de recherche sur la consommation Credoc réalisée en 2012, la seule de grande ampleur, si 93% de la population «exprime un désir de développer ses connaissances dans au moins un domaine scientifique», 53% de nos concitoyens n’ont jamais visité un musée ou lieu de culture scientifique.

Aucune étude ne permet de détailler l'âge des visiteurs, ni de comparer la fréquentation muséale de la génération Z avec celle des X, au même âge. Mais les musées de sciences font de la conquête et la fidélisation des jeunes un objectif ultime.

Pour attirer cette génération, Bruno Maquart, président d'Universcience, a fait le choix de «lui parler de son monde».

La Cité des sciences a ainsi ouvert cet hiver un espace permanent dédié aux robots et un autre au jeu vidéo. Selon l'observatoire des publics, plus d'un tiers des visiteurs de la cité l'ont inscrit dans leur programme de visite. Des soirées nocturnes en musique sont également organisées.

- «Aller au musée, ça s'apprend» -

Autre argument utilisé par les institutions: adapter son discours, utiliser les codes de la communication d'aujourd'hui. «Nous multiplions les supports, varions les dispositifs pour donner à voir et à apprendre à tous les âges», explique Anne-Camille Bouillié, cheffe de projet de l'exposition «Océan» présentée actuellement à la Grande Galerie de l'Évolution à Paris.

«Plus qu'une désaffection ou un manque de présence» des jeunes, Sylvia Girel pointe «une démultiplication» des opportunités: Fête de la science, Nuit européenne des chercheurs, Petits Débrouillards ... «Depuis 3/4 ans, il y a énormément de choses proposées, beaucoup de dispersion».

Les structures muséales pourraient souffrir de cette nouvelle concurrence et avoir du mal à se situer dans ce panorama.

«Pour s'assurer que la jeunesse vienne dans les musées, c'est toujours la même chose, il faut que ces derniers soient accessibles physiquement et financièrement», relativise Clémence Perronnet. «Ce n'est instinctif pour personne, ça s'apprend.»

Si les enfants sont confrontés dès la maternelle aux différentes formes de création, du théâtre à l'art moderne en passant par la musique, ils doivent souvent attendre le collège pour rencontrer un chercheur ou un lieu de culture scientifique.

«Sensibiliser plus tôt permettrait d'établir un cadre, un socle pour construire sa culture scientifique», estime Sylvia Girel.

D'«Une soirée autour des insectes» au Musée des Confluences à Lyon, à «des trains à tous les étages» à la Cité des sciences à Paris, en passant par des visites gratuites de tous les Muséums ... Les établissements de sciences participent en masse, samedi, à la Nuit européenne des musées. De quoi tester leur capital attraction auprès des jeunes.

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