Un sujet à prendre au sérieux Les règles restent une source de souffrance en entreprise

Relax

22.11.2023 - 14:03

Si les règles ont longtemps été un tabou relevant de la sphère privée, les entreprises se saisissent de plus en plus de cet enjeu de santé publique par égard pour leurs employées. Mais elles peinent encore à prendre la mesure de leur côté incapacitant chez certaines femmes, comme le révèle un nouveau sondage britannique.

Seules 20% des salariées osent prévenir leur manager quand elles doivent s’absenter à cause de leurs symptômes menstruels.
Seules 20% des salariées osent prévenir leur manager quand elles doivent s’absenter à cause de leurs symptômes menstruels.
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La question est loin d’être anecdotique. L’écrasante majorité des professionnelles sondées pour les besoins de cette enquête* du Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD) déclarent ressentir des symptômes liés aux menstruations.

Les plus courants vont des crampes abdominales à l’irritabilité en passant par la fatigue et les baisses de moral. Toutefois, 15% des répondantes sont atteintes d’une affection gynécologique, telle que l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques ou le trouble dysphorique prémenstruel.

Ces pathologies liées aux règles affectent grandement leur capacité à travailler. Pour preuve, 82% des femmes qui en souffrent expliquent avoir vécu de mauvaises expériences au bureau pour cette raison.

Cependant, elles ne sont pas les seules à avoir des difficultés à mener à bien leurs missions professionnelles quand elles ont leurs règles. La majorité de toutes les répondantes (53%) ont dû s’absenter à cause de leurs troubles menstruels, et 4% sont contraintes de se mettre en arrêt de travail tous les mois.

Si ces chiffres montrent à quel point les femmes sont pénalisées par leurs règles dans leur vie professionnelle, l’étude du CIPD met en lumière le fait que les entreprises peinent à se saisir de ce sujet. Elles ne créent pas un terrain propice au dialogue, où les salariées se sentent suffisamment en confiance pour évoquer les difficultés liées aux menstruations. Pour preuve, seules 20% des répondantes osent prévenir leur manager quand elles doivent s’absenter pour cette raison. Elles expliquent qu’elles ont peur que leurs soucis de santé ne soient pas pris au sérieux par leur hiérarchie. Certaines craignent également que cela freine l’avancement de leur carrière.

Un sujet à prendre au sérieux

Pourtant, les sociétés ont tout intérêt à accompagner leurs employées pour qu’elles puissent travailler le mieux possible durant leurs menstruations. Mais peu le font dans les faits. Seules 12% des répondantes disent que leur employeur les aide à mieux vivre leurs règles au travail, que ce soit en mettant gratuitement à leur disposition des protections hygiéniques ou en leur proposant de prendre un congé menstruel.

Pour le CIPD, il est urgent que les managers et les responsables des ressources humaines soient sensibilisés aux difficultés que peuvent rencontrer les femmes durant leurs menstruations et qu’ils leur offrent le soutien nécessaire, sans empiéter, pour autant, sur leur vie intime. «[Cela] peut accroître la présence des employés, mais aussi légitimer l'absence lorsqu'elle est nécessaire. Elle peut améliorer les performances, l'engagement et la fidélisation des employés, ainsi que l'image de marque de l'employeur», explique l’organisation dans son rapport.

Car faire preuve d’empathie vis-à-vis des femmes pendant leurs règles est un puissant levier en faveur de leur rétention. Quelque 5% des salariées interrogées pensent à quitter leur emploi actuel, faute de soutien par rapport à leurs symptômes menstruels. Certaines ont d’ores et déjà sauté le pas (3%).

*Cette enquête a été menée en ligne auprès de 2060 femmes âgées de 18 à 60 ans. Les données ont été collectées entre les 2 et 10 août 2023.