Mode & Beauté Basique mode : les épaulettes

CoverMedia

27.12.2018 - 13:10

Source: Covermedia

L’épaulette féminine a une histoire. Celle de la place des femmes dans la société, et ce n’est pas un détail !

Qui aurait cru qu’un banal bout de chiffon destiné à assurer une carrure plus ou moins imposante avait à voir avec le statut des femmes dans la société ? Les épaulettes sont, depuis plus d’un siècle, un marqueur de la place des femmes. Entendons-nous : pas nécessairement de la place qu’elles veulent occuper ou occupent réellement, mais aussi de la place fantasmée que l’on leur octroie.

Ainsi, dans les années 1930, la tendance aux robes et vestes épaulées, annonçait tout à la fois le retour à une certaine rectitude morale après les « excès » des Années Folles et une avancée véritable des femmes dans la société. Avocates, médecins, journalistes, enseignantes, étudiantes, elles étaient plus nombreuses à sortir du rang. Dans certains pays d’Europe et des États américains, elles avaient même le droit de voter.

La période de la seconde guerre mondiale remet en cause ces avancées dans les pays sous domination nazie ou fasciste, mais les épaulettes sont encore là. Symbole d’une femme qui n’entend pas plier ?

Fort naturellement, les années 1950, celles du redressement, gardent les épaulettes dans les vestes, et même les robes, d’autant que la taille se marque et qu’esthétiquement, les deux options vont de pair.

La révolte des années soixante qui secoue l’Amérique, l’Europe et une partie de l’Asie jette aux orties les épaulettes (et pour certaines, le soutien-gorge). Les droits des femmes ont déjà pas mal progressé dans de nombreuses zones géographiques, mais le bastion des professions « importantes » reste à prendre.

Dès les années 1980, les épaulettes reviennent en force. Les femmes prennent de la carrure pour leur carrière. En même temps, des stylistes (Thierry Mugler) construisent des silhouettes de femmes tellement carrées qu’elles en viennent à incarner une femme vengeresse, dominatrice, qui n’est pas sans rappeler les fantasmes anxieux du début du XXe siècle. On se souviendra des robes et vestes très épaulées de la princesse Diana, pourtant incarnation suprême d’une femme sans pouvoir réel.

L’effet s’est ensuite atténué et, on doit le reconnaître, au grand soulagement de celles qui avaient connu ses silhouettes over épaulées. Les femmes, en Occident du moins, semblaient avoir acquis un statut et des droits qui ne nécessitaient plus d’en rajouter ! Plus besoin de rouler des épaules, donc… Mais c’était sans compter sur le réveil d’une grande partie des femmes, lasses et furieuses d’être maltraitées et agressées. Dans le sillage du mouvement #MeToo, les costumes épaulés reviennent. Des costumes masculins, oversize, pour exprimer l’idée qu’il faut encore lutter avec les hommes, sur leur propre terrain. Lady Gaga, bien connue pour ses fantaisies vestimentaires, apparaissant en costume d’homme hyper carré, designé par Marc Jacobs, l’a dit clairement : « Je veux reprendre le pouvoir ».

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