Polémique La mode se diversifie, mais pas trop

Le mot «diversité» est censé rimer avec «mode», si l’on en croit les déclarations des uns et des autres. Mais qu’en est-il vraiment?

Depuis quelques saisons, le métier de mannequin a changé, du moins sur le papier (et les déclarations tonitruantes des uns et des autres). Quelques affaires médiatisées largement ont mis au jour des problèmes récurrents de harcèlement, voire plus. Il fut donc décidé de créer une charte de la profession. Puis ce fut autour des mannequins grandes tailles de se rebeller et de réclamer plus de visibilité. La question de la fluidité des genres fut abordée, ou plutôt esquissée. Quant à la présence de mannequins noires ou métisses, posée il y a plus de trente ans, elle ressurgit dans ce sillage pour montrer que les avancées ont été peu nombreuses.

Accusation de «black face»

Certaines marques prennent des résolutions éclatantes, à l’instar de Gucci qui met en place un « programme » pour inclure la diversité dans ses défilés. Les mauvaises langues diront que ce n’est qu’une réponse à une situation de crise, la marque ayant été confrontée à une accusation de «black face».

Beautés atypiquesCes mannequins ont fait de leur particularité physique un atout

Les défilés sont un bon moyen de prendre le pouls de cette « diversité » devenue tendance. Le site de mode américain The Fashion Spot publie même un rapport saisonnier sur le sujet.

Les défilés des Fashions Weeks qui viennent de se dérouler ont mis en avant davantage de mannequins « non-blancs », notamment à New York où presque la moitié était d’origines diverses, avec aussi une plus grande diversité du côté de l’âge.

Côté âge, donc, on a vu quelques tops des années 1980 défiler glorieusement, et aussi bien Marc Jacobs, Michael Kors, Versace, Etro, Balenciaga, Tommy x Zendaya (avec Grace Jones en final !), Simone Rocha et, bien sûr Vivienne Westwood, la reine de la diversité tous azimuts, ont fait appel à des personnes de plus de cinquante ans.

Grandes tailles et transgenres

En revanche, les mannequins transgenres et grandes tailles ont été un peu moins présents. La notion de transgenre séduit-elle moins? Le site fait état d'une chute de près de 50% des modèles qui ont défilé, sauf chez Gypsy Sport. Et la plupart des présentations l’ont été avec deux seuls mannequins !

Du côté des grandes tailles, Christian Siriano a présenté le plus de modèles. Mais l’on note qu’à Milan, aucun mannequin plus-size n’a défilé (c’est aussi à Milan qu’il y a eu le seul défilé de toutes les Fashion Weeks de la saison sans mannequin non blanc).

ModeCes mannequins transgenres se sont imposés comme stars des podiums

On remarquera aussi que la majorité, si ce n’est la totalité, des mannequins plus-size sont des femmes. L’homme grande taille n’existerait donc que dans la rue ? Ou peut-être est-ce parce qu’aucun mannequin homme ne s’est emparé du sujet pour protester ?

Car, il faut le dire haut et fort, si l’industrie de la mode bouge vers plus de diversité, quelle qu’elle soit, c’est sous les efforts d’une mobilisation, et pas d’elle-même. Si l’on peut trouver que certaines accusations sont plus ou moins de bonne foi, il faut reconnaître qu’elles peuvent avoir pour mérite de faire bouger les lignes. Mais il ne faut pas laisser retomber la pression. Le monde de la mode est bien ancré dans le monde réel, en fait.

Ces mannequins ont fait de leur particularité physique un atout

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Ces mannequins ont fait de leur particularité physique un atout

Nastya Zhidkova est atteinte d'albinisme.

Photo: Instagram @nastyazhidkova

Winnie Harlow, de son vrai nom Chantelle Brown-Young, nouvelle égérie de la marque de prêt-à-porter «Desigual».

Photo: Instagram  @winnieharlow

Maeva Giani Marshall a elle aussi une peau atypique.

Photo: Instagram @maevamarshall

Nikia Phoenix a de nombreuses taches de rousseur naturelles très prononcées.

Photo: Instagram @nikiaphoenix

Diandra est une Afro-Américaine qui a beaucoup souffert de son albinisme.

Photo: Instagram @diandraforrest

Ce mannequin assume pleinement son strabisme et est devenu une it-girl.

Photo: Instagram @moffygathornehardy

Sophia Hadjipanteli en a eu marre des injonctions d'épilation et a créé le mouvement du mono-sourcil.

Photo: Instagram @sophiahadjipanteli

Jillian Mercado, atteinte de dystrophie musculaire, est l’un des rares mannequins en fauteuil roulant.

Photo: Instagram @jillianmercado

Aimee Mullins, amputée des deux jambes, est une athlète paralympique devenue mannequin, et désormais actrice.

Photo: Instagram @aimeemullins

Viktoria Modesta, amputée de la jambe gauche, vient d’être choisie comme vedette du très glamour Crazy Horse.

Photo: Instagram @viktoriamodesta