Mode & Beauté PFW : Rick Owens et la fin d’un monde

Perdus dans des pantalons XXL, des t-shirts savamment découpés, des mini blousons, des bermudas salopettes en jean effilochés, les mannequins de Rick Owens errent. Post ou pré apocalypse ?

Rick Owens a été qualifié de « rebelle, mutant, hybride » et il est vrai qu’aucun de ses défilés ne passe inaperçu. Celui-ci est sans aucun doute issu d’un esprit mutant.

On ne sait guère si les tenues que portent les mannequins annoncent l’apocalypse ou si elles en témoignent, mais il règne sur la collection un esprit hors du temps où sont conviés des costumes façon Star Wars et d’étranges structures qui portent les vêtements loin du corps.

Pantalons XXL mal boutonnés de haut en bas, t-shirts savamment découpés, des mini blousons, des bermudas salopettes en jean effilochés, manteaux oversize, couvre-tête et visage d’où pendent d’interminables lanières de tissu, chemises cage… l’anti-vêtement s’impose comme une prise de position.

Le noir, brillant ou d’un mat suspect, et le blanc qui scandent le défilé doivent-ils être pris comme une métaphore du monde ? Plutôt deux facettes d’une même pièce.

Peut-on parler de futurisme ? Le défilé donne surtout l’impression que les choses sont déjà en cours. La mode n’est que le reflet d’un monde en lambeaux, comme les jeans des mannequins qui défilent. Leurs peaux sont souvent à nu, frêle et blafarde, leurs cheveux comme soufflés et collés par une explosion ou l’effondrement d’un bâtiment.

Ce défilé est comme un chant du cygne.

Triste et clairvoyant constat, il ne pousse qu’à une chose : partir en courant s’enfermer dans un abri, avec des livres… et sans plus se soucier de la mode.

Mais ce serait oublier que la mode se nourrit de tout et surtout de ses contradictions. Rick Owens sera là pour le prochain défilé.