Mode & Beauté Polémique : le turban Gucci

Gucci est une nouvelle fois dans la tourmente avec un turban sikh. Tempête dans un verre d’eau, signe d’une maladresse répétée de la marque ou campagne publicitaire bien orchestrée : on s’y perd !

Choquer est-il la raison d’être de la mode ? Dans un sens, oui. Les stylistes sont censés sentir, voire pressentir, les aspirations encore cachées à elle-même de la société. Et cela met parfois la mode en porte à faux. Les débats sur le pantalon pour les femmes, le jean, la minijupe, en sont des témoins pas si anciens. Mais choquer, créer le scandale, est devenu aussi le moyen d’avoir, à peu de frais, une campagne publicitaire. Quitte à malmener son image sur la durée.

S’agit-il de cela avec le turban sikh « créé » par Gucci ? D’un élégant bleu pervenche, ce turban plissé se porte sur la tête comme un chapeau. Il est destiné aux femmes. La marque l’a présenté à la vente sur le site Nordstrom sous le nom de « turban indien » et le vend 800 euros. Mais cela a fortement déplu aux représentants de la communauté Sikh.

Et c’est sur cette question du prix que s’est focalisé un think tank défendant les droits de la communauté religieuse née au Pendjab indien. Lors du défilé en février 2019 de Gucci à Milan, l’association et des Sikhs s’étaient déjà élevés contre la commercialisation de ce qui est pour eux un symbole religieux. D’autres Sikhs se sont plaints que le turban était vendu tout fait alors que celui que portent les hommes de la communauté sont réalisés pli à pli par celui qui le porte.

Certaines personnes voient là une intransigeance religieuse. On citera Madonna et ses croix, ses postures jugées malvenues par l’Église catholique. Mais Madonna savait ce qu’elle faisait, sans s’en cacher. Dans le cas de Gucci, on peut rester perplexe. Sur l’intention de la marque, d’abord. A-t-elle pris la mesure de ce qu’elle évoquait ? Maîtrise-t-elle mal les symboles qui sortent de son cadre culturel ? Ce n’est pas impossible si on se souvient de la récente accusation de black face. Ou juge-t-elle qu’il faut faire parler à tout prix ?

Du côté de la communauté qui a réagi, est-ce vraiment utile de se focaliser sur une pièce hors de prix, que peu de personnes porteront et qui ne veut pas porter atteinte aux croyances des Sikhs ? La réaction a été modérée, certes, mais a entraîné l’arrêt de la vente sur le site Nordstrom et Gucci est prié de suivre la même voie.

Pour se consoler de ces débats stériles, on se dira que personne n’a encore fait remarquer que ce turban est un attribut religieux masculin.

CoverMedia