Précarité Près de 8% de pauvres en Suisse

ATS

28.1.2020 - 10:36

La pauvreté ne faiblit pas en Suisse, selon une nouvelle statistique publiée mardi (photo symbolique).
La pauvreté ne faiblit pas en Suisse, selon une nouvelle statistique publiée mardi (photo symbolique).
Source: KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI

La précarité ne diminue pas en Suisse, malgré un niveau de vie parmi les plus élevés d'Europe. En 2018, 660'000 personnes étaient en situation de pauvreté, soit un taux de 7,9% de la population.

Les familles monoparentales sont les plus touchées avec un taux de près de 20%. Les étrangers originaires d'Europe de l'Est ou d'un pays non européen (17,5%), les personnes sans activité professionnelle (14,4%) et les personnes sans formation postobligatoire (12,1%) sont aussi les plus exposées, révèle une enquête publiée mardi par l'Office fédéral de la statistique (OFS).

En 2018, le taux de pauvreté était de 3,7% dans la population active occupée, soit environ 133'000 personnes ayant un salaire ne suffisant pas à assurer leur existence. Ces chiffres sont stables par rapport à 2017. Mais ils avaient atteint cette année-là un niveau particulièrement élevé.

Conditions difficiles

Une personne sur huit (12%) déclare avoir de la peine à joindre les deux bouts. Près de 6% de la population était en situation de privation matérielle et, faute de moyens financiers suffisants, confrontée à des conditions de vie particulièrement difficiles.

Ce pourcentage reste toutefois l'un des plus bas d'Europe, note l'OFS. La moyenne dans l'Union européenne se situe à 13,2%.

Les personnes ne disposant pas de ressources matérielles sont beaucoup plus souvent que les autres insatisfaites de leur vie actuelle (27,3% contre 2,5%). Elles participent plus de deux fois moins à des activités associatives, ce qui peut les isoler, constate l'OFS.

Les inégalités de revenu étaient en Suisse au-dessous de la moyenne européenne en 2018 (5,2). Les revenus disponibles étaient 4,5 fois plus élevés dans le 20% de la population aux revenus les plus élevés que dans le 20% de la population aux revenus les plus bas. Ce chiffre est un indicateur de l'inégalité. Plus il est élevé, plus la distribution des revenus est inégalitaire. En 2018, il variait en Europe entre 3,0 (Slovaquie) et 8,6 (Serbie).

Niveau de vie élevé

Malgré le nombre de personnes en situation de précarité et la cherté, le niveau de vie en Suisse reste parmi les plus élevés d'Europe, indique l'OFS. Il y est 2,9 fois plus élevé qu'en Grèce, 1,6 fois plus élevé qu'en Italie, 1,3 fois plus élevé qu'en France et 1,2 fois plus élevé qu'en Allemagne et en Autriche.

Pour faire des comparaisons entre la Suisse et les autres pays, on considère le taux de risque de pauvreté. En 2018, celui-ci était de 14,6% en Suisse, inférieur à la moyenne de l'Union européenne (17,1%). Dans les pays voisins, les taux étaient de 13,4% en France, 14,3% en Autriche, 16,0% en Allemagne et 20,3% en Italie.

Le seuil de risque de pauvreté dépend du niveau de vie de chaque pays. En Suisse, il était d'environ 2500 francs par mois pour une personne seule en 2018. Après correction du pouvoir d'achat, il y était environ 15% (Autriche) à 60% (Italie) plus élevé que dans les pays voisins.

«Pauvreté structurelle»

L'évolution de ces dernières années montre que la pauvreté ne disparaît pas simplement malgré la bonne situation économique, a réagi Caritas dans un communiqué. Sur les 660'000 personnes en situation de pauvreté, 144'000 sont des enfants, précise l'organisation.

«Nous avons un véritable problème de pauvreté structurelle». Caritas demande à la Confédération, aux cantons et aux communes de mettre enfin en place une lutte contre la pauvreté, cohérente et efficace.

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