Sujet tabouQu'ils l’avouent ou non, les parents ont un enfant préféré
ETXStudio
22.1.2025 - 10:11
De nombreux parents n'osent pas admettre qu'ils ont un chouchou parmi leurs enfants, tant ce sujet reste tabou. Et pourtant, le favoritisme familial est bien plus courant qu'on ne l'imagine. Une étude nord-américaine, publiée dans la revue «Psychological Bulletin», révèle même que les benjamins jouissent souvent d'une attention privilégiée par rapport à leurs aînés.
Les enfants responsables et conciliants sont souvent mieux perçus par leurs parents.
IMAGO/Shotshop
ETXStudio
22.01.2025, 10:11
22.01.2025, 10:33
Relax
Pour réaliser cette étude, Alexander Jensen de l'université Brigham Young aux États-Unis et McKell Jorgensen-Wells de l'université Western au Canada ont analysé des données provenant d'un grand nombre de sources, dont 30 articles publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture. Elles portaient sur 19'469 participants originaires des États-Unis, d'Europe de l'Ouest et du Canada. Ces travaux offrent une vue d’ensemble sur la manière dont les préférences parentales se manifestent et influencent la vie des enfants.
D’une manière générale, les aînés jouissent d’une plus grande autonomie que leurs cadets, les parents devenant moins contrôlants avec le temps. Cependant, les enfants plus jeunes semblent souvent recevoir un traitement plus favorable. L’étude met également en lumière un léger penchant parental pour les filles, bien que cette préférence reste rarement perçue par les enfants eux-mêmes.
La personnalité joue également un rôle clé dans ces préférences. Les enfants responsables et conciliants sont souvent mieux perçus par leurs parents, peu importe leur rang de naissance ou leur sexe. «La plupart des parents se lient probablement plus facilement avec l’un enfant qu’avec un autre, que ce soit en raison de sa personnalité, de son rang de naissance, de son sexe ou d'autres facteurs tels que des intérêts communs», affirme Alexander Jensen dans un communiqué.
Des préférences qui laissent des traces durables
Ce phénomène s’inscrit dans une logique compréhensible: nous avons tendance à nous identifier davantage à ceux qui nous ressemblent, que ce soit physiquement ou moralement. La littérature scientifique parle de «homogamie» ou de «homophilie», des termes qui décrivent cette inclination naturelle à rechercher la similarité. Si ce concept a été largement exploré dans les relations amoureuses, il reste encore peu étudié dans le cadre familial.
Dans une société qui valorise l’égalité, de nombreux parents estiment qu’ils doivent entretenir des relations identiques avec chacun de leurs enfants. Pourtant, cette approche n’est pas toujours la plus adaptée. «Parfois, les parents sont tellement soucieux de traiter leurs enfants de la même manière qu'ils peuvent négliger leurs besoins individuels. Nous ne suggérons pas aux parents de se sentir coupables; au contraire, ils peuvent considérer cette étude comme un encouragement à chercher des domaines où ils peuvent s'améliorer, sans tomber dans les extrêmes», souligne Alexander Jensen.
Cette étude invite les parents à s’interroger sur leurs préférences en ce qui concerne leurs enfants. Car ces différences de traitement laissent des traces durables. Être le chouchou, c'est à la fois un privilège et un fardeau. Cette valorisation qui se fait au détriment des autres enfants entraîne une culpabilité chez l’enfant favorisé. Il doit alors composer avec des attentes parentales élevées, suivre un chemin prédéfini, et vivre dans la peur constante de décevoir, voire de perdre ce statut privilégié au profit de ses frères et sœurs.
Mais les conséquences du favoritisme parental ne s’arrêtent pas aux simples rivalités fraternelles. Selon Alexander Jensen, les enfants qui se sentent délaissés risquent davantage de souffrir de problèmes de santé mentale ou d’adopter des comportements perturbateurs à la maison ou à l’école. Il est donc essentiel de favoriser un environnement où chaque enfant se sent valorisé, écouté et libre d'exprimer ses émotions. Faire la lumière sur ce sujet n’ébranlera pas les familles: cela les rendra, au contraire, plus fortes et unies.