Managers toxiquesQuand les problèmes d’estime des patrons déteignent sur les salariés
Relax
20.3.2023 - 11:38
(ETX Daily Up) – Sociologues et universitaires s’intéressent de plus en plus aux managers «toxiques». Les salariés qui côtoient de tels dirigeants doivent apprendre à comment se comporter avec ces personnalités destructrices, au risque d’être écrasés par la pression et d’en souffrir professionnellement.
ETX Studio
20.03.2023, 11:38
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Simon L. Dolan s’est appuyé sur plusieurs décennies de recherches sur le management «toxique» pour dresser un tableau clinique de ces leaders dans son dernier livre, «De-Stress at Work: Understanding and Combating Chronic Stress» (Routledge, 2023, non traduit). Il y explique que les patrons destructeurs sont susceptibles d’exhiber certains traits de personnalité. Parmi eux figurent le fait de jalouser leurs collaborateurs, de craindre la présence «d’ennemis» sur leur lieu de travail, de s’attribuer le mérite d’autrui ou encore de se comparer constamment aux autres. «Que ce soit consciemment ou non, un leader toxique est quelqu'un qui abuse de son autorité et trahit la confiance [de ses subordonnés] pour satisfaire son propre ego», explique le professeur Dolan dans un communiqué.
Ce comportement hostile trouve souvent son origine dans les attentes disproportionnées que l’on projette sur les supérieurs hiérarchiques, surtout depuis la crise du Covid. Les managers ont dû faire preuve d'inventivité pour affronter les aléas techniques du télétravail tout en veillant au bien-être de leurs équipes. Le retour au bureau a également pesé sur leur moral, notamment lorsqu’il faut convaincre les salariés de revenir sur leur lieu de travail. Résultat, les cadres sont exposés à des situations de détresse psychologique. «Ils sont tenus de cacher leurs sentiments même lorsqu'ils sont soumis à une pression énorme. Prétendre être un surhomme cause beaucoup de dommages à l'esprit et au corps– la clé est d'être réaliste quant à ses forces et ses faiblesses», souligne le professeur Dolan.
Excès de colère et abus de pouvoir
Des managers peuvent ainsi être tentés de se surinvestir dans leur travail pour répondre aux enjeux de la croissance de l'entreprise. Leurs collaborateurs doivent se plier à leurs ordres et obtempérer, sous peine qu’ils leur donnent du fil à retordre. Pour le professeur Dolan, cette attitude cache, en réalité, un cruel manque de confiance en soi. «De nombreux facteurs contribuent à une personnalité toxique, notamment un besoin compulsif d'afficher sa valeur aux yeux des autres, mais surtout un manque d'estime de soi profondément ancré. C'est généralement l'aboutissement d'un manque de développement éthique et émotionnel tout au long de la vie», déclare-t-il.
Si les préconisations pour être un «bon» manager sont connues depuis longtemps, les recherches académiques s’orientent désormais vers les conséquences du management destructeur sur le bien-être des salariés. Une étude, publiée en août 2022 dans la revue Frontiers in Psychology, a révélé que les comportements hostiles de certains chefs «toxiques» pousseraient les employés à adopter un comportement similaire, qu’il s’agisse d’accès de colère, d’abus de pouvoir ou de mauvais traitement infligés à leurs pairs. Cela pourrait entraîner, à long terme, un sentiment d’insécurité au travail.
Ainsi, Simon L. Dolan détaille plusieurs stratégies à adopter pour se prémunir du management toxique dans «De-Stress at Work», tant au niveau des salariés que de l’entreprise dans son ensemble. «Le leadership peut faire ou défaire une organisation», affirme-t-il dans un communiqué, «les bons leaders motivent leurs équipes à être créatives et productives. Mais à l'inverse, un mauvais dirigeant peut démotiver les employés et les démoraliser, ce qui peut avoir un effet dévastateur sur eux».