Un congé menstruel ? Règles douloureuses au travail: un tabou qui pousse certaines femmes à mentir

Relax

22.5.2023 - 20:55

Sujet à débat en France, l'intégration du congé menstruel dans le code du travail pourrait permettre aux femmes de s'absenter en cas de règles douloureuses sans perte de salaire. Sans un tel dispositif, les nombreux tabous qui entourent la santé menstruelle au travail contraignent les femmes à inventer de nombreuses excuses pour préserver leur santé physique et mentale, comme le révèle une étude menée au Royaume-Uni.

Une femme sur quatre affirme justifier son absence au travail à cause de douleurs menstruelles via des excuses qui n'ont rien à voir avec le problème originel, révélant les tabous qui entourent la problématique des règles au travail.
Une femme sur quatre affirme justifier son absence au travail à cause de douleurs menstruelles via des excuses qui n'ont rien à voir avec le problème originel, révélant les tabous qui entourent la problématique des règles au travail.
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22.5.2023 - 20:55

L'Espagne a fait office de pionnier en Europe en adoptant, en février dernier, une loi visant à instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Une mesure inédite sur le Vieux Continent qui vise à briser certains tabous, et pousse d'autres pays, dont la France, à entamer une réflexion autour de la santé menstruelle au travail.

A l'approche de la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle, la marque suédoise Intimina présente les résultats d'un sondage* mené au Royaume-Uni, qui témoigne des nombreux clichés qui entourent les règles douloureuses, ainsi que de la peur des femmes d'être stigmatisées dans le cadre de leur emploi.

Faire voler les tabous en éclats

Menée par Censuswide auprès de plus de 1.000 femmes britanniques, l'étude nous apprend dans un premier temps que près des deux tiers des répondantes (63%) se disent en faveur d'un congé menstruel rémunéré au Royaume-Uni, et près de la moitié d'entre elles (49%) confient même avoir déjà éprouvé le besoin de recourir à un tel dispositif. Reste à savoir si, en l'absence d'une loi accordant ce congé, les employeurs sont réellement prêts à faire des efforts en faveur des femmes souffrant de règles douloureuses. Et la réponse risque de faire grincer des dents, puisque seulement une sondée sur dix affirme que son employeur serait prêt à offrir quelques jours de congés en cas de «symptômes graves» pendant cette période du mois.

Espagne : seul pays du monde occidental à avoir mis en place une politique

«Aucune femme ne devrait être stigmatisée ou exclue parce qu'elle a ses règles. Celles qui souffrent de douleurs menstruelles devraient bénéficier de congés payés, comme pour n'importe quel autre problème de santé.

Comme énormément de femmes souffrent de symptômes extrêmement graves pendant leurs règles, il est incroyable de voir que l'Espagne est le seul pays du monde occidental à avoir mis en place cette politique», explique Thorsten Kiefer de Wash United, organisation avec laquelle s'est associée la marque Intimina à l'occasion de cette Journée mondiale pour encourager la mise en place du congé menstruel.

Autre constat et non des moindres, près d'une femme sur deux (49%) fait part d'un «manque de compassion» de la part dudit supérieur lorsque le sujet des douleurs menstruelles a été mis sur la table dans le cadre du travail. Un constat qui n'est pas sans conséquences sur la santé mentale des principales intéressées, à tel point qu'une répondante sur quatre affirme avoir déjà ressenti le besoin de justifier ce type d'absence avec des excuses de toutes sortes, et parfois même parmi les plus insolites.

«J'ai attrapé un virus mystérieux» et «j'ai une intoxication alimentaire parce que j'ai mangé des crevettes avariées» comptent parmi les prétextes les plus prisés pour justifier une absence liée à des règles douloureuses, avec 28% et 20% des suffrages respectivement.

Un impact sur la santé mentale

Cela ne concerne bien évidemment que les femmes qui s'absentent en raison de douleurs menstruelles, la plupart continuant de travailler malgré leurs symptômes. Le sondage montre d'ailleurs que pour 20% des femmes britanniques cela a une influence néfaste sur leur bien-être et leur santé mentale. «Les règles nous affectent toutes de manière différente.

Chez certaines femmes, elles peuvent s'accompagner de graves symptômes physiques et psychiques. Le fait de ne pas avoir droit à un congé lorsqu'on souffre de douleurs menstruelles ou de devoir mentir à son employeur peut être source de stress et d'anxiété, ce qui peut entraîner d'autres problèmes de santé», explique le Dr Susanna Unsworth, gynécologue et experte médicale pour Intimina.

A l'occasion de la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle, la marque suédoise de soins féminins lance la campagne «Useless Spanish Lessons» en langue espagnole, qui prend la forme d'une parodie de tutoriel en ligne.

L'idée?

Lister l'ensemble des excuses ou prétextes auxquels les femmes n'ont plus besoin de recourir en Espagne lorsqu'elles souffrent de douleurs menstruelles. Une façon également de souligner cette première avancée en Europe. Notons que dans le reste du monde, le Japon, la Zambie, Taïwan, la Corée du Sud, ou encore l'Indonésie ont également mis en place un congé menstruel, dans des conditions très diverses, bien que celui-ci ne soit pas toujours payé.

*Ce sondage a été réalisé par Censuswide en mars 2023 auprès de 1.017 femmes au Royaume-Uni.

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