InterviewSophie Davant: «On doit rester acteur de son vieillissement»
Relax
20.10.2023 - 16:16
Ne pas subir le poids de l'âge, mais se donner les moyens de rester en forme, pour s'accepter et savourer chaque instant de la vie. C'est la recette du bonheur, ou tout du moins du bonheur de vieillir, selon Sophie Davant, qui vient de publier un guide sans tabou aux Editions Solar, «Quel bonheur de vieillir». L'animatrice y livre sa propre expérience, enrichie de conseils d'experts, pour favoriser l'acceptation de soi et permettre au plus grand nombre de se libérer des carcans liés à l'âge. Interview.
20.10.2023, 16:16
Relax
Qu'est-ce qui a motivé l'écriture de ce livre?
L'idée de départ était d'aller plus loin dans les thématiques que j'aborde dans mon magazine féminin «S». Mais il y a aussi un aspect plus personnel puisque j'ai moi-même franchi le cap de la soixantaine et son lot de questionnements sur les années qui passent et les années à venir. Comme à chaque fois que j'écris un livre, je pars de ma propre expérience, ainsi que de mes questionnements et de mes réflexions, et j'approfondis chacun des sujets avec la collaboration d'experts.
Justement, vous avez vous-même fêté vos 60 ans cette année. Avez-vous vraiment passé ce cap à 100% de manière positive?
Oui, tout à fait. Je ne me sens pas plus différente à 60 ans qu'à 59 ans ou quand j'ai passé le cap de la cinquantaine. Je suis en forme physiquement, je suis active professionnellement, et je suis également bien dans ma vie personnelle, donc tous les éléments sont réunis pour que cela se passe au mieux. Je trouve qu'à ce stade de la vie, on se connait mieux, on est plus en phase avec soi-même, ne serait-ce parce que certaines décisions importantes ont déjà été prises par le passé. C'est un élément important pour aborder l'avenir, car on laisse tous les soucis d'image, l'être et le paraître, pour ce que l'on a au fond de soi. Il faut aborder l'avenir en ayant conscience qu'il faut se faire plaisir, se maintenir en forme, rester curieux, faire travailler son esprit, ne pas se sentir inutile, et ne pas s'isoler. Il est important de trouver des activités qui permettent à la fois de se sentir utile et en lien avec les autres. Je pense que c'est ce qui permet de vivre bien cette prise d'âge.
Est-il plus difficile d'accepter son âge quand on est exposé comme vous l'êtes?
C'est difficile parce qu'on a une obligation de se présenter le mieux possible aux téléspectateurs, mais ça oblige aussi à rester en forme… C'est une sorte de politesse. Il y a donc aussi quelque chose de très positif, le fait de ne jamais se laisser aller, de vouloir faire du sport, de faire attention à sa forme. C'est une sorte d'obligation qui, à titre personnel, me convient parfaitement au quotidien.
A une époque où le recours au botox explose, où des start-up dépensent des milliards pour accéder à la jeunesse éternelle, comment parvenir à se libérer des carcans liés à l'âge?
A mon sens, la jeunesse éternelle est avant tout dans la tête et dans le mode de vie, plus que sur un visage éternellement jeune. Je pense qu'il n'y a pas d'intérêt à vouloir gommer toutes les traces du temps. Au contraire, il faut être dans l'acceptation et assumer son âge. Cela ne signifie pas pour autant qu'il faille se laisser aller ou renoncer totalement à certaines techniques pour avoir une jolie peau, ou gommer des traces de fatigue, par exemple. Pourquoi pas, après tout? A ce moment-là, les outils de la médecine ou de la chirurgie esthétique me semblent intéressants. Il ne faut pas en revanche que ça se transforme en un cercle vicieux, ou en une volonté de vouloir effacer à tout prix ces signes de l'âge. Cela ne peut pas résoudre des problèmes plus profonds, chose que pensent à tort certaines personnes.
Toute forme d'acceptation, qu'elle soit liée à l'âge, à la morphologie, ou autre, passe par la visibilité de rôles modèles. Les quinqua et plus sont-elles suffisamment présentes dans les médias?
Les choses sont en train d'évoluer de manière positive. J'espère justement que des livres comme «Quel bonheur de vieillir!» peuvent un peu faire bouger les mentalités. Je suis toutefois très surprise que, dans la mesure des audiences, on en soit encore à la ménagère de moins de 50 ans, surtout que la longévité augmente et que ce sont peut-être les seniors qui ont le plus de temps pour leurs loisirs et le plus de ressources. Je pense que les seniors vont devenir une cible importante pour la société de consommation. Je trouve par ailleurs qu'aujourd'hui, à 60 ans, on a gagné 20 ans par rapport à nos mères ou nos grands-mères, aussi bien physiquement que dans nos activités. Il y a aussi moins de fatalisme. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai écrit ce livre: on doit rester acteur de son vieillissement. On ne doit pas se laisser dicter le fait de se sentir inutile et isolé, au contraire, on doit prendre les décisions de manière à ne pas avoir ce ressenti.
Vous dîtes dans l'ouvrage: «Passé la cinquantaine, on n’est pas périmé(e)s». C'est une phrase que l'on entend souvent, notamment chez les femmes, qui se sentent exclues du marché de l'emploi, des médias, et plus largement de la société. N’est-ce pas finalement à cette dernière d’évoluer pour permettre aux quinqua et plus de réellement s’accepter?
Oui, c'est sûr, mais je pense que la société évolue tout de même. Les seniors sont de plus en plus visibles dans les publicités, tout comme les femmes qui assument leurs cheveux blancs, par exemple. C'est une réalité. Je crois beaucoup à l'expérience et à la transmission, donc il faut absolument trouver le moyen d'utiliser les capacités des seniors.
Votre ouvrage déborde de conseils pour bien ou mieux vieillir. En quoi le mode de vie est-il primordial pour ne pas ressentir le poids de l'âge?
Il ne faut justement pas subir. Ce n'est pas parce qu'on a 60 ans ou 70 ans qu'on doit se dire qu'il est trop tard pour se mettre au sport, par exemple. Il y a plein de moyens de pratiquer une activité physique, ne serait-ce qu'à travers un animal de compagnie que l'on doit sortir régulièrement. Mais il y a aussi la marche, la nage, et d'autres moyens de bouger sans que cela ne soit violent pour le corps. En ce qui concerne l'alimentation, il est assez facile de veiller à ce que celle-ci soit équilibrée. Il me semble que rien n'est une fatalité et que l'on peut, à son niveau, agir sur énormément de choses.
A titre personnel, quelles sont les trois choses essentielles qui vous permettent de vieillir avec bonheur?
Rester active et me sentir désirée professionnellement, puisque j'ai eu une proposition d'Europe 1 (l'émission 'Sophie & Les Copains', ndlr) que j'ai saisie, ce qui prouve qu'à 60 ans on peut relever de nouveaux défis et se fixer de nouveaux challenges. Il y a aussi le fait de me sentir bien dans mon corps, qui passe par l'exercice physique et une alimentation équilibrée, puis les relations avec les autres, qu'elles soient amoureuses ou amicales, et le fait de ne pas être repliée sur moi-même. Ce sont autant d'éléments qui me permettent d'être bien dans ma vie.
Est-il important de ne pas avoir peur de se réinventer à 60 ans ou plus?
J'ai toujours peur de l'ennui et de la routine. J'ai présenté «Affaire conclue» pendant six ans, et je me demandais si on viendrait me chercher pour d'autres projets, et on m'a finalement proposé ce nouveau challenge (l'émission 'En Bonne Compagnie' diffusée le dimanche après-midi sur France 3, ndlr). Je ne voulais pas passer à côté, car c'est en se remettant en question, en se remettant en selle professionnellement, peut-être différemment, qu'on se sent vivant, plutôt que de s'ennuyer dans une routine. Ca me parait important.
Bien vieillir c'est finalement sortir, se cultiver, se divertir, socialiser, s'aimer, faire l'amour… Vieillir, est-ce continuer à vivre comme à 20, 30, et 40 ans, mais libéré de toutes contraintes?
Et bien oui, pourquoi on s'arrêterait de vivre? C'est une autre période de la vie, c'est tout. Il y a le troisième âge, mais aussi le quatrième âge. Il faut aussi penser à cette période de la vie, et prendre les décisions qui s'imposent pour s'inventer l'environnement dans lequel on voudra passer nos très vieux jours. L'idée est de vivre sa vie le mieux possible jusqu'à la fin, sinon cela n'a pas de sens. Il faut donner un sens à sa vie… Jusqu'au bout.
«Quel bonheur de vieillir! – Des clés pour se réinventer, garder la forme & savourer son âge» par Sophie Davant, aux Editions Solar.