LifestyleUne étude suggère que l'incertitude peut nous rendre plus enclins à la paranoïa
Relaxnews
11.6.2020 - 12:18
Une nouvelle recherche basée sur les réactions des gens lorsqu'ils sont confrontés à de profonds bouleversements, comme cela a été le cas avec la pandémie Covid-19, montre que la paranoïa peut s'exacerber en cas de menace sociale, mais également par le biais d'un mécanisme du cerveau plus élémentaire déclenché par un simple sentiment d'incertitude.
Virus créé «intentionnellement», vaccin «pucé». Depuis l'arrivée de la pandémie Covid-19, les théories complotistes vont bon train. A tel point que l'Organisation mondiale de la santé a appelé à se méfier d'un phénomène d'«infodémie».
Selon une nouvelle recherche publiée dans la revue eLife et réalisée par des chercheurs de l'université de Yale (Etats-Unis), ce type de réaction est fréquente pendant une période de profond bouleversement, à l'instar des attentats du 11 septembre.
«Lorsque notre monde change de manière inattendue, nous voulons rejeter la responsabilité de cette instabilité sur quelqu'un, lui donner un sens et peut-être la neutraliser», explique Philip Corlett, professeur agrégé de psychiatrie à Yale et auteur principal de l'étude.
La théorie dominante est que la paranoïa découle d'une incapacité à évaluer précisément les menaces sociales. Mais selon les auteurs de cette nouvelle publication, la paranoïa serait plutôt ancrée dans un mécanisme d'apprentissage plus élémentaire déclenché par l'incertitude, même en l'absence de menace sociale.
Pour vérifier leur théorie, les chercheurs ont réalisé une série d'expériences sur des humains et des rats et ont ensuite comparé le comportement des deux espèces en se basant sur un modèle mathématique. Les individus qui ont participé à l'expérience ont été invités à jouer à un jeu de cartes dans lequel les meilleures stratégies pour gagner étaient modifiées en secret.
Les personnes peu ou pas paranoïaques ont été lentes à supposer que les règles avaient changé, contrairement aux individus plus méfiants qui se sont montrés plus versatiles dans leurs choix, y compris après une victoire.
Les chercheurs ont ensuite augmenté le niveau d'incertitude en modifiant les chances de gagner à mi-parcours sans en informer les participants. Ce changement soudain a fait en sorte que même les sujets peu paranoïaques se sont davantage méfiés.
Dans une expérience connexe, des rats ont été entraînés à accomplir une tâche similaire. Les rongeurs à qui on a administré de la méthamphétamine – connue pour induire la paranoïa chez les humains -ont adopté des comportements similaires à ceux des humains atteints de paranoïa, ont constaté les scientifiques.
«L'avantage de voir la paranoïa à travers une lentille non sociale est que nous pouvons étudier ces mécanismes dans des systèmes plus simples, sans avoir besoin de récapituler la richesse de l'interaction sociale humaine», précise Erin J Reed.
«Nous espérons que ce travail constituera une première étape dans le développement de nouveaux traitements qui ciblent les mécanismes sous-jacents de la paranoïa», conclue le Pr Corlett.
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