Manger avec prestance, se tenir droit ou savoir s'exprimer lors d'un dîner en ville: à Shanghai, de jeunes enfants issus de l'élite fortunée apprennent auprès d'un professeur français les «bonnes manières» pour briller en société.
Au dernier étage d'un hôtel 5 étoiles de la métropole de 24 millions d'habitants, Danielle Liu, 10 ans, tente de marcher avec un livre placé en équilibre précaire sur sa tête... le long d'une ligne rouge tracée au sol.
But de l'exercice, selon sa maman qui l'observe: faire en sorte que sa fille améliore sa posture et devienne une vraie «petite femme» capable de se démarquer au sein de la communauté ultra-concurrentielle des riches Chinois.
Danielle fait partie d'un groupe de huit enfants, garçons et filles, dont les parents ont décidé de sacrifier un samedi pour suivre cette formation, réputée au sein de la haute société de Shanghai.
Des enfants apprennent à marcher avec un livre placé en équilibre sur la tête, dans un hôtel 5 étoiles à Shanghai, le 1er juin 2019
Une petite fille apprend à marcher avec un livre en équilibre sur la tête, le long d'une ligne rouge tracée au sol
Miona Milakov apprend les bonnes manières à table
Les garçons sont au comble de l'élégance, avec costumes, noeuds papillons et chaussures noires bien cirées; les filles arborent des robes impeccables et des sourires angéliques
Le dernier étage de l'hôtel 5 étoiles, où sont dispensés les cours
A Shanghai, le «savoir-vivre français» inculqué aux enfants de l'élite
Des enfants apprennent à marcher avec un livre placé en équilibre sur la tête, dans un hôtel 5 étoiles à Shanghai, le 1er juin 2019
Une petite fille apprend à marcher avec un livre en équilibre sur la tête, le long d'une ligne rouge tracée au sol
Miona Milakov apprend les bonnes manières à table
Les garçons sont au comble de l'élégance, avec costumes, noeuds papillons et chaussures noires bien cirées; les filles arborent des robes impeccables et des sourires angéliques
Le dernier étage de l'hôtel 5 étoiles, où sont dispensés les cours
Les garçons sont au comble de l'élégance, avec costumes, noeuds papillons et chaussures noires bien cirées. Les filles arborent des robes impeccables et des sourires angéliques.
«Tu as un problème de stabilité», déclare Guillaume de Bernadac, 31 ans, le fondateur français de l'école, à l'adresse d'un élève qui tente péniblement de marcher avec un livre sur sa tête.
«Parfaite»
Les bambins, âgés de 7 à 11 ans, ont l'air d'apprécier l'épreuve. Ils sont cependant bien plus réticents à se plier à l'exercice suivant: ne pas mettre leurs coudes sur la table lors du déjeuner.
«Ça me fait peur», répète en boucle le petit Zachary alors qu'il avale sa soupe, en tentant comme ses camarades de garder coincé sous chaque aisselle un morceau de papier blanc.
L'opération a pour but de garantir que les coudes ne touchent pas la table. Mais le défi s'avère vite bien trop élevé pour les enfants... et le sol fini recouvert de feuilles A4.
Pour obliger les enfants à se tenir droit, on les équipe d'une sorte de correcteur de posture maison, fait de rubans rouges noués dans le dos. Ceux qui se relâchent sont gentiment repris par Guillaume de Bernadac ou son équipe, qui comprend notamment d'anciens mannequins présentés comme des experts de «l'étiquette».
Cheng Liyan, la maman de Danielle, l'avoue: l'objectif est que sa fille soit «parfaite». «J'espère qu'elle pourra s'épanouir sur tous les plans, afin d'être une vraie femme, à l'allure sportive, et douée pour les études», explique-t-elle dans un anglais quasi parfait.
Danielle suit déjà des cours particuliers de natation, de piano et de danse – la discipline qu'elle préfère.
345 euros les 4 heures
«Je lui demande toujours si ça lui plaît», précise aussitôt sa maman, qui est enseignante. Elle admet cependant qu'il y a «une féroce compétition» pour l'emploi et la reconnaissance sociale à Shanghai, ville la plus développée et la plus internationale de Chine.
Mme Cheng et les autres parents ont payé à Guillaume de Bernadac la somme de 2.688 yuans (345 euros) par enfant pour quatre heures de cours pratiques – l'équivalent d'une semaine d'un salaire moyen à Shanghai.
Sur fond de musique classique, les enfants apprennent à interagir avec autrui, saluer les gens, soigner leur maintien, ou à choisir les bons sujets de conversation lors d'un dîner.
Guillaume de Bernadac est arrivé pour la première fois en Chine pour ses études. Il affirme que la demande a explosé depuis qu'il a créé en 2014 son «Académie De Bernadac» et dit avoir été contacté par la municipalité de Shanghai, désireuse de créer des cours similaires pour les écoles de la ville, afin qu'il l'aide à concevoir des programmes pédagogiques.
Son Académie propose également des formations pour les adultes ou les entreprises.
«Pas convenable»
Mais M. De Bernadac tient à le souligner: le but n'est pas uniquement d'inculquer des manières «occidentales» aux enfants. «Notre idée, c'est de donner les clés pour s'adapter, pour ceux qui vont à l'étranger, ou se retrouvent en Chine dans un environnement international, où ils sont amenés à côtoyer des cultures différentes», explique-t-il.
Ce Français à la cravate et au sourire impeccables n'a aucune formation dans le domaine mais affirme que son arrière-grand-père donnait des cours particuliers du même genre à la noblesse du Maroc colonial dans les années 1920-1930.
Celui qui allait devenir le futur roi Hassan II du Maroc aurait ainsi suivi ces formations où il était enseigné «comment être poli et bien se comporter», selon Guillaume de Bernadac.
En Chine, «les élites sont désireuses de faire des efforts, des pas en avant vers la communauté internationale», estime-t-il.
Mme Cheng, élégamment assise à côté de sa fille Danielle après la leçon, ne trouve pas du tout prématuré d'inculquer à sa fille ces bonnes manières.
«Les enfants doivent rester des enfants, certes. Mais ils doivent aussi avoir un minimum de discipline», déclare-t-elle.
«En public par exemple, ce n'est pas possible qu'ils hurlent ou qu'ils crient. Ce ne serait pas convenable.»
Quelles sont les origines des prénoms royaux?
Louis, Estelle et Co.: quelles sont les origines des prénoms royaux?
Le 9 juillet 2018, l’heure était venue: le plus jeune prince de Grande-Bretagne a été baptisé Louis Arthur Charles. Un choix chargé d’histoire, comme il est de coutume au sein des familles royales. Découvrez dans cette galerie ce que cachent les prénoms des jeunes princes et princesses du Royaume-Uni, de Suède et d’Espagne.
Le prince William et la duchesse Kate ont créé la surprise en prénommant leur deuxième fils Louis Arthur Charles: Arthur figurait dans les petits papiers des bookmakers britanniques comme prénom d’usage possible, en hommage au roi légendaire et au troisième fils de la reine Victoria. Le choix de Louis, en revanche…
… n’était pas une évidence, mais a probablement fait le bonheur de son grand-père, le prince Charles, tout autant que l’inscription de son propre prénom sur l’acte de naissance. En effet, le petit Louis a été prénommé ainsi…
... en hommage à Louis Mountbatten, l’oncle du prince Philip. Louis Mountbatten, qui a servi la couronne comme vice-roi des Indes, a non seulement exercé une grande influence sur le prince Philip, mais a également été pendant longtemps le mentor et le père de substitution de Charles. Le 27 août 1979, Louis Mountbatten a été tué dans un attentat à la bombe commis par l’IRA.
Le prince George a lui aussi reçu le prénom Louis – mais seulement en troisième position. Comme prénom d’usage, William et Kate ont attribué à leur premier-né un prénom solide de la maison Windsor. George était non seulement le prénom du grand-père de la reine…
… mais aussi le nom de règne choisi par son père lors de son accession au trône. En privé, George VI était toutefois appelé «Bertie», puisqu’il s’appelait en réalité Albert Frederick Arthur George. Mais à la demande de son arrière-grand-mère, la reine Victoria, il ne devrait plus y avoir de roi Albert en Angleterre – pour que son époux bien-aimé Albert ne soit pas éclipsé.
Et qu’en est-il du deuxième prénom du petit prince George Alexander Louis? Il s’agit d’un petit signe de révérence non seulement envers l’Ecosse, où trois rois se sont appelés Alexander, mais aussi envers la reine. Son nom complet est Elizabeth Alexandra Mary – la reine Alexandra, sa grand-mère, était très populaire auprès du peuple.
La reine a ensuite été directement honorée lorsque la première fille de Kate et William a vu le jour en 2015. Son prénom d’usage est peut-être Charlotte, la version féminine de Charles, mais ses prénoms secondaires sont beaucoup plus intéressants aux yeux des fans de la famille royale: Elizabeth et …
… Diana, bien entendu en hommage la mère du prince William, Lady Diana, décédée en 1997.
«Laid et inapproprié»: c’est ainsi qu’un expert de la noblesse a jugé à la télévision suédoise en 2012 le prénom que la princesse héritière avait choisi pour sa première fille. Selon l’expert, Estelle sonne comme un nom de reine des boîtes de nuit et n’a une consonance ni suédoise, ni royale. Et pourtant…
… la maison Bernadotte, dont émane la famille royale suédoise, compte déjà une Estelle: l’épouse de Folke Bernadotte, diplomate aux Nations Unies et petit-fils du roi Oscar II. Elle a dirigé la branche féminine du mouvement scout suédois de 1949 à 1957 et siégé à la Commission des prisonniers de guerre des Nations Unies, en plus de s’être engagée pour la Croix-Rouge internationale, l’Unicef et en faveur des enfants paralysés.
Pour les prénoms secondaires, en revanche, il n’y avait pas grand-chose à redire: Ewa est le prénom de la grand-mère paternelle d’Estelle et Silvia, celui de sa grand-mère maternelle, la reine Silvia de Suède, à qui ce prénom est naturellement destiné.
Pour Oscar Carl Olof, le petit frère d’Estelle, inutile de chercher bien loin pour découvrir les références royales. Olof n’est «que» le premier prénom de papa, Daniel, mais deux rois de la maison Bernadotte ont déjà porté le prénom Oscar. Alors que Carl…
… est évidemment un hommage au grand-père, le roi Carl XVI Gustaf de Suède. Les autres prénoms de Carl Gustaf Folke Hubertus ont déjà été réemployés parmi ses nombreux petits-enfants.
Son fils, le prince Carl Philip, a par exemple transmis à son premier-né le troisième prénom Hubertus. Le prénom d’usage, Alexander, était probablement tout simplement du goût de Carl Philip et de son épouse Sofia, tandis que le deuxième prénom, Erik, est le prénom du père de Sofia. Et Bertil?
Bertil est également le quatrième prénom de Carl Philip, en l’honneur de son oncle, le prince Bertil. Il était très apprécié non seulement de Carl Gustaf et de ses trois enfants, mais aussi du peuple suédois.
Pour leur deuxième fils, Gabriel Carl Walther, Carl Philip et Sofia ont également choisi un prénom d’usage qui leur plaisait simplement et s’en sont remis à la tradition pour les prénoms suivants. Carl n’a pas besoin de plus amples explications, tandis que Walther était le prénom du père de la reine Silvia.
Le prénom de la mère de la reine Silvia figure en revanche parmi ceux que la princesse Madeleine a donnés à sa plus jeune fille: Alice est le troisième prénom de la petite, alors que le deuxième, Josephine, est également porté par sa maman Madeleine. Et le prénom d’usage, Adrienne? La reine Silvia aurait prétendument souhaité l’attribuer à Madeleine, avant de changer d’avis.
Nicolas? Bien que Niklas soit très courant en Suède, cette orthographe était un choix plutôt inhabituel pour le petit prince de Madeleine. S’agit-il d’un hommage à la partie américaine de la famille, comme le deuxième prénom Paul? Il n’empêche que Paul O’Neill, grand-père paternel de Nicolas, était un banquier américain.
Le nom de la première-née de Madeleine, la princesse Leonore Lilian Maria, rend également hommage aux deux parties de la famille: Lilian était la grand-tante de Madeleine, l’épouse du tant apprécié prince Bertil. Mary est en revanche le deuxième prénom d’Eva O’Neill, la mère de Chris, le mari de Madeleine. Et Leonore? Un prénom en vogue du côté des familles royales…
Si la maison royale néerlandaise compte une Leonore – une nièce du roi Willem-Alexander – il y a aussi une Leonor dans la famille royale espagnole: c’est le prénom de la princesse héritière – et le seul.
Ce prénom est probablement inspiré d’Aliénor d’Aquitaine, bien qu’elle n’ait jamais été reine d’Espagne, de Suède ou des Pays-Bas, mais reine de France (1137-1152) et d’Angleterre (1154-1189). Elle était considérée comme l’une des femmes les plus influentes du Moyen Âge.
Il est beaucoup plus facile d’identifier l’origine du prénom de la deuxième princesse espagnole: Sofia, la petite sœur de Leonor, porte bien entendu le prénom de sa grand-mère, l’ancienne reine.
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