Voyage La conférence #50BestTalks dominée par des questions de genre et de représentation française

L'objectif de la conférence organisée le 16 septembre à Paris par World's 50 Best Restaurants était de comprendre ce que signifiait cuisiner «à la française» en 2019 et le thème de «cuisine sans frontières». Mais à peine la discussion ouverte, le public a rapidement souligné un fait flagrant : l'absence de femmes sur scène.

Lors de la conférence #50BestTalks, organisée pour la première fois en France par le célèbre classement gastronomique international, les cinq conférenciers et grands chefs présents étaient Yannick Alléno, Mauro Colagreco, Bertrand Grébaut, Romain Meder et Alain Passard. 

«Vous parlez de cuisiner sans frontières, mais où sont les femmes ?» Peu après le début de la discussion, une personne dans le public a fait remarquer l'absence évidente de représentantes féminines dans le panel, une question qui n'a pas tardé à provoquer des applaudissements dans la foule présente dans la salle du Musée du Quai Branly. 

La représentation féminine a toujours été un thème sensible pour l'organisation World's 50 Best Restaurants. Par exemple, en organisant le prix de «la meilleure cheffe», elle s'est attirée les foudres de certains membres de l'élite gastronomique. Ce prix continue de diviser le monde culinaire. 

«Si vous voulez parler de la modernisation de la cuisine française, vous auriez dû commencer par cela», a ajouté un autre membre du public, en continuant de souligner l'absence de femmes sur scène. 

La directrice de la marque World's 50 Best Restaurants, Hélène Pietrini, a défendu leur sélection en soulignant que la cheffe brésilienne Manoella Buffara devait aussi prendre part aux discussions et que le déjeuner suivant les discussions avait été préparé par certaines des cheffes les plus en vogue à Paris. 

Une «Nouvelle cuisine française»

Pendant ce temps, le journaliste Eric Brunet n'a pas hésité à évoquer une controverse à laquelle le groupe a dû faire face en France, à savoir le manque de représentants français dans son classement mondial annuel «World 50 Best Restaurants». 

Eric Brunet a démarré son argumentaire on soulignant que la France était souvent taxée d'arrogance et de conservatisme en terme de gastronomie, ce qui pouvait risquer de l'éclipser au profit d'autres cuisines internationales.  Il s'est adressé aux chefs en leur demandant : «Est-ce que la gastronomie française est en danger?»

Dans une réponse assez révélatrice de l'état d'esprit, le chef Grébaut du Septime à Paris a balayé la notion en soulignant que ce n'était pas une compétition. «Cette question implique que nous sommes assis sur un trône. Pourquoi devons-nous être opposés les uns aux autres?» s'est interrogé le chef Grébaut. 

De son côté, Yannick Alléno a reconnu que la gastronomie française traditionnelle pouvait parfois être rétive au changement et a souligné le mérite des jeunes générations plus internationales et des chefs expatriés qui ont contribué à diversifier le paysage culinaire français ces dix dernières années. «Nous voyons que les chefs sont de plus en plus ouverts et expressifs en France et c'est fantastique pour les clients.« 

Mauro Colagreco, dont le restaurant Mirazur de Menton a pris la tête cette année du classement World's 50 Best Restaurants, était le premier chef étranger à obtenir trois étoiles Michelin en France. «Je ne suis pas Français mais je propose de la cuisine française», a expliqué le chef italo-argentin qui se décrit comme un artisan de la «Nouvelle cuisine française». «Ma cuisine n'a ni frontière, ni limites», ajoute Colagreco. 

L'édition 2020 des Prix «World's 50 Best Restaurants» se tiendra le 2 juin à Anvers, en Belgique.