RestaurantsL'Andorre, cet instant «carpe diem» pour des Français en manque de restaurants
Relax
31.3.2021 - 16:25
«Aujourd'hui, c'est carpe diem». Le visage baigné de soleil et les yeux pétillants, le peintre français Ryton Cazenave, 94 ans, déguste un risotto et un verre de vin blanc à la terrasse d'un restaurant du Pas-de-la-Case, en Andorre.
ETX Studio
31.03.2021, 16:25
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Même petit bonheur non dissimulé pour des dizaines d'autres compatriotes, privés de restaurants chez eux depuis des mois à cause des mesures sanitaires, et ravis de «revivre cette expérience» de l'autre côté de la frontière.
«J'ai très mal vécu les restrictions liées à la crise sanitaire, et ça n'est pas fini. Alors aujourd'hui j'en profite au maximum», s'émeut M. Cazenave, les yeux bleus rivés vers les rares skieurs dévalant les pistes enneigées devant lui, sous un soleil printanier.
Car si généralement très prisées des Français, les pistes de ski andorranes sont cette année uniquement accessibles aux résidents du micro-Etat de 78.000 habitants.
Mais les cafés, bars et restaurants restent, eux, ouverts à tous, avec un protocole sanitaire «strict»: 1,5 m entre chaises de différentes tables, ouvertures par plages horaires, fermetures régulières pour aérer la pièce ou encore prise des coordonnées de tous les clients.
«Je n'ai pas du tout peur, au contraire je suis très à l'aise», assure l'artiste-peintre et ancien journaliste nonagénaire.
Décompresser et flâner tout simplement
«Manger au restaurant, voir les gens skier, se retrouver dans cette ambiance qu'on a toujours connu, ça rassure. On se dit que ça reviendra forcément chez nous aussi un jour, que le retour à la normale est sans doute proche», abonde à côté de lui son ami Jacques Latger, un moniteur de ski de 72 ans.
Depuis le 1er mars, les habitants des Pyrénées-Orientales et de l'Ariège n'ont plus besoin de présenter un test PCR pour revenir en France depuis l'Andorre.
Au grand bonheur des commerçants du Pas-de-la-Case pour lesquels les touristes Français représentent plus de 95% des acheteurs.
Mais aussi des restaurateurs, tout aussi plombés par la crise sanitaire qui asphyxie le petit pays.
«Le trou est abyssal, sur la moyenne de l'hiver, on peut parler d'une baisse de 85% de fréquentation», confirme à l'AFP Célestin Gazignaire, gérant du restaurant El Provencal.
Sur la vingtaine de couverts qu'il continue de servir, «il s'agit de Français pour la quasi majorité», assure le restaurateur de 45 ans.
«Ils savent qu'ils ne peuvent pas skier, mais venir ici représente pour eux une sorte d'exutoire, une soupape de décompression. Ils me le disent tous», dit-il.
Apprécier le moment comme jamais
M. Gazignaire note aussi une augmentation du ticket moyen: «Comme c'est exceptionnel, les gens sont moins regardants à la dépense, ils prennent des apéritifs, des desserts, des vins plus chers. C'est comme un repas de Noël».
La magie opère également pour Nathalie et Karim Imedjadj, qui vivent leur petite échappée d'un jour en Andorre comme une «lune de miel».
«A la base, on était venus acheter des cigarettes, on ne savait pas que les restaurants étaient ouverts. C'est une très bonne surprise, on s'imaginait déjà manger sur le trottoir un sandwich ou un kebab», raconte M. Imedjadj, se délectant d'une paella à la terrasse d'un restaurant.
Son épouse est tout aussi ravie. «C'est notre petite sortie en amoureux. On a confié les enfants à papi et mamie, et à nous l'air frais, la montagne, le soleil!», s'exclame-t-elle en riant.
Un peu moins expansif, Olivier Savary, un technicien de 25 ans venu passer des vacances avec des amies, dévore sa raclette, comme si c'était la dernière.
«C'est ma première sortie au resto depuis un an, et peut-être la dernière avant longtemps, alors j'en profite», souffle-t-il.
Beaucoup disent qu'ils n'hésiteront pas à refaire des dizaines de km, non plus seulement pour des cigarettes détaxées, mais aussi pour revivre, le temps d'un déjeuner, cette «si agréable impression de retour à la normalité».