Voyage Napoléon, l'atout de Sainte-Hélène pour exister sur la carte mondiale du tourisme

Relaxnews

8.3.2020 - 15:18

Une vue générale de la dernière résidence de Napoléon lors de son exil à Longwood, sur le territoire britannique d'outre-mer de Sainte-Hélène.
Une vue générale de la dernière résidence de Napoléon lors de son exil à Longwood, sur le territoire britannique d'outre-mer de Sainte-Hélène.
Source: Relaxnews

Pour quelle destination réserve-t-on son voyage en clamant «Et Vive l'Empereur»? Sainte-Hélène, îlot perdu au milieu de l'Atlantique qui s'ouvre lentement au tourisme en attirant les adeptes de plongée... et les admirateurs de Napoléon, qui y est mort en exil.

Ce n'est qu'en octobre 2017 que le minuscule territoire britannique a été désenclavé grâce à une liaison aérienne hebdomadaire depuis Johannesburg, en Afrique du Sud, après avoir été dépendant de la mer pendant des siècles.

«Pendant l'été austral, entre décembre et février, il y a même un deuxième vol, le mardi, depuis Le Cap. On n'en est qu'au tout début d'un point de vue touristique, mais c'est clairement prometteur pour le long terme», met en avant Dawn Cranswick, responsable de l'agence de développement économique de l'île.

«Ce que les gens dépensent en venant ici peut faire une grande différence», a-t-elle déclaré à l'AFP à Paris lors d'une tournée de promotion de la destination auprès de potentiels investisseurs européens, alors que Sainte-Hélène vit essentiellement des subventions de Londres.

Confetti posé entre l'Angola et le Brésil, où vivent 4.425 habitants, l'île – mélange de rochers volcaniques et de collines verdoyantes – a accueilli depuis l'automne 2017 un peu plus de 2.500 touristes venus par les airs.

«L'histoire est un atout-clé de Sainte-Hélène. Et les fonds marins exceptionnels attirent aussi les amateurs de plongée», détaille Dawn Cranswick.

Le souvenir de Napoléon reste cependant l'attraction majeure de l'île: l'empereur français, ennemi juré des Anglais, y fut exilé en 1815 et y mourut après six ans d'une résidence surveillée décrite par ses proches comme une descente aux enfers.

Pour le bicentenaire de sa mort, le 5 mai 2021, un millier de visiteurs sont attendus dont plus de 400 croisiéristes.

Nomade Aventure, voyagiste français, a déjà engrangé une cinquantaine de réservations pour ses deux voyages baptisés «Sur les traces de Napoléon» (à partir de 5.599 euros pour 11 jours) et «N» (6.659 euros pour 12 jours).

«Sainte-Hélène, on en rêvait depuis longtemps, et l'aéroport était la clé indispensable», raconte Fabrice Del Taglia, directeur général du tour-opérateur, qui fait partie du groupe Voyageurs du Monde.

- consul honoraire -«Malgré l'éloignement et le prix du voyage, sans oublier les tarifs locaux, on a tout de suite vu l'intérêt car il est de plus en plus difficile de trouver des destinations sortant des sentiers battus. On ciblait deux publics: ceux qui recherchent des destinations inédites, et ceux s'intéressant à Napoléon. Et c'est ce public-là qui est devenu majoritaire», explique-t-il.

Au programme: l'incontournable tombeau originel de Napoléon – dont le corps a été rapatrié à Paris, aux Invalides en 1840 – ainsi que sa maison de Longwood, domaine de 15 hectares qui est un territoire français pourvu d'un consul honoraire.

Nomade Aventure a déjà réservé pour 2021 les chambres d'hôtel de ses clients: «même à notre microscopique échelle, on sature déjà les capacités» d'accueil de l'île qui ne dispose que de 195 lits touristiques, souligne M. Del Taglia.

Et plus «pour l'anecdote», il ajoute: «mes vendeurs m'ont rapporté que trois ou quatre des clients qui se sont inscrits par téléphone pour le voyage, ont conclu la conversation par un +Et vive l'Empereur!«.

«La commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon est une formidable occasion» de faire connaître l'île, renchérit German Amaya pour la compagnie Ponant, qui propose deux «Croisières Napoléon» avec escale à Sainte-Hélène en mai 2021.

Conférences avec des historiens, dîners «inspirés des menus et vins servis à l'Empereur lors de son exil» ou concerts «autour de la musique à l'époque napoléonienne» sont au programme pour ces deux périples de 15 ou 18 jours pour lesquels il faut débourser au moins 9.100 euros.

Sainte-Hélène ne visera jamais le tourisme de masse: «Notre objectif est d'atteindre les 30.000 touristes en 2042. Le tourisme est clairement le moteur-clé pour le développement de l'île», résume Martin George, directeur de l'investissement de l'agence de développement économique.

Dawn Cranswick assure aussi vouloir promouvoir un tourisme «vert»: «Pour une communauté aussi petite que la nôtre, c'est une approche extrêmement responsable, parce que ce serait tellement plus facile de juste vouloir faire de l'argent».

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