Déroutant par ses dribbles, parfois frustrant par son jeu de soliste, mais brillant cette saison, notamment sur la scène européenne : Edon Zhegrova, passé par le FC Bâle entre 2019 et 2022, est l'un des principaux atouts de Lille, qui joue à Bologne mercredi (21h00) en Ligue des champions.
Avec lui, c'est toujours la même chanson. Jouée sur un rythme très lent, d'abord, quand il reçoit le ballon sur le côté droit et prend le temps de fixer son défenseur, même lorsqu'il a quelques mètres d'avance devant lui - ce qui peut surprendre - puis effréné, à coups de gestes techniques, d'accélérations, d'une frappe ou d'une passe.
Edon Zhegrova est un joueur prévisible et insaisissable à la fois, comme Arjen Robben, un autre gaucher de l'aile droite, référence des années 2010. Le Kosovar rêve sans doute d'un CV similaire à celui du Néerlandais, passé par Chelsea, le Real Madrid et surtout le Bayern Munich. Il ne s'en cache pas.
«Tout le monde sait à quel point je suis content de jouer ici. J’ai une très bonne relation avec le président, mes coéquipiers, je suis très heureux, mais je suis un homme ambitieux. J’ai envie de jouer pour un plus grand club, avançait-il fin septembre. Je crois que tout le monde aimerait. C'est pour ça que je travaille. Mais bien sûr, je suis concentré sur Lille.»
Meilleur passeur
Pour faire sa publicité, le joueur de 25 ans s'est trouvé une scène bien plus grande que celle de la salle de conférence au Domaine de Luchin: la Ligue des champions, qu'il découvre en tant que titulaire. Il y brille même contre les grands d'Europe comme le Real Madrid (1-0), l'Atlético (3-1) et la Juventus (1-1), participant grandement à la très belle campagne du club nordiste (14e, 7 points).
Face aux Colchoneros, c'est lui qui a égalisé à 1-1 pour sonner la révolte. Contre les Turinois, il a été l'artisan du but de Jonathan David, d'une action dont il a le secret: une accélération foudroyante pour contourner Juan Cabal, puis une passe lumineuse en direction du Canadien.
Nul doute que l'ancien joueur de Bâle aimerait dribbler la défense bolognaise à toutes les sauces, au Stade Renato-Dall'Ara, mais sa présence dans le onze de départ n'est pas acquise après sa sortie (87e) dans la foulée d'une gêne aux adducteurs lors du succès contre Rennes (1-0) dimanche.
Le natif de Herford (Allemagne) est aussi performant en Ligue 1, où il a inscrit quatre buts et donné une passe décisive en dix matches. C'est d'ailleurs à la passe qu'il semble le plus avoir progressé, même s'il se perd encore dans des efforts solitaires vains, ne donnant le ballon que lorsqu'il est sûr de le perdre. C'est tout le paradoxe de cet adepte du petit pont, tantôt génial, tantôt rageant.
Renvoyé de la sélection en septembre
«J'essaie de faire de mon mieux à chaque match, mais le football est un sport collectif, et quand l'équipe joue moins bien..., plaide-t-il. Cela arrive de faire un mauvais match, j'essaie de tirer les leçons de cela, de m'améliorer et de rebondir au match suivant.»
Il dribble parfois même hors des pelouses, comme lorsqu'il a été renvoyé du rassemblement international de septembre après être arrivé en retard à une réunion avec la sélection kosovare, selon sa version des faits.
me 27.11. 19:55 - 00:00 ∙ blue Sports Live ∙ Bologna FC 1909 - LOSC Lille
L'événement est fini
Celui qui se définit comme «un gars très simple» est en tout cas l'un des principaux détonateurs offensifs des siens, même s'il est privé depuis plusieurs semaines sur son aile droite de Tiago Santos et Thomas Meunier, depuis revenu.
«Il a une bonne finition, c'est un joueur de très grand niveau», se méfie d'ailleurs l'entraîneur du club d'Émilie-Romagne Vincenzo Italiano. «Lille est une équipe capable de se créer des occasions, mais Zhegrova particulièrement, surtout quand il va dans l'axe». Ou sur le côté droit, gauche, dans sa moitié de terrain... libre est le dribbleur.