Méconnaissable sur le terrain, bousculé à Villarreal (1-0), le Bayern Munich doit puiser dans ses ressources mardi face aux Espagnols, en quart de finale retour de Ligue des champions, pour éviter la cruelle désillusion d'une élimination contre un adversaire présumé plus faible.
A l'aller, les Bavarois peuvent s'estimer heureux de n'avoir pas encaissé trois ou quatre buts, au vu de la supériorité et du nombre d'occasions manquées de l'équipe du rusé Unai Emery. «Si ça avait mal tourné, le score aurait pu être plus lourd», a reconnu Thomas Müller après le match.
Lundi, dans une analyse détaillée des faiblesses actuelles du «Rekordmeister», le magazine du football allemand Kicker a lancé une mise en garde solennelle: «Le rêve de la coupe aux grandes oreilles risque de s'évanouir dès les quarts de finale».
Contre le «Sous-marin jaune», actuel 7e de la Liga, le puissant champion d'Allemagne a certes intrinsèquement les moyens de se qualifier. Mais encore faudra-t-il qu'il retrouve sa puissance offensive et son équilibre attaque-défense, mystérieusement en panne ces dernières semaines.
Samedi à domicile, en championnat contre Augsbourg, l'équipe a de nouveau livré une prestation indigente (1-0). Il a fallu un penalty de Robert Lewandowski à la 82e minute pour venir à bout d'un adversaire en lutte pour le maintien.
ma 12.04. 19:55 - 01:00 ∙ blue Sports Live ∙ Le direct: FC Bayern München - Villarreal CF
L'événement est fini
«Maison en feu»
«Nous avons manqué de vitesse de course, de vitesse de balle, nous n'avions pas l'élan nécessaire», a reconnu le coach Julian Nagelsmann.
A court d'explications, le jeune technicien a remplacé l'analyse par l'incantation: «Ce n'était pas un match glamour, mais je m'en fous complètement», a-t-il dit à chaud. «Nous sommes dans une phase où il ne s'agit plus de briller, mais de gagner.»
Le problème «tient d'abord à notre approche mentale», estime Joshua Kimmich, le «guerrier» du milieu de terrain, lui aussi en baisse de régime ces derniers temps, tout comme ses coéquipiers Leroy Sané, Serge Gnabry ou même Thomas Müller.
Signe d'une certaine fébrilité, les tauliers de l'équipe rivalisent depuis trois jours de déclarations martiales, comme pour conjurer l'angoisse d'une élimination: «La maison est en feu, nous allons livrer un match digne du Bayern», jure Leon Goretzka.
«Nous serons présents quoi qu'il arrive», renchérit son capitaine Manuel Neuer, «nous sommes tous chauds et nous allons renverser ce match».
Propos d'interviews... qui ne masquent pas l'une des grosses lacunes du Bayern cette saison: l'absence de leaders sur le terrain, notamment derrière.
«Pas de patron»
«Une nouvelle fois, on a vu qu'ils n'avaient pas de patron, et ce n'est pas la première fois cette saison», avait taclé à l'aller Dietmar Hamann. Ancien du Bayern devenu consultant, il note que, dans ce rôle, le départ de David Alaba au Real cet été n'a pas été compensé.
«Il manque un chef à la défense», insiste Kicker: «Lucas Hernandez est certes un défenseur agressif, mais il a besoin d'un joueur à côté de lui pour donner les consignes. Dayot Upamecano n'en est pas (encore) capable et Niklas Süle n'est pas ce genre de personnalité», assène le magazine.
Contre Villarreal, qui n'a atteint qu'une fois le dernier carré de la Ligue des champions (en 2006, battu en demi-finale par Arsenal), les Allemands aux six titres européens restent néanmoins favoris.
Au tour précédent contre Salzbourg, ils étaient déjà passés au travers au match aller, arrachant un nul 1-1 dans les ultimes secondes en Autriche. Avant de laminer leurs adversaires 7-1 à l'Allianz Arena.
Auront-ils le même sursaut d'orgueil contre Villarreal? Peut-être... Mais une statistique peut les faire trembler: depuis 2015, le Bayern a perdu à cinq reprises un match aller en Ligue des champions. Et chaque fois il a été éliminé.
ATS