Revenir de nulle part est bien la marque de fabrique du FC Bâle cette saison en Conference League. A la rue pendant 85 minutes à Nice, les Rhénans ont finalement arraché leur qualification pour les demi-finales. Mais Heiko Vogel ne veut pas parler de miracle.
«Nous savions que nous pouvions abandonner la possession à l'adversaire, explique l'entraîneur intérimaire du FCB. La patience était la clé. A la mi-temps, je l'ai répété aux joueurs. Il ne fallait pas faire un all-in tout de suite, mais attendre encore le bon moment.»
Un coaching gagnant
Le signal fut donné à la 72e minute avec les introductions de Riccardo Calafiori et de Jean-Kévin Augustin. L'Italien a donné l'assist au Français pour l'égalisation de la 86e minute. Comme à Bratislava lors du tour précédent, les Rhénans ont pu sortir la tête de l'eau à minuit moins une.
Durant les prolongations, c'est un troisième «joker», Darian Males, qui a contribué à cette victoire avec son centre pour la tête de Kasim Adams pour le 2-1. «C'était le bon plan», se félicite Heiko Vogel. Directeur sportif du club, l'Allemand ne doit pas regretter une seule seconde son choix déchirant de limoger en février une icône du club, on veut parler bien sûr d'Alex Frei qui n'a jamais su comment faire pour que cette équipe trouve le bon équilibre sur le terrain.
Cette qualification pour les demi-finales gomme en grande partie une saison «domestique» bien médiocre. «C'est un succès presque irréel si l'on songe à tous les bouleversements que l'équipe a subis ces derniers mois. Ils ont pesé dans notre parcours en championnat», glisse Marwin Hitz. Le gardien n'oublie pas que son équipe, avec sa sixième place au classement, accuse 22 points de retard sur le leader Young Boys et n'en possède que 7 d'avance sur la «lanterne rouge» Winterthour.
En Conference League en revanche, le FC Bâle est porté par un état d'esprit irréprochable, par un supplément d'âme aussi, qui lui permettent de faire face aux situations les plus critiques. Il est, ainsi, parvenu à sortir de la phase de poules malgré deux défaites 1-0, à Copenhague face Bröndby et à Sofia face au CSKA. En seizièmes de finale, les Rhénans ont bien failli être «mangés» par Tarbzonspor au match retour au Parc St. Jacques. Et à Bratislava comme à Nice, ils ont marqué le but qui les a emmenés en prolongations alors que tout semblait perdu.
La belle histoire peut continuer
Qui peut dire que la belle histoire ne va pas continuer. Même s'ils ne l'aborderont pas dans la peau du favori, les Rhénans veulent croire que cette demi-finale contre la Fiorentina leur réservera encore un grand moment de bonheur dix ans après celle perdue en Europa League face à Chelsea.
Les Florentins ont dévoilé quelques failles jeudi soir devant leur public face à Lech Poznan. Victorieux 4-1 en Pologne au match aller, ils se sont retrouvés menés 3-0 alors qu'ils étaient invaincus depuis quatorze rencontres. Ils devaient marquer deux buts pour «sauver» la qualification. «La Fiorentina est un adversaire très fort, souligne Heiko Vogel. Mais cette fois, cette demi-finale ne doit pas être le terminus pour nous», conclut l'Allemand qui entend honorer le rendez-vous de la finale du 7 juin à Prague. Ce n'est pas de l'arrogance. Simplement l'intime conviction d'un entraîneur et d'une équipe qui veulent croire en leur destin si singulier.