Euro 2021 Après l'élimination, Deschamps en prend pour son grade  

ATS

29.6.2021 - 13:17

29.6.2021 - 13:17

Adepte de la défense et du contrôle permanent, le sélectionneur français Didier Deschamps a misé à l'Euro sur son attaque et une «liberté» inhabituelle pour ses Bleus, éjectés dès les huitièmes. Mais pas de quoi menacer l'obsédé de la gagne, sous contrat jusqu'en 2022, malgré une image écornée.

En France, Didier Deschamps est le principal fautif de l'élimination des Bleus.
En France, Didier Deschamps est le principal fautif de l'élimination des Bleus.
Keystone

Principes fondateurs reniés

Réputé trop défensif, parfois accusé de conservatisme, le boss des Bleus a laissé plusieurs de ses principes au vestiaire durant l'Euro.

Il a notamment choisi de construire son équipe autour du trio d'attaque Griezmann-Mbappé-Benzema, indéboulonnable à ses yeux, là où il avait bâti ses précédents succès sur la base arrière. Le choix tactique de départ contre la Suisse, «c'était pour placer le trio offensif dans les meilleures dispositions», a-t-il reconnu.



Le piège perçu par le capitaine Hugo Lloris avant l'Euro s'est refermé sur le sélectionneur. Avec autant de «talent offensif», avait pointé le gardien, «cela passera par un équilibre» entre toutes les lignes.

En rappelant Karim Benzema, le meilleur attaquant français du tournoi (quatre buts), Deschamps a verrouillé une ligne d'attaque peu soumise à la concurrence, malgré un banc de touche en or. Les remplaçants Ousmane Dembélé et Olivier Giroud, buteurs durant la préparation, n'ont quasiment pas joué. Le remuant Kingsley Coman n'a jamais eu l'espoir de bousculer une hiérarchie trop rigide.

Limites de l'autogestion

Pour cette compétition, Deschamps a voulu responsabiliser les joueurs au maximum, laissant une grande liberté tactique aux trois attaquants, autorisés à permuter sans cesse, et aux milieux de terrain.

Plusieurs médias ont aussi avancé le rôle des joueurs dans le choix du système tactique à trois défenseurs centraux avant le 8e de finale, une option catastrophique après coup. Deschamps a-t-il perdu la main sur son vestiaire? «Rassurez-vous, c'est bien moi qui prends les décisions», glissait-il encore avant la rencontre.



Certains signaux accréditent tout de même la thèse de la «République des joueurs», comme la vive altercation lundi entre le sélectionneur et Coman, qui ne voulait pas sortir malgré sa blessure en prolongation, ou les tentatives répétées pour apaiser Pogba au même moment.

L'entraîneur âgé de 52 ans n'a en outre jamais désigné de tireur pour les coups de pied arrêtés ou les penalties, mais la prime au «ressenti» n'a pas payé, notamment sur coup franc.

Objectif 2022

Sous contrat jusqu'à la Coupe du monde prévue fin 2022 au Qatar, où les Bleus défendront leur titre, Deschamps a estimé lundi que son avenir à la tête des Bleus n'était «pas la question» et donné rendez-vous en septembre pour la poursuite des qualifications au Mondial.

Et il apparaît improbable que Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, limoge Deschamps tant leur tandem semble lié, pour le meilleur et pour le pire... même si les rumeurs risquent de ressurgir autour de Zinédine Zidane, prétendant déclaré au poste de sélectionneur et libre depuis son départ du Real Madrid en mai.



Avant l'Euro, marqué par les éliminations précoces de la Croatie (vice-championne du monde) et du Portugal (champion d'Europe déchu), le dirigeant de 79 ans avait rappelé que les demi-finales étaient l'objectif comme à chaque compétition, mais avec moins de vigueur qu'auparavant.

«Ne pas être dans le dernier carré, ce ne serait pas une faute – pas du tout ça – mais ça ne correspondrait pas à notre valeur. Après, vous connaissez le foot et vous savez qu'il peut très bien y avoir un accident à la 93e, un tir sur le poteau», avait expliqué début juin le Graët.

L'échec à Bucarest est le plus sérieux accroc de la carrière d'entraîneur de Deschamps, marquée par des succès incontestables à Monaco, à la Juventus Turin, à Marseille et avec les Bleus.








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