Mondial 2018 La quatrième tentative sera-t-elle la bonne pour la Suisse?

ATS

2.7.2018

Après trois échecs consécutifs en 1/8e de finale de Coupe du monde face à l'Espagne (1994), à l'Ukraine (2006) et à l'Argentine (2014), l'équipe de Suisse veut briser cette série négative ce mardi face à la Suède.

Vladimir Petkovic et l'équipe de Suisse doivent briser la malédiction des 1/8e de finale perdus.
Vladimir Petkovic et l'équipe de Suisse doivent briser la malédiction des 1/8e de finale perdus.
Keystone

Trois huitièmes de finale de la Coupe du monde depuis 1994 sans inscrire le moindre but pour trois échecs mortifiants. Trois éliminations pour lesquelles les staffs alors en place endossent une responsabilité parfois écrasante.

Lors de la Coupe du monde 1994, la Suisse s'incline 3-0 en huitièmes de finale face à l'Espagne à Washington sans Alain Sutter, sans doute le meilleur joueur de cette "Dream Team" de 1994 dirigée par Roy Hodgson. Victime d'une fracture à un orteil, le Bernois n'avait pas été ménagé six jours plus tôt à San Francisco lors de la défaite 2-0 devant la Colombie dans un match qui était devenu sans enjeu pour la Suisse après sa formidable victoire 4-1 devant la Roumanie. Sa qualification pour les huitièmes de finale n'était-elle pas déjà acquise ?

Le 2 juillet, la Suisse, avec donc Thomas Bickel pour Alain Sutter, ne tient qu'un quart d'heure face à la Roja qui a le bonheur d'ouvrir le score par Hierro sur une action peut-être entachée d'un hors-jeu. La Suisse reste dans le match jusqu'à la 74e minute et le 2-0 de Luis Enrique. A quatre minutes du coup de sifflet final, Beguiristain sale l'addition sur penalty.

Malgré cette défaite sans appel, la Suisse quitte les Etats-Unis la tête haute. Ce retour en Coupe du monde après une longue traversée du désert de vingt-huit ans est salué par tous les observateurs comme un succès. Il est vrai que le coup-franc de Georges Bregy lors du match d'ouverture contre les Etats-Unis et le 4-1 face à la Roumanie de Gheorghe Hagi ont marqué à jamais les esprits.

2006: l'épilogue le plus tragique

Après avoir raté la Coupe du monde 1998 en France en raison principalement d'une défaite 1-0 à Bakou face à l'Azerbaïdjan qui devait très vite sceller le destin de Rolf Fringer en tant que sélectionneur et celle de 2002 au Japon et en Corée du Sud après une campagne de qualification menée et bâclée par le sanguin Enzo Trossero, la Suisse est à nouveau présente au rendez-vous suprême en 2006 en Allemagne. Elle y connaîtra malheureusement l'épilogue le plus tragique de son histoire.

Victorieuse au premier tour de son groupe devant la France, la Corée du Sud et le Togo, la sélection de Köbi Kuhn affronte l'Ukraine en huitièmes de finale le 26 juin à Cologne. Köbi Kuhn et son staff ont commis une première erreur au coup d'envoi avec la titularisation de Hakan Yakin trois jours seulement après la rencontre de Hanovre contre la Corée du Sud (2-0) que le Bâlois avait également débutée. Or, Hakan Yakin, repêché à l'ultime minute dans la liste des vingt-trois après le forfait de Johan Vonlanthen, n'avait pas les jambes pour enchaîner de la sorte.

La seconde erreur, impardonnable celle-ci, fut le remplacement d'Alex Frei à la 117e minute par Mauro Lustrinelli alors que le score était de 0-0. Se priver de son meilleur tireur de penalty - l'homme qui en avait transformé un de manière imparable dans l'enfer d'Istanbul quelques mois plus tôt - à cet instant du match relève de la faute professionnelle. Pourquoi personne dans le staff, à commencer par son adjoint, n'a-t-il eu le réflexe de signifier à Köbi Kuhn son erreur? Pourquoi personne n'a-t-il sursauté alors que même le joueur entrant a émis des doutes sur la pertinence de ce choix? Autant de questions qui demeurent aujourd'hui encore sans réponse. "Si j'avais été sur le banc ce soir-là, je vous jure que jamais Alex ne serait sorti", fulmine encore aujourd'hui un international qui n'avait pas pu disputer cette Coupe du monde en raison d'une suspension.

Et tout le monde sait aujourd'hui, à commence par les "coupables", que tout aurait changé si Alex Frei avait ouvert cette séance de tirs au but pour la Suisse. Sa seule présence aurait très certainement calmé les nerfs de Marco Streller, de Tranquillo Barnetta et de Ricardo Cabanas, les trois tireurs désignés par Köbi Kuhn qui devaient manquer leur transformation. Ce soir du 26 juin, la Suisse est devenue la première équipe et la seule encore à ce jour à avoir été éliminée en Coupe du monde aux tirs au but sans marquer un seul penalty. La funeste erreur de coachinq qui devrait provoquer ce gâchis doit toujours être soulignée, stigmatisée tel un devoir de mémoire.

Le coup de grâce de Di Maria

Huit ans plus tard au Brésil, la Suisse est très proche à nouveau de jouer son destin aux tirs au but lors de son huitième de finale de Sao Paulo contre l'Argentine. Emmenée par un Xherdan Shaqiri extraordinaire, la Suisse peut croire que l'heure d'écrire l'histoire est enfin venue. Mais l'Argentine exploite une erreur de Stephan Lichtsteiner devant Rodrigo Palacio pour porter le coup de grâce par Angel Di Maria à la 118e minute. Blerim Dzemaili devait toucher le poteau juste avant le coup de sifflet final et que les Suisses ne quittent la pelouse de l'Arena Corinthians ce 1er juillet 2018 avec une montagne de regrets.

Même si l'on ne peut pas lui en vouloir d'avoir joué sur le reculoir avec les introductions de Gelson Fernandes pour Granit Xhaka et de Blerim Dzemaili pour Admir Mehmedi, Ottmar Hitzfeld n'a pas fait tout juste lui aussi lors de cette Coupe du monde. L'Allemand avait laissé au pays un homme - Pajtim Kasami - qui aurait pu apporter cette percussion qui a tant manqué aux Suisses dans cette fin de match à Sao Paulo. Le lendemain lors de la conférence de presse de ses adieux, lui rappeler ce manquement aurait été sans doute un brin déplacé après le concert de louanges adressées par les pontes de l'ASF et le rappel qu'il avait dirigé son dernier match à la tête de l'équipe de Suisse alors qu'il avait eu la douleur de perdre son frère quelques heures seulement avant le coup d'envoi.

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