Une troisième étoile pour enjeu et la revanche de ce qui fut peut-être le plus beau match du Mondial-2018: la France et l'Argentine s'affrontent pour le titre de champion du monde dimanche au stade Lusail à Doha.
«Quand on prend les deux équipes et qu'on les met dans un shaker, on obtient le cocktail parfait pour une super Coupe du monde et une super finale. Vivement dimanche!», se réjouit le champion du monde 1998 Youri Djorkaeff.
Cette rencontre approchant, les deux équipes ont semblé sur des trajectoires divergentes.
Clairement ascendante pour le champion d'Amérique du Sud: passée tout près de l'élimination en phase de poules après sa défaite initiale contre l'Arabie saoudite (2-1), elle est montée en puissance jusqu'à écarter avec autorité la Croatie en demi-finale (3-0).
L'Albiceleste peut compter sur un Lionel Messi en pleine forme, buteur autant que passeur pour son nouveau compère de l'attaque, le jeune Julian Alvarez. Les deux en sont à neuf buts... comme le duo français Kylian Mbappé-Olivier Giroud.
L'ombre d'un virus
Convaincants en poules, dominateurs en huitièmes contre la Pologne (3-1), résilients et cliniques contre l'Angleterre en quarts (2-1, peut-être la rencontre la plus intense du tournoi), les Bleus sont apparus à la peine mercredi en demi-finale contre le Maroc (2-0).
Et une ombre plane au-dessus de l'équipe de Didier Deschamps, qui a concédé à mi-mot qu'un virus rôdait dans l'hôtel des Bleus.
Le sélectionneur des Bleus s'est toutefois montré rassurant sur la présence d'Adrien Rabiot, forfait en demi-finale mais qui a fait son retour à l'entraînement jeudi, tout comme le défenseur central Dayot Upamecano, qui était aussi malade et est resté cantonné sur le banc des remplaçants contre le Maroc.
Le retour de Rabiot est une excellente nouvelle pour la France tant le milieu de la Juventus Turin est un des hommes forts d'une équipe arrivée très diminuée par les nombreux forfaits dans toutes les lignes: le gardien N.2 Mike Maignan, Presnel Kimpembe derrière, Paul Pogba et N'Golo Kanté au milieu, Karim Benzema et Christopher Nkunku devant...
Cette finale laissera une trace dans l'histoire d'un tournoi qui n'a pour l'instant pas accouché de «classique», un de ces matches qui restent dans les mémoires des vaincus, des vainqueurs et des autres.
Elle peut d'abord écrire un peu plus la légende de Lionel Messi en offrant au petit génie argentin le seul titre qui lui manque. Mais aussi le plus grand, celui que Diego Maradona a apporté en 1986 à l'Argentine, pays dingue de foot, qui avait été sacré une première fois en 1978.
Les supporters sud-américains seront sans aucun doute encore dominants en tribunes.
Mais la France aussi a une légende à écrire
Avec cette quatrième finale depuis 1998, elle est la nation la plus régulière de ce dernier quart de siècle, appuyée sur un vivier de joueurs avec lequel seul le Brésil peut rivaliser.
Elle peut surtout devenir la première équipe à conserver son titre depuis soixante ans et le doublé du Brésil de Pelé (1958 et 1962).
Lors de ce Mondial qu'il suit depuis son lit d'hôpital où il lutte contre un cancer du côlon, «le roi» a vu Neymar le rejoindre comme meilleur buteur de la Seleçao (77 buts).
Croatie-Maroc en apéritif
C'est désormais Mbappé qui peut s'asseoir à ses côtés: pour l'instant, la légende brésilienne est le seul joueur à avoir gagné deux Coupes du monde avant de fêter ses 24 ans. Sauf qu'en 1962, Pelé avait à peine joué, diminué par une blessure.
Mbappé avait été le grand bonhomme du triomphe de la France contre l'Argentine en 2018 (4-3), quand Messi avait été décevant.
Avant le sommet de dimanche, qui sera arbitré par le Polonais Szymon Marciniak, la petite finale mettra aux prises samedi la Croatie et le Maroc.
Cela devrait être le dernier match dans une Coupe du monde de Luka Modric qui avait mené à la finale le petit pays balkanique en 2018 à la surprise générale.
L'attaquant Andrej Kramaric assure que la motivation de son équipe ne baissera pas car «gagner une médaille fait de vous un héros immortel» au pays.
Ce statut de «héros immortels», les joueurs marocains l'ont déjà acquis.
Les Lions de l'Atlas sont les premiers à avoir mené une sélection africaine dans le dernier carré. Reste à savoir si leurs corps, usés par leur splendide campagne, répondront encore présents pour pouvoir monter sur le podium: leur capitaine et défenseur Romain Saiss, blessé à une cuisse, est lui d'ores et déjà forfait.