Mondial 2018L'euphorie gagne la Russie après un début de Coupe du monde rêvé
ATS
20.6.2018
Deux victoires en deux matches, huit buts marqués et un seul encaissé: la Sbornaya a fait taire toutes les critiques et le sélectionneur Stanislav Cherchesov, décrié avant le Mondial, prend une belle revanche sur ses contradicteurs.
Une équipe transfigurée, un sélectionneur qui fait enfin l'unanimité et un public aux anges: la Russie est en plein rêve après les débuts parfaits de sa sélection, quasiment assurée d'être en 8es de finale de la Coupe du monde après sa victoire contre l'Égypte (3-1).
Après avoir balayé l'Arabie saoudite (5-0), les Russes ont confirmé avec autorité mardi soir lors de la 2e journée du groupe A. "Ce n'est pas un accident", assurait après le match le sélectionneur Stanislav Cherchesov. Jusqu'au début du Mondial, il semblait pourtant bien le seul à croire en les chances de son équipe.
Qui les attendait?
A eux deux, Artem Dzyuba et Denis Cheryshev ont marqué cinq des huit buts russes depuis le début du Mondial. L'attaquant de l'Arsenal Toula et celui de Villarreal sont le symbole d'une équipe russe qui brille par sa combativité, à défaut de montrer (pour l'instant) de grandes idées dans le jeu.
Les deux hommes ont connu des périodes difficiles. En Espagne, Cheryshev, 27 ans déjà, a été trop souvent handicapé par les blessures et les coups du sort pour voir sa carrière décoller. Quant à Dzyuba, tricard au Zenit Saint-Pétersbourg, il a dû accepter en décembre un prêt à Toula pour retrouver la sélection.
Une statistique illustre la débauche d'énergie de la Sbornaya. Sur les deux premiers matches, les Russes sont les joueurs ayant parcouru le plus de kilomètres cumulés: 118 contre l'Arabie saoudite, 115 contre l'Égypte, quand les autres sélections plafonnent autour de 110 kilomètres courus par match.
Cette "équipe de 23 frères", selon les mots d'Artem Dzyuba, devra encore confirmer face à l'Uruguay le 25 juin. A priori, c'est un niveau au-dessus de l'Arabie et de l'Égypte, mais le plus dur est déjà fait.
Pizza à l'effigie du coach
"La moustache de l'espoir": Ivan Urgant, l'animateur d'un "late-night show" très populaire sur la première chaîne russe, s'en était donné à coeur joie début juin après un énième match amical décevant contre la Turquie (1-1), appelant les internautes à se laisser pousser la moustache pour soutenir Stanislav Cherchesov, en butte "à la météo, aux lois de la physique, à l'anatomie de ses joueurs et à la simple logique!"
Car avant le Mondial, les choix et volte-face de Stanislav Cherchesov étaient critiqués. L'entraîneur de 54 ans a essayé un nombre record de joueurs depuis 2016, semblant souvent tâtonner et créant la surprise jusque dans sa liste des 23, où il a rappelé le vétéran Sergueï Ignashevish (39 ans) ou Yury Gazinsky, qui n'avait plus joué en sélection depuis 15 mois.
Résultat, Gazinsky (28 ans et 6 sélections avant le Mondial-2018) a inscrit le premier but de la compétition et Ignashevish, mardi soir, a totalement étouffé Mohamed Salah. "Cherchesov a encore tout fait parfaitement", titre mercredi le site internet Sports.ru tandis que le quotidien Sport Express salue "le nouveau plan de Cherchesov".
Et le sélectionneur moustachu a conquis les fans... Pizza à son effigie, publicité avec un sosie, il était aussi le plus applaudi par les Russes avant le match contre l'Égypte.
Klaxons et drapeaux russes
Contre l'Arabie saoudite (5-0), la Russie avait fait plaisir à son public, balayant les craintes d'une élimination prématurée après sept matches de préparation sans victoire. Il n'en fallait pas plus pour créer l'engouement, alors que les Russes semblaient jusqu'à présent se désintéresser de leur Sbornaya.
Mardi soir, il était quasiment impossible de trouver une place dans un bar ou un restaurant de Moscou diffusant le match, alors que même les grandes affiches de Ligue des Champions ou du championnat russe ne déplacent habituellement pas les foules. Et l'après-match avait des airs de victoire en Coupe du monde.
Les rues de la capitale russe ont été envahies par les supporters, drapeau russe brandi à bout de bras, et les coups de klaxons ont retenti jusque tard dans la nuit dans une ville plus habituée à les entendre dans les embouteillages.
Vladimir Poutine, lui, était dans l'avion de retour d'une visite à Minsk et n'a pas vu le match mais a été informé du résultat à son arrivée: "Il était ravi", a assuré son porte-parole Dmitri Peskov.