Après sa bourde commise vendredi face au Portugal, David De Gea ne laisse pas indifférent au pays. Si Fernando Hierro dit avoir "une totale confiance" en son gardien, les supporteurs de la Roja sont pessimistes.
Quand les gens se succèdent devant les micros pour prendre votre défense, ça fait peut-être chaud au coeur, mais ça en dit long, aussi, sur le malaise ambiant. David De Gea, considéré comme un des meilleurs gardiens de la planète, plonge l'Espagne dans une forme de circonspection.
"Nous avons une totale confiance en lui." Dans le football, cette phrase, comme un cache-misère, n'est jamais anodine. Prononcée dimanche par le nouveau sélectionneur Fernando Hierro, elle traduit bien les interrogations qui entourent David De Gea, colosse de Manchester United et de la Roja, où il a dû assumer les difficiles successions d'Edwin van der Sar et de San Iker Casillas.
Une bonne partie de l'Espagne est plongée dans la paranoïa: la Selección peut-elle broder une deuxième étoile sur son maillot avec le portier de 27 ans dans les buts ? Coupable de deux erreurs grossières lors de ses trois derniers matches, le Madrilène semble flancher au plus mauvais moment. A l'heure des braves.
Après Lichtsteiner, CR7
Si son intervention ratée sur un tir de Stephan Lichtsteiner, qui avait permis à la Suisse d'égaliser à 1-1 par Ricardo Rodriguez en amical le 3 juin, avait été classée au rang des approximations sans conséquence, sa faute de main sur le tir de Cristiano Ronaldo vendredi passé - le 2-1 du Portugal, score final 3-3 - est devenue mère de toutes les inquiétudes. "Je sais d'expérience que les joueurs ont besoin de confiance, et pas seulement dans les bons moments", a ajouté Hierro.
Non, De Gea n'est pas dans un bon moment. Au point que certains médias espagnols - qui ont, précision importante, la polémique dans le sang - ont ouvertement demandé le remplacement du Madrilène de ManU par Kepa Arrizabalaga (Athletic Bilbao) pour le deuxième match, mercredi contre l'Iran. Mais le sélectionneur a, évidemment, dit niet.
Courtois et Isco à la rescousse
"Les gardiens de but ont une psychologie spéciale. De Gea a besoin de temps et d'oxygène. Et puis, il a tout arrêté ensuite (après son erreur), nous devons être justes avec lui." Le portier de la Roja a même reçu le soutien d'un concurrent, le Belge Thibault Courtois, qui avait pris sa suite à l'Atletico Madrid. "Tout le monde peut faire des erreurs. Mais quand c'est un gardien, dans neuf cas sur dix, c'est but."
Relativiser pour atténuer la portée de la bourde, Isco, le maître à jouer de l'Espagne, a aussi ça dans son répertoire. "Aucun d'entre nous n'aime faire des erreurs. Parfois vous brillez et parfois vous vous trompez, c'est le football. David reste l'un des meilleurs au monde. Il est déjà passé par là et sait comment réagir."
Il est vrai que De Gea n'en est pas à sa première situation délicate. Le gosse surdoué de l'Atleti avait par exemple mis un certain temps avant faire l'unanimité à Manchester United, dans cette Premier League qui maltraite les gardiens et où van der Sar avait laissé le souvenir d'une forteresse (mentalement) inébranlable.
Buffon, Casillas, Neuer
Pourquoi la succession de Casillas en équipe nationale serait-elle alors plus simple à gérer ? Ce San Iker qui a pesé de toute sa classe dans les trois conquêtes espagnoles de 2008, 2010 et 2012. Il ne s'agit finalement que du deuxième tournoi de David De Gea, sur le banc au Brésil voici quatre ans et auteur d'une copie correcte mais sans plus à l'Euro 2016.
La péninsule ne peut cependant rien contre l'angoisse qui point sournoisement. Elle sait qu'elle avait Iker Casillas en 2010, que l'Allemagne avait Manuel Neuer en 2014 et que l'Italie avait Gianluigi Buffon en 2006. Elle sait que, pour devenir champion du monde, dans cet écheveau de matches serrés se jouant sur des détails, elle aura besoin du bon arrêt au bon moment. David De Gea, lui, sait désormais ce qu'il a à faire.
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