Mondial 2018 Suisse - Serbie: Un match pas comme les autres

20.6.2018

Ne pas perdre ! Tel est le mot d'ordre de la Suisse pour le premier affrontement de son histoire face à la Serbie ce vendredi à Kaliningrad.

L'équipe de Suisse avant d'affronter le Brésil.
L'équipe de Suisse avant d'affronter le Brésil.
Keystone

Fabian Schär a été le premier à parler "vrai" dans le camp suisse. Le Saint-Gallois et ses coéquipiers ont parfaitement compris que le point du 1-1 arraché dimanche devant le Brésil à Rostov-sur-le-Don vaut de l'or. Si le Brésil remporte en effet ses deux rencontres contre le Costa Rica et la Serbie, la feuille de route de l'équipe de Suisse est limpide: un point contre la Serbie et un succès le 27 juin prochain devant des Costariciens sans doute démobilisés et démoralisés ouvriront les portes des huitièmes de finale.

La victoire sans lendemain de 2010

Il n'est donc pas demandé l'impossible à une équipe qui n'a perdu qu'un seul des vingt-trois derniers matches qu'elle a livrés. A une équipe au sein de laquelle Stephan Lichtsteiner, Valon Behrami, Gelson Fernandes et Xherdan Shaqiri ne manqueront pas de rappeler le souvenir mortifiant de la victoire sans lendemain contre l'Espagne lors de la Coupe du monde 2010. A une équipe, enfin, qui est dirigée par un très grand entraîneur. Vladimir Petkovic ne cultive peut-être pas l'image presque messianique que véhiculait son prédécesseur de Hambourg à Guin. Mais avec lui, la Suisse non seulement gagne mais, surtout, elle joue vraiment au football.

Vendredi à Kaliningrad dans cette enclave située entre la Lituanie et la Pologne et qui accueille la Coupe du monde en raison de la volonté de Vladimir Poutine de bien signifier que la Russie est également en... Europe, Vladimir Petkovic ne commandera pas à ses joueurs de livrer une bataille défensive. Il leur demandera d'imposer ce jeu de possession qui est devenu leur marque de fabrique depuis deux ans. Mais si la parité est toujours de mise à vingt minutes de la fin du match, il reviendra à la Serbie et non à la Suisse de tout tenter pour cueillir les trois points de la victoire.

Deux hommes de grande valeur

Victorieuse 1-0 du Costa Rica sur un coup-franc d'Aleksandar Kolarov que Yann Sommer aurait peut-être détourné - le placement de Keylor Navas fut pour le moins "suspect" sur la frappe du gaucher de la Roma -, la Serbie est sans doute une équipe qui force un certain respect. Elle possède, en effet, deux hommes de très grande valeur en ligne médiane avec le Mancunien Nemanja Matic, que Jose Mourinho tient en grande estime, et le Laziale Sergej Milinkovic-Savic dont le prochain transfert pourrait se négocier à la hauteur de 100 millions d'euros.

Mais cette équipe accuse certaines faiblesses. Son gardien Vladimir Stojkovic avait été incapable de gagner sa place tant à Nantes qu'au Sporting du Portugal. En défense, Aleaksandar Kolarov et Branislas Ivannovic ont dû quitter la Premier League l'été dernier en raison à la fois de leur âge et de leur relative lenteur d'évolution. Enfin en attaque, le no 9 Aleksandar Mitrovic a été "chassé" cet hiver de Newcastle par Rafael Benitez pour trouver refuge à Fulham, qu'il a aidé, il convient de le préciser pour être tout à fait honnête, à retrouver la Premier League.

Se souvenir de Saint-Etienne

Cette équipe de Serbie apparaît ainsi moins forte que la Pologne de 2016 à Saint-Etienne. A Kaliningrad, le souvenir de ce - maudit - huitième de finale doit accompagner les Suisses. Dans le Forez, la formation de Vladimir Petkovic avait payé le prix fort d'une première période trop timorée, marquée par l'invraisemblable ouverture du score des Polonais.

Personne ne peut oublier que Xherdan Shaqiri avait sonné la révolte avec son égalisation venue d'ailleurs. Il lui sera demandé vendredi de peser de la même manière sur le match. Personne n'a oublié non plus que la Suisse se serait qualifiée si elle avait compté dans ses rangs un grand attaquant. Haris Seferovic n'avait pas été accompagné par la réussite alors qu'Eren Derdiyok avait galvaudé deux chances en or, deux ratés qui expliquent aussi pourquoi il ne figure pas dans la liste des vingt-trois pour cette Coupe du monde 2018.

Comment Vladimir Petkovic peut-il booster cette animation offensive qui demeure le grand chantier de l'équipe de Suisse ? Maintiendra-t-il sa confiance à Haris Seferovic qui n'a plus marqué un seul but dans une phase finale depuis huit matches ou depuis 494 minutes pour être précis ?

Ou lancera-t-il - enfin - Mario Gavranovic dans la bataille. L'ancien joueur d'Yverdon et de Neuchâtel Xamax avait laissé une belle impression le 8 juin à Lugano lors du succès 2-0 dans le Japon. Si l'on admet que la Suisse bénéficiera vendredi de bien plus de munitions dans les trente mètres adverses que dimanche, la titularisation du buteur du Dinamo Zagreb s'impose presque comme une évidence...

Un match pas comme les autres

S'il a le bonheur de le jouer, Mario Gavranovic, lui le Croate d'origine, mesurera très vite que ce match contre la Serbie ne sera pas un match comme les autres. La remarque vaut également pour Vladimir Petkovic, ce Croate né en Bosnie, pour Blerim Dzemaili, qui est né en Macédoine, et bien sûr pour les trois joueurs originaires du Kosovo, Valon Behrami, Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri.

"La question du contexte particulier de ce match dû aux origines de plusieurs de nos joueurs n'est pas venue sur la table", assure cependant Fabian Schär. Mais elle pourrait surgir sur le terrain si des provocations devaient fuser. Granit Xhaka pourrait, ainsi, être particulièrement ciblé après les incidents de Belgrade dans lesquels son frère Taulant avait été impliqué lors du sinistre Serbie - Albanie du 14 octobre 2014. Même si les années ont passé, pas sûr que les plaies se soient complètement refermées.

Retour à la page d'accueil