24 ans 9 mois et 12 jours après la honteuse défaite contre l'Azerbaïdjan, la Suisse livrera ce samedi le deuxième match de son histoire à Bakou. Face au Pays de Galles, elle se doit d'effacer à jamais le terrible souvenir du 31 août 1996 où elle avait perdu d'entrée de jeu toutes ses chances de disputer la Coupe du monde 1998 en France.
Près d'un quart de siècle après le naufrage d'une sélection alors dirigée par Rolf Fringer, la Suisse a bien grandi. Avec cette volonté ferme d'imposer son football quel que soit le standing de l'adversaire, elle dégage une assurance qui tranche avec les errements du passé lointain.
Ce samedi, le Pays de Galles risque bien, malgré la présence de Gareth Bale et d'Aaron Ramsey, d'être désarçonné par ce collectif que Vladimir Petkovic a pu peaufiner l'automne dernier lors des doubles confrontations contre l'Allemagne et l'Espagne. Il n'y a pas en Europe beaucoup d'autres équipes qui jouent aussi bien au football que la Suisse.
Ecrire enfin l'histoire
Le temps est donc venu pour l'équipe de Suisse de boucler la boucle à Bakou, d'écrire aussi l'histoire pour reprendre une expression chère au capitaine Granit Xhaka. Le succès contre l'Espagne lors de la Coupe du monde 2010 et le nul obtenu devant le Brésil huit ans plus tard avaient suscité de grandes espérances.
Elles furent malheureusement vite douchées. En 2010, la défaite contre le Chili de Marcelo Biesla un jour où Ottmar Hitzfeld avait commis l'erreur de ne pas reconduire le onze victorieux contre l'Espagne avait été fatale.
En 2018, les polémiques suscitées par les gestes de Granit Xhaka et de Xherdan Shaqiri lors de la victoire contre la Serbie avaient été beaucoup trop pesantes pour les joueurs et le staff bien trop emprunté dans sa communication. Le huitième de finale qui avait suivi contre la Suède, perdu 1-0 sans vraiment combattre, reste comme la mère de toutes les défaites pour Vladimir Petkovic.
A Saint-Pétersbourg, le sélectionneur n'avait pas su insuffler un nouvel élan à son équipe alors que tout un pays commençait à entretenir les rêves les plus fous. On rappellera que la Suisse s'était retrouvée dans un tableau qui n'avait rien d'infernal et qui devait sourire finalement à la Croatie.
Aujourd'hui, la tâche qui lui est proposée à l'Euro s'annonce ardue. Même si quatre des six meilleurs troisièmes seront également qualifiés, sortir d'un groupe dans lequel figurent l'Italie et la Turquie aux côtés du Pays de Galles ne sera pas évident.
Mais avec le discours très affirmé tenu par son sélectionneur et par ses joueurs, la Suisse n'a pas franchement le droit à l'erreur. Vladimir Petkovic, Granit Xhaka et Yann Sommer n'ont jamais fait mystère de leurs ambitions depuis longtemps. Elles sont sans limite.
Xherdan Shaqiri a les clés
Le sélectionneur espère que ce plafond de verre auquel la Suisse se heurte depuis 2006 se brisera enfin lors de cet Euro. L'une des raisons des échecs contre l'Ukraine en 2006, l'Argentine en 2014, la Pologne en 2016 et la Suède en 2018, réside peut-être dans un manque sur le plan individuel.
Depuis sept ans, seul Xherdan Shaqiri semble en mesure de faire des différences lorsque les circonstances l'exigent. Il y a eu son triplé contre le Honduras en 2014, son égalisation magnifique contre la Pologne en 2016 et son rush victorieux face à la Serbie en 2018.
Derrière lui, c'est un peu le désert. Personne ne peut oublier le raté de Josip Drmic contre l'Argentine ou les occasions galvaudées par Eren Derdiyok face à la Pologne.
Malgré son manque de temps de jeu à Liverpool, le Bâlois demeure l'atout no 1 de l'équipe de Suisse. Vladimir Petkovic a l'immense mérite de bâtir un système qui le place dans un rôle de 9,5. Ce positionnement lui permet d'exprimer pleinement tout son potentiel. Le «Mister» lui a véritablement offert les clés du jeu.
A lui de justifier cette confiance, de mener la Suisse à la victoire dans cet Euro pour relancer une carrière qui n'a sans doute pas, il convient de le dire, répondu jusqu'à présent à toutes les espérances.