France - Suisse Vaincre enfin la malédiction de Lausanne

ld, ats

25.6.2021 - 14:25

ld, ats

Ce lundi à Bucarest, la Suisse bénéficiera d'une nouvelle occasion, la sixième depuis 1994, de gagner pour la première fois depuis 67 ans un match à élimination directe dans une phase finale. Elle tentera de vaincre enfin la malédiction de Lausanne face à la France, Championne du monde en titre, en 8e de finale de l'Euro.

Les Suisses tenteront de vaincre enfin la malédiction de Lausanne face à la France.
Les Suisses tenteront de vaincre enfin la malédiction de Lausanne face à la France.
Keystone

Le 23 juin 1954 à Bâle, la Suisse avait signé son ultime succès lors d'une telle rencontre. Elle avait battu l'Italie 4-1 lors d'un match d'appui du premier tour pour se hisser en quart de finale de la Coupe du monde. Et quel quart de finale ! Dans la fournaise de la Pontaise, la Suisse s'était inclinée 7-5 devant l'Autriche pour concéder sans doute la mère de toutes ses défaites.

C'est comme si ce funeste 26 juin 1954 collait toujours aux basques de l'équipe de Suisse. Depuis lors, elle a livré et perdu cinq matches à élimination directe, tous dans le cadre de huitièmes de finale. Elle en a perdu deux aux tirs un but et un dans les prolongations.

Sur les 540 minutes de jeu au total de ces huitièmes de finale, la Suisse n'a inscrit qu'un seul but. Même s'il aurait dû valoir au moins double, l'extraordinaire ciseau de Xherdan Shaqiri contre la Pologne à l'Euro 2016 n'a pas effacé la malédiction de Lausanne. Ce jour où la Suisse a connu les affres de l'élimination après avoir pourtant mené 3-0 après 19 minutes de jeu. 67 ans plus tard, on se demande toujours comment est-il possible de perdre un tel match...

La malchance en 1994

La malchance a poursuivi lors de la préparation du 8e de finale de la Coupe du monde 1994, à Washington contre l'Espagne, une équipe qui reste aujourd'hui sans doute comme la plus belle de ces soixante dernières années. La Suisse avait dû, en premier lieu, traverser les Etats-Unis d'ouest en est avec un vol de 6 heures et un décalage horaire de 3 heures à assimiler.

L'équipe nationale a ensuite dû déplorer le forfait d'Alain Sutter, l'une des pièces maîtresses de Roy Hodgson, en raison d'une fracture à un orteil. Elle a, enfin, été victime d'une erreur d'arbitrage – un hors-jeu ignoré – sur le 1-0 de Fernando Hierro au quart d'heure. Le nom de l'arbitre néerlandais Mario Van der Ende revêtait une consonance prémonitoire pour les Suisses, finalement battus 3-0.

Erreur de coaching en 2006

Ce n'est pas la malchance – même si l'absence de Philippe Senderos, touché à l'épaule trois jours plus tôt contre la Corée du Sud, fut un immense coup dur – qui a précipité l'élimination de la Suisse lors du Mondial 2006. Mais bien la plus tragique erreur de coaching de son histoire, commise par Köbi Kuhn et son staff.

Aujourd'hui encore, le remplacement d'Alex Frei à la 117e minute par Mauro Lustrinelli sur le score de 0-0 demeure un mystère. Même le remplaçant s'était étonné de ce choix à l'instant de relayer le Bâlois, le frappeur attitré des penalties de l'équipe.

On connaît le cruel dénouement de ce match, qui reste pour bien des observateurs l'un des plus médiocres jamais disputés dans le cadre de la Coupe du monde. Marco Streller, Tranquillo Barnetta et Ricardo Cabanas ont, tous les trois, échoué pour faire de la Suisse la première équipe en Coupe du monde à ne pas transformer un seul penalty lors d'une séance de tirs au but.

Et dire que cette séance avait débuté de la plus belle des manières pour la Suisse avec un arrêt de Pascal Zuberbühler sur une frappe d'Andriy Shevchenko. Dans un monde idéal, Alex Frei aurait dû ensuite s'élancer pour frapper le premier penalty de la Suisse....

Erreur de Lichtsteiner en 2014

Même si – déjà – la non-sélection de Pajtim Kasami s'apparentait également à une erreur de coaching, la Suisse a bien été poursuivie par la guigne à Sao Paulo lors de son huitième de finale du Mondial 2014 contre l'Argentine. A la 118e minute, une erreur de Stephan Lichtsteiner a permis à Lionel Messi d'enclencher une rupture qui fut conclue victorieusement par Angel Di Maria.

Quelques instants plus tard, Blerim Dzemaili trouvait le poteau sur une tête avant de reprendre le ballon du genou gauche pour le voir mourir à quelques centimètres de la cage des futurs finalistes... Marqué par la performance XXL de Xherdan Shaqiri qui avait notamment délivré deux offrandes à Granit Xhaka et à Josip Drmic pour les deux plus belles occasions suisses, ce match restera comme le dernier et le plus homérique livré sous les ordres d'Ottmar Hitzfeld.

Raté de Xhaka en 2016

Le premier tournoi sous la férule de Vladimir Petkovic s'est terminé sur un incroyable raté de son meilleur joueur. Ce fut le paradoxe de cet Euro 2016 en France. Dépositaire du jeu suisse face à l'Albanie (1-0), la Roumanie (1-1), la France (0-0) et la Pologne (1-1), Granit Xhaka fut le seul tireur à échouer lors de la séance contre les Polonais à Saint-Etienne.

Les mauvaises langues assurent que sa frappe a terminé sa course à Marseille. Marseille justement, où un quart de finale contre le Portugal, le futur vainqueur, attendait Granit Xhaka et ses coéquipiers...

Sans venin face à la Suède

Le 3 juillet 2018 restera l'un des deux jours les plus sombres de l'ère Petkovic avec le 16 juin dernier, le soir du naufrage de Rome contre l'Italie. A Saint-Pétersbourg, un Suisse sans ressort et sans venin s'était inclinée 1-0 devant la Suède dans un 8e de finale de Coupe du monde qui devait lui permettre enfin «d'écrire l'histoire».

Battue après une malheureuse déviation de Manuel Akanji sur une frappe d'Emil Forsberg, la Suisse n'avait pas été à la hauteur de l'événement. Mais on allait comprendre plus tard que le Mondial de Granit Xhaka et de Xherdan Shaqiri était terminé depuis le 22 juin et cette victoire 2-1 contre la Serbie qui a suscité tant de polémiques.