En marge de la finale de l'Europa League, qui opposera ce mercredi soir Manchester United à Tottenham, blue Sport s'est entretenu avec le portier neuchâtelois Joel Pereira, qui a défendu à trois reprises la cage des Red Devils lorsqu'ils étaient dirigés par José Mourinho.

Sous contrat avec Manchester United de 2012 à 2021, Joel Pereira n'a jamais vraiment eu sa chance chez les Red Devils. Mais le gardien neuchâtelois, formé à Old Trafford et lancé chez les pros par José Mourinho, garde un lien fort avec le club anglais. Aujourd'hui à Reading, en League One (3e division anglaise), il continue de suivre de près son ancienne équipe. En marge de la finale de l'Europa League que les Red Devils disputeront ce mercredi soir face à Tottenham, le Loclois de 28 ans revient sur ses souvenirs mancuniens… et livre son regard sur la saison compliquée de United. Interview.
Joel Pereira, depuis votre «divorce» avec Manchester United en 2021, que devenez-vous ?
«Actuellement, je suis en vacances après une longue saison avec Reading, en League One (3e division anglaise). Mais quand j'ai quitté Manchester, je suis parti aux Pays-Bas, en première division, au RKC Waalwijk. J'étais à la recherche de temps de jeu. Mon premier match là-bas s'est bien passé, mais lors du deuxième, je me suis blessé au dos. J'ai été «out» sept mois mais n'ai pas joué pendant deux ans. Après cela j'avais donc besoin d'un club qui me fasse confiance et me donne vraiment du temps de jeu, et c’est ce que j'ai trouvé à Reading. Là, je sors d'une saison pleine, tout s'est très bien passé. Maintenant, on va voir ce que l'avenir me réserve.»
Avant de parler de votre futur revenons sur votre passé, quand vous repensez à votre passage à Old Trafford, quel est le premier souvenir qui vous revient ?
«J'en ai deux, en fait. Le premier, ce sont mes débuts à Old Trafford, en FA Cup (ndlr : le 29 janvier 2017). Et le second, c'est mon premier match de Premier League, toujours à Old Trafford, lors de la dernière journée de la saison 2016-2017 contre Crystal Palace (ndlr : victoire 2-0). Et puis, bien sûr, il y a la finale d'Europa League en 2017 également : gagner ce trophée avec l'équipe, c'est un souvenir magnifique.»
Est-ce que vous avez encore des contacts avec certains joueurs de l'effectif actuel ?
«Oui, principalement via Instagram. On s'envoie de temps en temps des petits messages ou alors on se laisse des likes ou un commentaire sous une photo avec Bruno Fernandes, Diogo Dalot ou encore Victor Lindelöf.»
Quel regard portez-vous sur le Manchester United d'aujourd'hui, qui vit une saison, pour ne pas dire des années, très compliquées ?
«Ça fait un peu mal parce que c'est un club que j'aime, que j'admirais d'ailleurs avant même d'y signer. Comme ils disent là-bas, une fois que tu es un Red, tu es un Red pour toujours (Once a Red, always a Red). Une fois qu'on a porté ce maillot, on continue de suivre le club. C'est douloureux de voir un club de cette dimension aussi bas au classement, aussi loin des standards auxquels ses fans sont habitués. Mais ils ont une belle opportunité ce mercredi soir de redresser un peu la barre avec cette finale. Une victoire pourrait leur faire beaucoup de bien. Je pense que sur le long terme, Ruben Amorim est l'homme qu'il faut pour ramener le succès à Manchester.»
Peut-on encore considérer Manchester United comme un grand d'Angleterre ?
«Oui, je pense que Manchester United restera toujours un grand club. Je pense que pour un joueur ce sera intéressant d'apprendre que Manchester United te veut.»
André Onana a été très critiqué cette saison… En tant qu'ancien gardien du club, qu'est-ce que vous lui diriez ?
«Déjà, en connaissant la position de gardien, je peux dire que ce n'est jamais facile quand on traverse une saison compliquée. Et à Manchester, la pression est énorme, de la part des fans, mais aussi et surtout des médias. Il faut aussi rappeler qu'Onana est arrivé pour, si je ne me trompe pas, 45 millions d'euros, et surtout, qu'il a pris la place de David De Gea, une véritable légende du club. Donc avant même de poser un pied là-bas, il avait déjà cette pression de remplir les chaussures, on dit ça en français (rires) ? Enfin bref, avant même de venir à Manchester, il avait déjà une pression énorme.»
«Je pense qu'il doit revenir à l'essentiel. S'il est là, dans un club comme United, c'est qu'il a du talent et du potentiel. Tous les joueurs, et peut-être encore plus les gardiens, passent par des saisons difficiles. Moi j'en ai eu des saisons compliquées. Parfois c'est vraiment dur mentalement, psychologiquement… mais l'important, c'est d'en sortir plus fort.»
Ce soir, Manchester affronte Tottenham en finale de l'Europa League. Cette affiche a été moquée par beaucoup… Qu'est-ce qu'elle vous inspire ?
«Moi, tout ce que j'espère, c'est que Manchester United gagne ce match et et accède à la Ligue des champions. Ce ne sera pas un match facile, clairement. Vu leurs résultats en Premier League, j'ai l'impression que les deux équipes ont un peu abandonné les autres compétitions ces dernières semaines pour se concentrer à fond sur cette finale. À mon avis, ça va se jouer sur des détails et j'ai l'impression que la première erreur sera fatale. Et puis, ça reste une finale européenne. Il ne faut pas sous-estimer cette compétition : de très grands clubs comme l'Athletic Bilbao y participent. Et cette saison, on a eu droit à de superbes affiches, je pense notamment au quart entre Manchester et Lyon, qui était vraiment exceptionnel.»
Vous qui connaissez bien le public anglais, à quoi peut-on s'attendre côté ambiance lors de cette finale ? Avec les saisons que traversent leurs clubs, les fans des deux équipes ne risquent-ils pas de se présenter à Bilbao un peu blasés ?
«Non, au contraire, je pense qu'ils seront très motivés ! Et puis le fait qu'Arsenal et Manchester City - leurs plus grands rivaux - n'aient rien gagné cette saison, ça rajoute un peu de piment. Pour Tottenham, qui n'a plus remporté de trophée depuis… toujours peut-être (rires), c'est une énorme opportunité (ndlr : le dernier triomphe des Spurs en Coupe d'Europe remonte à 1984). Et pour Manchester, vu la saison compliquée, gagner cette finale et finir avec un trophée de plus qu'Arsenal et City, ce serait magnifique. Je pense que les supporters vont vraiment répondre présent.»
Votre préférence on la connait, mais un petit pronostic pour cette finale ?
«Je dirais victoire de Manchester United, sur le score de 2-1.»
Et les buteurs ?
«Bruno Fernandes et pourquoi pas Harry Maguire de la tête.»
Vous avez vaguement évoqué votre avenir au début de cette interview. Afin de boucler la boucle revenons sur le sujet, que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
«Je suis en fin de contrat avec Reading, donc je suis libre. Je sais qu'eux veulent que je reste, mais je pense aussi savoir qu'il y a pas mal d'intérêt de la part de clubs évoluant dans des divisions supérieures étant donné que je sors d'une bonne saison. On verra ce qui se présente sur la table dans les prochaines semaines. L’important sera de faire le bon choix, que ce soit de rester ou de partir. En attendant, je profite un peu, parce que la saison a été longue.»