24H du Mans «Ça va être un peu effrayant» - Ogier roule vers l’inconnu

AFP

1.2.2022

«Je n'ai plus rien à prouver»: l'octuple champion du monde des rallyes Sébastien Ogier va découvrir l'endurance et les 24 Heures du Mans avec Richard Mille Racing, dans un état d'esprit «relax», explique-t-il à l'AFP à l'occasion de la sortie mardi d'un documentaire sur sa carrière.

Sébastien Ogier troquera son bolide de rallye contre un bolide des 24H du Mans.
Sébastien Ogier troquera son bolide de rallye contre un bolide des 24H du Mans.
KEYSTONE

AFP

Ressentez-vous de la fierté en regardant ce documentaire  («Sébastien Ogier, the final season») ?

«Il y a un peu de fierté. Quand l'idée m'a été proposée, j'ai accepté avec plaisir. Je suis fan de ce genre de docu sur d'autres sportifs, sur la musique. Donc proposer ça à la fois à mes fans et à un public différent c'est sympa, pour aussi faire connaitre un peu plus le rallye. Il y a eu pas mal de discussions, de retouches nécessaires sur les premières versions et la version finale est sympa. Ça décrit bien l'ensemble de ma carrière même si c'est sûr que c'est difficile de mettre 16 ans en 1h20 et qu'il manque pas mal de choses dedans. C'est un bel aperçu».

Vous y évoquez la passion de votre père pour la Formule 1 et Ayrton Senna. Avez-vous d'abord rêvé de F1 ?

«Un rêve, on peut dire oui. Après il y a le milieu dans lequel je suis né. Mes parents ont toujours tout fait pour me donner les opportunités, mais c'était inaccessible pour ma famille donc c'est vraiment resté un rêve lointain de jeunesse. Le jour où j'ai connu le rallye, je n'ai jamais eu le moindre regret de ne pas avoir eu d'opportunité en F1. Le rallye est une discipline extraordinaire, hyper variée, avec cette sensation de glisse, dans un environnement unique et super grisant. Il n'y a aucune jalousie de ne pas avoir pu faire de la F1 même si cela offre encore plus de lumière et des revenus encore plus exorbitants.»

Vous entamez un nouveau chapitre en endurance avec Richard Mille Racing en catégorie LMP2. Craignez-vous la défaite ?

«Non. Honnêtement, la probabilité que ce projet-là ne soit pas une réussite est grande. La probabilité que je sois performant en endurance est quand même très faible. C'est ce défi que j'aime, de voir comment je peux progresser et à quel point je peux m'approcher des meilleurs. Je suis assez relax par rapport à ça, je n'ai plus rien à prouver après ce que j'ai fait en rallye. Personne ne m'en voudra (en cas de contre-performance) et si on m'en veut tant pis pour eux parce que je pense qu'avoir réussi ça c'est déjà exceptionnel. Maintenant, si ce projet-là réussit tant mieux, sinon je ne pense pas que je vieillirai aigri ou déçu.»



Après vos derniers essais avec Toyota, êtes-vous prêt pour la compétition ?

«Ça reste encore très frais, très nouveau. Chaque tour je le fais avec la banane. J'apprécie chaque kilomètre, pour l'instant ça progresse dans le bon sens. Mais entre rouler tout seul sur une piste d'essais et naviguer dans le trafic, au milieu d'un peloton assez énorme, il y a un monde».

Que représente rouler au Mans pour vous ?

«Ça va être excitant et un peu effrayant. Je n'en ai aucune idée, je n'ai jamais trop suivi de près mais c'est une course mythique et ce n'est pas pour rien. Ça va être une belle expérience. Et c'est bien de commencer comme ça (en LMP2), et pas de tout de suite être dans une Toyota par exemple (en catégorie reine Hypercar, ndlr). Ca ne serait pas intelligent. La discipline s'est hyper professionnalisée, avec des super pilotes. A moi d'essayer de franchir les étapes, de progresser avant de voir ce qui est faisable à l'avenir.»

Avec Toyota ?

«C'est l'idée, tout est en relation avec eux. Ils pensent que c'était la meilleure idée pour moi pour progresser et éventuellement envisager l'avenir ensemble. Pour l'instant il n'y a rien, on ne se met aucune pression. Après, toutes les grosses équipes essaient d'avoir trois voitures (au Mans). Donc à moi d'être bon pour essayer de pousser Toyota à en avoir trois!»