Il y a 15 ans Il y a 15 ans, Lüthi ouvrait une nouvelle page du sport suisse

ATS

15.5.2020

L'hymne suisse n'avait alors plus retenti à l'issue d'un GP du championnat du monde de vitesse depuis près de 16 ans. Le 15 mai 2005, Thomas Lüthi a écrit une nouvelle page de l'histoire du sport suisse en cueillant au Mans le premier de ses dix-sept succès.

Le 15 mai 2005, Thomas Lüthi s'offrait sa première victoire sur un Grand Prix moto.
Le 15 mai 2005, Thomas Lüthi s'offrait sa première victoire sur un Grand Prix moto.
Keystone

Pilote de 18 ans engagé par la petite écurie Elit, Thomas Lüthi avait créé la surprise en s'imposant sur le circuit français. Il restait sur un exercice 2004 catastrophique, et ne bénéficiait pas de gros moyens financiers au sein du team de Daniel Epp.

Mais ce n'était en fait qu'une demi-surprise. L'Emmentalois s'élançait de la première ligne pour la quatrième fois en quatre courses disputées en 2005, et figurait même pour la première fois en pole position. Il semblait imbattable ce jour-là.

Des acclamations qui résonnent encore

En tête dès le 2e des 24 tours, l'Emmentalois a pu pleinement savourer en piste ce premier succès, acquis avec une marge de trois secondes sur son dauphin espagnol Sergio Gadea. Les acclamations du public lorsqu'il a franchi la ligne d'arrivée résonnent encore dans sa tête, souligne-t-il.

D'autres détails étonnants lui reviennent: «A l'époque, nous jouions au poker pour choisir le pneu arrière, et nous choisissions un mélange plus souple que les autres conducteurs.» Alors que la concurrence doutait que ce pneu dure sur toute la distance de la course, son équipe a pris un risque finalement gagnant, l'usure des pneus étant moins importante avec le séchage de l'asphalte.

Mais son bonheur n'était guère visible lors de la cérémonie de remise des prix. «Je préfère ne plus y penser», glisse en souriant Thomas Lüthi, dont la Honda s'était arrêtée en plein tour d'honneur en raison d'une panne d'essence. «Le règlement stipule que la moto doit être garée dans le 'Parc fermé' à un moment donné après la course. Un échantillon de carburant peut également être prélevé. J'avais donc peur que ma victoire ne compte pas».

Son scepticisme a cependant rapidement fait place à une joie immense. Thomas Lüthi et Daniel Epp, qui est encore aujourd'hui son manager, ont pu fêter ça comme il se doit au Mans. Comme tout son village de Linden où Hansueli Lüthi, son père, ne fut pas le seul à profiter du fait que le lundi suivant était un jour férié...

Piloter, sans trop réfléchir

Cette victoire avait fait de Thomas Lüthi un prétendant au titre. Il allait prendre la tête du championnat du monde début juin, grâce à une 2e place au Mugello. «Au début de ma carrière, je pilotais sans trop réfléchir. J'aimais simplement rouler vite. D'une certaine manière, ça a bien marché», lâche-t-il avec une certaine nostalgie en songeant à cette insouciance juvénile.

Le Bernois, qui affiche aujourd'hui plus de 60 podiums à son tableau de chasse, allait même devenir quelques mois plus tard le premier Suisse sacré champion du monde de vitesse depuis 1985 (Stefan Dörflinger, en 80 cm3). «Toute ma saison a été le reflet de cette course du Mans. Presque tout a fonctionné, de manière inespérée. J'ai aussi eu la chance nécessaire de mon côté», reconnaît-il.

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