A couper le souffle Un Français réalise un exploit vertigineux

AFP

30.11.2021

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Sa moto propulsée comme une fusée à 170 mètres au dessus du sol depuis la falaise d'Avoriaz, le champion Tom Pagès est resté suspendu trois secondes dans les airs, le temps d'envoyer un double salto avant, accroché à sa bécane. Un exploit vertigineux.

Vidéo Youtube

Le sourire d'un gamin malicieux aux lèvres, Tom Pagès raconte à l'AFP l'histoire folle vécue durant presque deux ans pour un final de haut vol, immortalisé dans une vidéo ayant déjà atteint 15 millions de vues en seulement trois jours d'existence sur les réseaux sociaux ("Flight Mode" par Red Bull).

«C’est là encore», dit Pagès, en posant une main sur son coeur. «J’ai vécu un moment intense. Quand je vous en parle, je le vis encore !»

Mi-octobre, le multiple vainqueur des X Games (compétition de référence dans les sports extrêmes) s'est élancé depuis une rampe de 15 mètres de long et de 7 mètres de haut, qu'il a lui même confectionnée, et installée en aplomb de la falaise d'Avoriaz. Au bout, le grand vide.

Lancée à pleine vitesse, sa moto a fait un bond de cinquante-cinq mètres au bout duquel Pagès a réalisé un double front flip inédit, avant de chuter l'espace de deux secondes. Il a actionné alors son parachute et celui installé dans le siège de la moto. L'homme et la machine, chacun de leur côté, ont atterri sans encombre, 30 secondes plus tard.

«C'était le rêve absolu de pouvoir faire ça. Réaliser pendant ce saut une figure, si possible impossible à faire sur une distance normale, un truc plus dingue parce qu'on avait plus de temps», explique le champion de FMX, ou moto freestyle.

Plus haut, plus loin

Ce sport, très spectaculaire mais aussi dangereux, demande à ses pratiquants puissance, dextérité et grande concentration pour signer des figures acrobatiques aériennes avec un engin de 95 kg dans les mains. Pagès est reconnu comme le maître de la discipline tant il l'a dominée en la faisant sans cesse évoluer à coups de figures inédites plus incroyables les unes que les autres.

«On utilise une moto de cross pour faire des sauts sur une rampe, un tremplin et pendant ce court terme où je suis en l’air, il faut faire une figure, lâcher les mains, les pieds, à l’envers à l’endroit. C’est mon quotidien depuis 15 ans», souligne le sportif nantais.

«Aller plus haut, plus loin, jusqu’au jour où il faut aller tellement haut qu’il faut un parachute», poursuit-il.

Adepte du parachutisme depuis 12 ans, Pagès a eu cette idée «dingue» d'allier FMX et parachutisme après une discussion avec son ami Vince Reffet, membre du duo des Soul Flyers (auteurs notamment d'exploits en wingsuit), qui s'est tué lors d'un vol d'entraînement il y a tout juste un an.

«Il fallait trouver le lieu. Sur une falaise, on peut aller loin, sur un pont on peut aller plus haut parce qu'il n'y a pas besoin de distance», se remémore-t-il. «Il fallait faire une figure cool, on a trouvé Avoriaz. Faire un saut droit sur ce projet n’avait pas d’intérêt, il fallait une projection de plus de 35 mètres. La falaise n'est pas droite (à Avoriaz), elle avance un peu. Trente-cinq mètres de long, je sais faire en freestyle, il me fallait une rampe longue qui m’envoyait loin. C’était cool d’imaginer ça».

«J'ai peur»

Pagès s'est entraîné en saut avec les meilleurs, en parachutisme (depuis un avion), en base-jump (chute libre d'un point fixe comme une falaise) mais aussi en soufflerie. Plus de 200 sauts sur cette année.

«Et au moins 120 de falaise, ce qui n'est pas mal. En base-jump, c'est difficile de faire plusieurs sauts par jour parce que c’est de la montagne, faut faire de la marche. J’ai appris à marcher !»

Et puis le moment tant préparé est arrivé. Il y a eu trois sauts au total: un saut droit (sans figure), un saut avec un double frontflip légèrement improvisé alors qu'il ne comptait en lancer qu'un.

«Là, il y a eu beaucoup d'appréhension. Ca met plus d'adrénaline, plus de peur. Cette peur dans le sport est quelque chose qui m’anime. Quand je dis+'j’ai peur+, c’est une excitation, une façon de me dire: +Quelle chance tu as d’être ici à ce moment-là!+», confie-t-il. Une nuit est passée. Et «le lendemain, c'est passé nickel!»