C'était un pari, comme toujours avec Balotelli, et il est perdu, comme trop souvent avec l'éternel espoir déçu du football italien. A Brescia, la ville où il a grandi, l'attaquant ne s'est pas relancé et l'histoire est en train de se finir très mal.
La fin de la brève aventure de Balotelli à Brescia est tout entière dans une courte vidéo qui a fait le tour des sites internet italiens le 9 juin. On y voit l'attaquant se présenter devant les grilles du centre d'entraînement, masque sur le visage, et un employé du club lui interdire l'entrée. Balotelli parle quelques instants au téléphone, une voiture passe la grille, le portail se ferme à nouveau et Balotelli s'en va.
Interdit d'entraînement? Comme depuis plusieurs semaines, le club et le joueur se renvoient la balle. L'ancien buteur de l'Inter Milan, de Manchester City ou de Marseille assure avoir souffert d'une gastroentérite, puis de douleurs au dos.
Le club, lui, est déjà passé à autre chose. Un courrier de licenciement est parti au début du mois de juin, la procédure est en cours et l'équipe défend ses minces chances de maintien (19e à huit points du premier non-relégable) avec en pointe les moins médiatiques Torregrossa, Donnarumma ou Ayé. Et mercredi à San Siro, face à l'Inter Milan, l'équipe de ses débuts professionnels, Balotelli sera de nouveau absent.
«Le groupe a pris une route et lui une autre. Sur Zoom, pendant la quarantaine, on ne l'a pas vu. Même s'il dit qu'il se sent bien, il n'est pas au niveau de ses équipiers», avait expliqué mi-juin Diego Lopez, le nouvel entraîneur de l'équipe. Brescia a été guidé par trois techniciens cette saison et le deuxième, le champion du monde 2006 Fabio Grosso, avait lui aussi choisi de faire sans Balotelli, un temps écarté pour cause de manque de vigueur à l'entraînement.
Talent gâché
Après avoir manqué les premiers matches de la saison du fait d'une longue suspension héritée de son expérience marseillaise, Balotelli n'a finalement joué que 19 matches avec Brescia, pour cinq buts seulement. Le bilan est bien maigre alors que l'idée d'un retour à Brescia, où il a grandi dans sa famille adoptive, pouvait sembler séduisante.
«Ma mère a pleuré quand elle a su que je revenais à Brescia, elle était très heureuse de cette décision. Et mon père (réd: décédé en 2015) rêvait de me voir jouer chez lui», avait raconté l'avant-centre lors de sa conférence de presse de présentation au mois d'août.
L'objectif collectif était le maintien en Serie A et celui individuel de marquer suffisamment pour retrouver durablement la Nazionale de Roberto Mancini, proche depuis toujours de Balotelli. Mais même lui a été déçu. «Un pari perdu? Je ne sais pas. J'aime beaucoup Mario, depuis qu'il est gamin et qu'il faisait des choses extraordinaires. Je lui ai dit mille fois qu'il est en train de gâcher un énorme talent», a regretté «Mancio».
«Il a un physique incroyable, la vitesse, la technique, et à 30 ans il est en pleine force de l'âge. J'espère qu'un jour il va se réveiller et changer, tout à coup. C'est difficile mais j'espère que ça va arriver», a ajouté le sélectionneur.
Au cours d'une saison marquée aussi par les cris racistes dont il a été victime à Vérone, le talent de Balotelli n'est presque jamais apparu. Pourtant, il n'y a presque rien eu à signaler non plus en dehors du terrain et le joueur semble effectivement assagi.
Simplement, son niveau sportif ne s'approche plus jamais de celui espéré. «Super Mario» est devenu «Moyen Mario» et pour se souvenir de l'immense espoir qu'il a été, il ne reste plus que les images de son doublé face à l'Allemagne en demi-finale de l'Euro 2012. C'était il y a huit ans presque jour pour jour et elles tournent encore en boucle sur les télévisions italiennes.