A 72 ans, être l'objet de tous les désirs! C'est le cas de Jupp Heynckes au Bayern Munich, où Uli Hoeness et Karl-Heinz Rummenigge, les dirigeants historiques du club, le courtisent avec assiduité pour qu'il prolonge son contrat en 2019.
"Nous venons de jouer 17 matches avec lui, et nous avons remporté 16 victoires. Tous les joueurs l'aiment. L'ambiance au club est sereine. Nous serions très mal inspirés de le laisser partir sans nous battre pour cet homme qui n'est pas seulement un bon entraîneur, mais également une personne extraordinaire", lance Rummenigge, président du directoire des champions d'Allemagne.
Le président du club "Uli Hoeness est en train de mener une offensive de charme, et très honnêtement, je la soutiens totalement", ajoute l'ancien attaquant international.
Couvert de gloire après son triplé championnat/coupe/Ligue des champions 2013, assez riche pour n'avoir plus besoin de remettre le survêtement de travail, Heynckes le magicien a pourtant été clair lorsqu'il a accepté ce "job intérimaire", par amitié pour Hoeness et pure passion pour le Bayern: un contrat jusqu'au 30 juin, et pas question de rempiler la saison prochaine.
Endurance extrême
"Pour faire ce travail comme je le fais avec mes collaborateurs, il faut une discipline personnelle et une endurance extrême", a-t-il argumenté cette semaine dans une très longue interview au magazine Kicker: "Je vais avoir 73 ans (le 9 mai/ndlr) et à cet âge-là, on ne sait pas combien d'années la vie va encore vous donner".
Sorti de sa retraite début octobre après quatre ans d'inactivité, il a remplacé au pied levé Carlo Ancelotti, limogé au soir d'une déroute 3-0 à Paris en Ligue des champions. Du jour au lendemain, il a quitté seul sa belle résidence dans la région du Rhin, laissé son épouse et son chien Cando ("qui ne mange plus pendant deux jours chaque fois que je repars"), et s'est installé à l'hôtel à Munich.
A peine arrivé, il s'est mis au travail: entraînements durcis, schéma tactique précisé, et discipline de fer à tous les étages. En trois mois et demi, le Bayern est passé de la deuxième place à cinq points du leader Dortmund à la première, avec 13 points d'avance sur son dauphin Leipzig.
Très rapidement, la question de prolonger ce faiseur de miracles s'est posée, d'autant plus ouvertement qu'aucun des successeurs pressentis ne semble soulever l'enthousiasme des dirigeants.
Ne pas lui forcer la main
"Nous avons décidé que nous voulions un entraîneur allemand, Jupp Heynckes serait l'entraîneur allemand idéal", explique Rummenigge, "mais avec lui nous devons aussi avoir un peu de patience. Nous devons accompagner Jupp avec toute l'élégance nécessaire, sans lui forcer la main".
L'opération "séduction" s'annonce délicate, tant le coach, ancien attaquant star du grand Mönchengladbach et champion du monde 1974 avec l'Allemagne, a une haute idée de sa mission et de l'engagement qu'elle implique. "Si je n'avais pas eu l'impression de pouvoir faire ce travail avec autant d'énergie, je n'aurais pas dit oui", glisse-t-il. "Lorsque j'ai commencé, j'étais plus en forme que maintenant, parce que j'avais plus de temps pour faire du sport et des promenades avec Cando".
Lothar Matthäus, une autre légende du club, croit pourtant que le vieux sage va finir par céder à ses "amis": "Karl-Heinz Rummenigge et Uli Hoeness l'adorent. Les stars du Bayern l'adorent. Les supporters l'adorent, et même les supporters adverses!". "Aucun entraîneur du Bayern n'a jamais bénéficié d'un tel engouement. C'est pourquoi le Bayern doit tout mettre en oeuvre pour le garder (...) Je suis convaincu qu'il y a une chance très réaliste que Jupp reste un an de plus".
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