Le football retrouve ses droits samedi. La Bundesliga est le premier grand championnat à reprendre une saison interrompue par la pandémie du coronavirus.
Cette reprise se fera à huis clos, et suscite à la fois un immense enthousiasme auprès des fans et un réel scepticisme face aux mesures de protection sanitaire auxquelles elle doit faire face.
Les équipes sont, ainsi, confinées depuis une semaine. A l'image de Lucien Favre et des joueurs du Borussia Dortmund qui séjournent à l'hôtel... «L'Arrivée» et qui ne savent pas encore s'ils auront le feu vert pour regagner leurs foyers samedi à l'issue du derby contre Schalke 04.
«Nous devons témoigner d'une discipline extrême pour justifier la confiance des autorités politiques et sanitaires, souligne ainsi le patron du Bayern Munich Karl-Heinz Rummenigge. Si cette reprise se passe bien, nous aurons démontré que le «made in Germany» fonctionne toujours à merveille.» L'ancien buteur du Servette FC est parfaitement conscient que cette reprise offre une vitrine extraordinaire à la Bundesliga. «Samedi, c'est plus d'un milliard de personnes qui nous regarderont jouer», ajoute-il.
CEO de la Deutsche Fussball Liga (DFL), Christian Seifert est le grand artisan de cette reprise. Il a su convaincre le monde politique de la «nécessité» de rejouer très vite au football. Mais il sait aussi que rien n'est acquis, que personne ne peut assurer que la Bundesliga verra la ligne d'arrivée le 27 juin. Si un joueur est infecté, son équipe risque d'être assignée en quarantaine par l'autorité sanitaire de son «Land». Si deux ou trois équipes le sont, la saison ne pourra pas se conclure. «Nous marchons vraiment sur des oeufs», lâche le directeur sportif du Borussia Mönchengladbach Max Eberl.
Dortmund très vite fixé
Sur le plan sportif, la donne est connue: il reste encore neuf journées à jouer et le Bayern mène le bal avec 4 points d'avance sur Dortmund, cinq sur le RB Leipzig et six sur le Borussia Mönchengladbach. Avec les venues de Schalke 04 et du... Bayern Munich avant la fin du mois, le Borussia Dortmund sera très vite fixé. Le club de Lucien Favre souffre d'un double handicap à la veille de cette reprise: il disputera, d'une part, ses deux rencontres à domicile les plus importantes de la saison sans le soutien de ses 80'000 fans et il devra, d'autre part, composer pour cette reprise sans quatre titulaires: Dan-Axel Zagadou, Emre Can, Alex Witsel et Marco Reus.
En raison de la blessure de Zagadou qui ne devrait plus rejouer cette saison, Manuel Akanji retrouvera la lumière. Devenu père pour la première fois dimanche, le défenseur zurichois doit démontrer que son avenir peut toujours s'écrire à Dortmund malgré la perte de son statut de titulaire. A force d’enchaîner les erreurs de placement, l’international suisse s’est vu préférer un joueur de 34 ans, Lukasz Piszczek...
Breel Embolo doit encore se battre
D'autres joueurs suisses abattront une carte importante lors de cette fin de saison. A Mönchengladbach, qui devra apprendre à vivre sans Denis Zakaria (opéré à un genou la semaine dernière), Breel Embolo devra, lui aussi, convaincre son entraîneur pour gagner une place de titulaire qui n'est pas encore acquise. A Wolfsburg, Kevin Mbabu doit, quant à lui, profiter pleinement de l'absence prolongée de son concurrent direct William pour s'imposer sur le flanc droit. Enfin, à Augsbourg, l'arrivée d'un nouvel entraîneur en la personne de Heiko Herrlich pourrait relancer Stephan Lichtsteiner auquel Martin Schmid marchandait sa confiance.
Le club bavarois, qui a vu briller en début de saison Ruben Vargas, aborde le sprint final avec un matelas confortable de neuf points sur le Werder Brême, le premier relégable. Présent en Bundesliga depuis 40 ans, le club hanséatique, où Michael Lang est toujours relégué au bout du banc, risque bien, deux ans après le SV Hambourg, d'être le deuxième club «historique» de la Bundesliga à vivre les affres de la relégation.