Les supporters et ses coéquipiers l'apprécient tout autant: Breel Embolo (23 ans) ne peut lui-même expliquer la cote de popularité qui peut être la sienne.
Avec son dynamisme et son empathie, l’international helvétique est, il est vrai, un footballeur qui ne peut que marquer les esprits. Après des années compliquées à Schalke, l'attaquant était bien lancé à Mönchengladbach avant que la crise du coronavirus ne stoppe son élan. Il évoque la situation pour Keystone-ATS.
Comment vivez-vous ce repos forcé ?
«J'essaie malgré tout de vivre aussi normalement que possible. Nous avons désormais le week-end du temps libre comme jamais auparavant mais mes journées restent bien remplies. Le grand vide du début de la crise est loin. Aujourd'hui comme joueurs, nous avons un peu plus de perspectives. Il y a de fortes chances pour retrouver la compétition à moyen terme. Cela aide.»
Les effets du coronavirus affectent-ils votre forme physique ?
«Les entraînements individuels m’avaient déjà, dans un premier temps, rassuré sur mon état de forme. Maintenant, nous nous entraînons en petits groupes, nous courrons, nous centrons, nous tirons. Les coaches doivent toujours innover. Chacun s’efforce de retrouver sa meilleure forme malgré les restrictions.»
La saison s'est arrêtée en pleine compétition. Est-ce que la pression mentale s'est évaporée ? Ou une autre forme de stress est-elle apparue ?
«La raison de l'interruption est une maladie. Pour beaucoup de gens, il s'agissait d'abord de rester en bonne santé et de ne pas perdre son emploi. Cette peur déclenche du stress. Nous voulons tous revenir au quotidien, nous évaluons à nouveau l'importance de la santé et comme c'est beau de simplement pouvoir travailler. Nous sommes conscients ces jours de la valeur d'une normalité sans vague.»
Mais la menace de matches à huis clos jusqu'à la fin de l'année existe ?
«Je ne m'en préoccupe pas. Pour moi, c'est d'abord la chance de pouvoir jouer au football qui prédomine. Pour le reste, on verra plus tard. Il faudra faire avec jusqu’au jour où nous aurons à nouveau le bonheur de jouer dans des stades pleins.»
Vous êtres très apprécié autant par le public que par vos coéquipiers. Comment l’expliquez-vous ?
«J'entends ça souvent. Mais franchement, je préfère l’authenticité à la popularité. J’aimerais que l’on me voit comme un homme qui ne triche pas. Je me suis toujours efforcé de l’être, comme jeune joueur à Bâle, plus tard à Schalke et maintenant ici à Gladbach. Je suis les principes enseignés par mes parents. Je fais des fautes, je ne suis pas un perfectionniste. Mais je m'occupe des miens, j'essaie d'être à l’écoute de mon entourage. J’aime rencontrer les gens.»
A Gladbach, une chanson pour vous a été composée et jouée dans les travées du stade...
«Oui, je m'en souviens. Je venais avec Michi (Lang) et Thuram sur le terrain d'entraînement. Tout d'un coup, j'entendais chanter notre speaker et notre commentateur radio. Cela m'a, à la fois, touché et gêné. Je ne savais pas comment je devais réagir. Une très beau moment en tout cas. Pourquoi les gens ont-ils de telles idées ? Peut-être que mon nom rime particulièrement bien...»
A 23 ans seulement, vous avez un parcours presque atypique : sur le plan sportif, vous évoluez bientôt depuis quatre ans à l’étranger et vous avez déjà disputé une Coupe du monde et un Euro. Sur le plan personnel, vous être déjà père de deux enfants. Etes-vous conscient que vous n’êtes pas vraiment un homme comme les autres ?
«Sur le plan sportif, mon bilan est correct. Il aurait pu être meilleur avec plus de buts, plus de titularisations, plus de bonnes performances. Seulement tout ne va pas toujours comme on le pense».
Avez-vous un plan de carrière ?
«J'ai déjà réalisé bien des rêves: j'ai évolué dans les plus beaux stades du monde, j'ai joué pour mon pays au Mondial et à l'Euro, je suis en bonne santé, je gagne assez d'argent pour offrir une vie sans souci à ma famille. Et j'ai encore plusieurs bonnes années devant moi.»
Au Borussia, vous avez retrouvé un nouveau souffle. Pour vous, ce choix était-il le bon ?
«Je peux pleinement m'exprimer dans une équipe qui vit très bien. J'ai été très vite intégré dans ce club. Je sens que l'on compte sur moi. Je sais aussi que le club veut franchir un nouveau palier. Cela tombe bien, moi aussi !»