Equipe de France Equipe de France: le staff de 2010 balance sur le "Fiasco de Knysna"

Teleclub NL

21.5.2020

Tous membres de l'équipe de France lors du Mondial 2010, Robert Duverne, François Manardo et Jean-Louis Valentin sont revenus sur le "Fiasco de Knysna" dans l'émission "Team Duga", diffusée mardi sur RMC.

Lors la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, l'équipe de France avait écrit l'une des pages les plus sombres de son histoire. Le 20 juin 2010, les joueurs des Bleus avait, en effet, refusé de s'entraîner en pleine compétition pour protester contre l'exclusion de leur coéquipier, Nicolas Anelka, après des insultes envers son sélectionneur Raymond Domenech.

Un mauvais souvenir que se sont remémorés trois anciens membres de l'EDF, présents lors du fiasco de Knysna (lieu d'entraînement des Tricolores lors du Mondial), mardi dans l'émission "Team Duga" sur RMC. Préparateur physique de l'équipe à ce moment-là, Robert Duverne est revenu sur cette journée inattendue. "Je vois les joueurs traverser la pelouse pour aller signer des autographes vers ces gamins qui étaient invités. Et en fait il n’y a pas le protocole habituel où les gars descendent avec les chaussures, puis vont vers le banc pour les enfiler", s'est-il souvenu.

"C’est à ce moment-là que je devine qu’il se prépare quelque chose. Les joueurs ne sont pas équipés pour s’entraîner. C’est pour ça que je m’approche du duo (Evra et Domenech), pour m’enquérir de la situation." L'image de Duverne jetant de rage son chronomètre après son altercation avec l'ex-capitaine des Bleus avait fait le tour du monde. Un geste qu'il a tenté d'expliquer.

"J’ai un 'body language' qui est assez expressif, ça fait partie de ma personnalité. (...) Raymond (Domenech) me dit: 'Robert, il y a des caméras en haut sur la colline.' Pat (Evra) aussi. Ils n’ont pas envie de ça devant les caméras. Ils m’avertissent à plusieurs reprises. Je reste focalisé et énervé", s'est-il rappelé. "On est un peu à bout de nerfs par rapport aux sacrifices consentis et à la compétition. Je m’emporte. Mais je ne m’emporte pas parce qu’il y a des propos insultants. Je m’emporte pour être convaincant et dire: ça ne peut pas se passer comme ça."

Manardo: "J’entends alors comme des bruits de mitraillette"

Pour François Manardo, alors chef de presse de l'équipe de France, cette journée avait également été intense, les médias lui réclamant sans arrêt une réaction. "J’en avise le directeur de la sécurité de l’équipe de France. Il est totalement affolé quand il décroche le téléphone. Je n’ai même pas le temps de formuler la question parce qu’il me dit: 'Ils ne vont pas s’entraîner, ils sont en basket' ", a-t-il raconté.

Avant d'être témoin de la dispute entre Evra et Duverne: "Je raccroche et j’entends alors - j’ai encore le bruit dans l’oreille, dix ans plus tard - comme des bruits de mitraillette. En fait, les photographes voient la scène entre Robert (Duverne) et Patrice Evra qui commence à s’envenimer." Après cette querelle, les "grévistes" décident de retourner dans leur bus, alors qu'Evra demande à Manardo de lire un message face aux caméras du monde entier.

"Evra me tend un papier et me dit simplement: 'Va lire ça, c’est de la part des joueurs de l’équipe de France'. Je lis le truc en diagonale et je comprends que c’est un acte de solidarité vis-à-vis de Nico (Anelka) qui a été dégagé la veille", a-t-il précisé. "Pour moi qui suis salarié de la Fédération, il est hors de question de lire ce communiqué. Ils l’ont pondu et imaginé. Je n’ai pas à le lire, donc je monte dans le bus pour dire à Pat: 'Vous faites ce que vous voulez, c’est à vous de le lire. Tu es le capitaine, c’est à toi de le lire'."

C'est finalement Raymond Domenech, lui-même, qui avait fait face à la presse et qui avait lu le communiqué de presse "pour arrêter cette mascarade et pour que ce psychodrame s'arrête."

Valentin: "C’est une faillite collective"

De son côté, Jean-Louis Valentin, directeur délégué de la Fédération française de football (FFF) à cette époque-là, avait immédiatement démissionné de son poste après l'incident. Selon lui, la grève des 22 sélectionnés ne s'était pas faite sur un coup de tête. "Ce qui s’est passé, c’est qu’on a été totalement piégés. On avait discuté toute la journée de la veille avec les joueurs. (...) L'exclusion d'Anelka a duré 24h pendant lesquelles on a essayé de mettre les choses au clair en essayant d’ailleurs d’éviter cette décision ultime", a-t-il affirmé.

"Nous pensions très sincèrement que l’épisode était clos. Pas dans des conditions brillantes certes, mais qu’on allait pouvoir se projeter sur le match de l’Afrique du Sud. Si on avait eu le sentiment ou l’impression que se préparait un scénario de ce type, nous aurions tout fait pour l'éviter. On aurait réglé les choses en amont. C’est une faillite collective", a-t-il alors reconnu.

Avant de fustiger la gestion du sélectionneur Domenech, déjà pointée du doigt par certains ex-Bleus ces derniers temps"Il n’y avait pas une relation fluide entre les joueurs et Domenech, ni entre Domenech et le président (de la FFF). Je pense que Domenech est arrivé psychologiquement fatigué à cette Coupe du monde. Il y avait eu un climat de remise en cause à la fois de l’équipe de France, de la fédération et du sélectionneur. Pendant deux ans, c’était très dur à vivre, y compris pour les joueurs", a conclu Valentin.

La suite, on la connaît. La France s'inclinait sans gloire face au pays hôte lors de son troisième match (2-1) et quittait l'Afrique du Sud par la petite porte sans aucune victoire dans les bagages (un nul et deux défaites).

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