Sera-t-il cet été l’un des acteurs du carrousel des gardiens que l’on annonce depuis des semaines en Super League? Remarquable depuis le début de saison dans la cage du Servette FC, Jérémy Frick pourrait, en effet, prochainement rebondir sous d'autres cieux.
Son nom a circulé à Montpellier et à Young Boys notamment. «Mais pour l'instant rien ne bouge, explique le Genevois de 26 ans qui est sous contrat avec le Servette FC jusqu'au 30 juin 2022. Mais il suffit d'un départ dans un seul club pour que tout s'enclenche. En Suisse ou ailleurs.»
A 26 ans, celui qui a été formé à Lyon voit son destin lié surtout à ceux de Jonas Omlin et de David von Ballmoos. La saison aboutie qu'il est en train de livrer et sa maîtrise du «Schwyzerdütsch» sont deux raisons qui laisseraient penser que sa carrière pourrait s'écrire bientôt de l'autre côté de la Sarine, à Bâle ou à Berne.
La seule équipe à n'avoir par perdu contre YB
Mais pour l'instant, seul le quotidien compte pour Jérémy Frick. Cet enchaînement des matches tous les trois jours, qui lui a fait comprendre «qu'un gardien pouvait être aussi fatigué même s'il ne courait pas», lui propose ce mardi la venue des Young Boys. «Servette est la seule équipe contre laquelle les Bernois n'ont pas encore gagné cette saison en championnat, note-t-il. Ils ont pris 3-0 à La Praille l'automne dernier. J'imagine qu'ils aborderont cette rencontre avec un sentiment de revanche. Et samedi ils ont gagné 6-0 contre Xamax sans avoir vraiment dû forcer. Nous en revanche, nous avons dû batailler dans le même temps à Lucerne...»
Même si la manière avec laquelle il plante le décor de ce match laisse penser que le Champion en titre aura la tâche facile, Jérémy Frick aborde ce rendez-vous de prestige en toute sérénité. Il sait que le SFC dégage depuis le début de saison une sorte de force tranquille qui explique en grande partie sa très belle quatrième place au classement. Une force tranquille que l'absence de victoire depuis le «restart» n'altère pas. «Nous avons manqué de réussite sur nos deux premiers matches contre Lugano et à Sion, explique-t-il. Quant à la rencontre de Lucerne, nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes après avoir mené 2-0 à la mi-temps. Sur ces trois rencontres, nous étions la meilleure équipe sur le terrain.»
Titulaire à Servette depuis l'été 2016, Jérémy Frick a dû faire face à un certain scepticisme avant son baptême du feu il y a douze mois bientôt en Super League. «En Challenge League, personne ne remarque que le gardien du Servette FC livre une belle saison», sourit-il. Il en a accompli trois dans ce relatif anonymat avant le grand saut dans l'élite. «En Super League, un gardien est beaucoup plus exposé», note-t-il. Il a su tirer parti de ce nouveau miroir pour s'affirmer vraiment comme l'un des trois meilleurs gardiens du pays avec une multitude d'arrêts qui ont frappé les esprits.
«Je ne nourris aucun regret»
Avant de trouver son bonheur à Genève, Jérémy Frick a vécu un parcours singulier. Il a, en effet, rejoint le centre de formation de Lyon où il fut ensuite considéré comme le no 3 derrière Anthony Lopez et Mathieu Gorgelin. «Si Rémy Garde était resté l'entraîneur de Lyon à l'été 2014, j'aurais peut-être eu la possibilité de devenir le no 2 derrière Lopez, lâche-t-il. Mais à un moment donné, je n'avais pas d'autre alternative que de partir.»
Après un prêt de six mois au Servette FC, les mois justement au cours desquels Hugh Quennec et Pascal Zuberbühler avaient bien failli entraîner le club dans les abîmes, le gardien était transféré en 2015 à Bienne. «Tout était pourtant si rose sur le papier au moment de signer, mais au bout il y a eu la faillite», se souvient-il.
Aujourd'hui, cette galère dans le Seeland est bien loin. Comme ses années à Lyon où il aura vainement attendu sa chance. «Mais je ne nourris aucun regret, affirme-t-il. A Lyon, j'ai suivi une très bonne formation. L'expérience de ces années lyonnaises me sert grandement aujourd'hui, notamment sur les rapports que je peux entretenir avec les jeunes qui frappent à la porte. J'ai été dans leur situation. Je connais leurs attentes, leurs espoirs. Ma 'malchance' fut de tomber à Lyon sur un véritable phénomène en la personne d'Anthony Lopez.» Une icône plutôt. Champion d'Europe en 2016 avec le Portugal, Anthony Lopez sera à jamais «intouchable» à Lyon non seulement en raison de ses extraordinaires qualités mais aussi grâce aux liens très profonds qu'il a pu nouer au cours des ans avec ses supporters.