Vladimir Petkovic, dont le contrat a été prolongé en févier jusqu’en 2022, lance un nouveau cycle à la tête de l’équipe de Suisse. Les matchs en Ukraine jeudi et contre l’Allemagne dimanche seront l'occasion de tourner définitivement la page de la génération Hitzfeld.
Yann Sommer est désormais l'ancien, l'aîné. A 32 ans, le gardien du Borussia Mönchengladbach ne côtoie plus que des joueurs plus jeunes que lui lorsqu'il vient en équipe de Suisse. Et il est acté qu'il restera le plus ancien sélectionnable en activité, à moins d'un improbable coup de chapeau de Vladimir Petkovic.
Depuis le mois d'août, le renouvellement de l'équipe de Suisse est définitivement acté. La retraite de Stephan Lichtsteiner, intermittent de la sélection depuis le Mondial 2018 mais dont l'ombre ne planait jamais bien loin à chaque rassemblement, concrétise le projet du sélectionneur actuel. Cette équipe est désormais totalement la sienne, même s'il reste quelques joueurs lancés par Ottmar Hitzfeld. Les Rodriguez, Xhaka ainsi que les absents de septembre Shaqiri ou Mehmedi ont toutefois dû patienter jusqu'à la prise de fonctions du Tessinois en 2014 pour devenir des véritables cadres de l'équipe nationale.
«Durant les deux dernières années, après la Coupe du Monde en Russie, j'ai essayé de procéder à un changement de génération, détaillait Vladimir Petkovic vendredi. Nous avons intégré beaucoup de nouveaux joueurs, rendant notre équipe particulièrement jeune.» Parmi ceux retenus pour affronter l'Ukraine (où la Suisse s'est envolée mardi) et l'Allemagne, seul Mario Gavranovic côtoie Sommer dans le club très fermé des trentenaires. Pour le reste, exceptés les néophytes Simon Sohm (né en 2001) et Becir Omeragic (2002), ce ne sont que des enfants des années 90.
Un changement d'approche
Amorcé à l'automne 2018, avec la première édition de la Ligue des nations, ce coup de sac ne s'est pas fait sans accroc. Il a fallu faire accepter aux Valon Behrami, Blerim Dzemaili, Johan Djourou et autres Gelson Fernandes que leur heure était passée et qu'il était temps de faire de la place à Denis Zakaria, Breel Embolo, Nico Elvedi ou encore Kevin Mbabu. Un rajeunissement donc, mais également une évolution dans l'approche.
Car avec ces choix, la Suisse est aussi devenue plus flexible. Capable par exemple de passer d'une défense à quatre à une ligne de trois en cours de match (comme lorsque menée 2-0 par la Belgique en novembre 2018), la sélection sait jongler entre les différentes options. Là où le statut des anciens cadres offrait peu d'options à disposition de Petkovic.
Aussi, plus qu'une question de système, l'approche du sélectionneur est devenue plus décidée, en se défaisant quelque peu d'une horizontalité la rendant parfois stérile. L'élimination en 8e de finale en Russie contre la Suède (1-0) avait mis en exergue cette apathie. Les qualités de percussion de Mbabu ou de Zakaria, par exemple, ont ainsi permis de rendre plus concrète la volonté de jouer vers l'avant.
La qualification pour le Final Four de la première Ligue des nations a légitimé ce renouveau. Mais elle a aussi placé certaines exigences auxquelles la Suisse a parfois peiné à répondre par la suite. Notamment lors de la qualification poussive pour l'Euro 2020, dans un groupe avec le Danemark et l'Irlande. La jeunesse a pu expliquer les points perdus en fin de match. Mais pas les nombreuses occasions manquées: la question du buteur est encore un thème prégnant.
Cette nouvelle édition de la Ligue des nations doit aussi permettre à Petkovic de trouver un peu de temps pour préparer au mieux l'Euro reporté à l'été prochain. «Nous comptons utiliser la Ligue des nations pour développer l'équipe, sans toutefois procéder à trop d'expérimentations», a souligné le sélectionneur. Manière de faire comprendre qu'il a enfin «son» équipe de Suisse? A lui de le démontrer.