Pour sortir l'Italie de sa crise de résultats et de son coup de blues après la démission-surprise de Roberto Mancini, l'homme de la situation s'appelle Luciano Spalletti et il espère «faire renaître le rêve que représentait, enfant, la Nazionale».
Il aura fallu attendre une bonne demi-heure samedi durant la première conférence de presse du nouveau sélectionneur italien pour que son nom soit prononcé.
L'ombre de Roberto Mancini plâne toujours, depuis l'annonce de son départ le 13 août, sur la Nazionale, avant la reprise des qualifications pour l'Euro-2024 contre la Macédoine le 9 septembre et l'Ukraine trois jours plus tard.
Avant de céder la parole à Luciano Spalletti, nommé le 18 août, le président de la Fédération italienne (FIGC) Gabriele Gravina a réglé ses comptes avec Mancini, devenu la semaine dernière sélectionneur de l'Arabie saoudite.
Le tout donc sans prononcer son nom.
«On a vécu une crise grave, imprévue et sans précédent, en ce qui concerne ses modalités», a-t-il rappelé, en faisant référence aux explications de Mancini qui avait justifié son départ par le manque de confiance que lui témoignait Gravina et par son interventionnisme.
«Une belle personne»
«Cette crise, nous l'avons affrontée sans faillir à nos valeurs, en silence et en donnant la priorité au maillot bleu, à la passion de tant d'Italiens, a rappelé le dirigeant. Il y a eu de la colère, de la déception, on ne peut le cacher, mais elle est restée en nous, elle nous a donné de l'énergie pour ouvrir un nouveau chapître de notre histoire».
Et pour décrire Spalletti, une autre pique lancée à Mancini: «les Italiens n'ont pas seulement un grand entraîneur à la tête de leur équipe nationale, ils ont aussi une belle personne», a asséné le patron de la FIGC.
Pas un mot sur le bilan de Mancini qui a certes échoué à qualifier la Nazionale pour le Mondial-2022 au Qatar mais l'a aussi conduite à son troisième sacre européen en 2021 et à 37 matches sans défaite entre septembre 2018 et octobre 2021, record d'invincibilité pour une sélection nationale.
Spalletti, lui, a salué rapidement le travail de son prédécesseur. «J'hérite de Mancini une bonne sélection. Il a lancé des jeunes et il est allé découvrir des joueurs qui peuvent être utiles», a-t-il insisté.
«Le meilleur Spalletti possible»
Mais l'ancien entraîneur de Naples est conscient qu'il doit reconstruire, ou au moins réparer, le lien entre la Nazionale et ses supporters qui a été endommagé par les échecs à se qualifier pour les Coupes du monde 2018 et 2022, par un début de campagne de qualifications à l'Euro-2024 mitigé (3 pts en 2 matches) et par la décision de Mancini de la laisser en plan pour répondre aux sirènes saoudiennes.
«Il faut supprimer l'amertume de résultats récents qui ont laissé des traces et produire un football qui plaît à tous, un football qui rassemble à une nation forte du foot qu'est l'Italie», a-t-il lancé.
A 64 ans, après avoir joué en 3e division italienne, avoir entraîné l'AS Rome, le Zénit Saint-Pétersbourg ou Naples, Spalletti est toujours «ce gamin de onze ans que la Nazionale faisait rêver lors de la Coupe du monde 1970».
«J'avais demandé à ma mère de me fabriquer le plus grand drapeau italien possible pour fêter la victoire contre l'Allemagne (4-3 après prolongation en demi-finales, NDLR) Et c'est avec ce drapeau que j'arrive sur le banc de la Nazionale et avec l'envie de faire renaître le rêve que représentait la sélection», a-t-il raconté.
Pour y parvenir, il restera fidèle à sa conception d'un football offensif qui a offert à Naples son premier titre de champion depuis 33 ans ("Si on presse bien et tôt, on construit bien", a-t-il rappelé).
Et de finir par une promesse: «Je ne sais pas si je serai le meilleur sélectionneur de l'histoire, mais je peux vous assurer que je serai le meilleur Spalletti possible».