Après avoir éclaté en Super League et en équipe de Suisse, Kevin Mbabu va se mesurer à la Bundesliga dès ce week-end. A Wolfsburg, où il a signé pour quatre ans, la concurrence sera rude.
Il a un peu attendu pour s'envoler. Ce n'est pas l'envie qui manquait à Kevin Mbabu, mais voilà, par respect pour le club qui l'a totalement relancé et lui a permis de devenir un joueur considéré en Europe, le Genevois est resté un peu plus longtemps que prévu à Young Boys. Mais il n'a pas perdu son temps: il a découvert la Ligue des Champions et est devenu l'incontesté titulaire au poste de latéral droit en équipe de Suisse.
Cet été, le moment était venu, le billet d'avion pour l'étranger composté: c'est à Wolfsburg que le meilleur joueur de Super League en 2018 va poursuivre son chemin.
Le banc, d'abord
A 24 ans, Mbabu a donc fait le grand saut. Ou le deuxième, après son départ à Newcastle alors qu'il était encore ado. Mais c'est bien à YB qu'il a décollé. Il y a prouvé sa capacité d'adaptation, démontré des qualités athlétiques paranormales et révélé une humilité rafraîchissante.
En Allemagne, on n'en attend pas moins de lui. Pourtant, l'entreprise n'a rien d'évident. Chez les Loups, le Brésilien William occupe le poste de titulaire auquel il prétend, sur le côté droit d'un 3-4-3. Non, Kevin Mbabu, malgré toutes les louanges qu'on a pu lui dresser, ne part pas avec une place assurée. Dans un premier temps, et probablement contre Cologne samedi, c'est au banc qu'il est destiné.
«Je sais très bien que maintenant je vais être concurrencé, convient l'ancien enfant de Plainpalais. Mais je me situe à un moment de ma carrière où j'ai besoin de ça si j'entends passer un cap. C'est la meilleure chose qu'il peut m'arriver pour progresser.»
Mbabu a de l'ambition. Il s'est fixé un objectif de nombre de matches à disputer, avec l'idée de s'améliorer statistiquement, notamment au niveau des passes décisives à délivrer. Tout en souhaitant confirmer la confiance qui lui a été allouée en équipe nationale par Vladimir Petkovic, lequel l'a soutenu dans son choix de partir en Allemagne. Qu'importe l'ampleur du défi. «Je suis conscient du risque. Quand on part à l'étranger, il faut s'attendre à ça et être prêt à se battre.»
Une adaptation difficile
S'adapter est aussi la clé. Mbabu n'a pas de mal à l'admettre: les premières semaines sous la direction de Oliver Glasner (ex-coach du LASK Linz) ont été dures à encaisser. «J'ai eu de la peine à me faire à cette nouvelle intensité, détaille-t-il. On ne fait pas tant de travail d'endurance, mais il y a beaucoup d'accélérations, de courses à haute intensité. Cela m'a pris quatre semaines pour que je commence à me sentir bien. Même les séances normales étaient devenues compliquées.»
Le nouvel entraîneur de Wolfsburg s'inscrit en effet dans une tendance nouvelle, où le rythme est très élevé avec beaucoup de courses et de jeu direct. Un peu ce que connaissait Mbabu à YB avec Adi Hütter. «C'est une approche qui me convient bien, remarque le latéral. Même si c'était rare de trouver autant d'intensité à l'entraînement.»
Et puis, il y a aussi la découverte d'un nouvel encadrement. A Wolfsburg, le travail est très individualisé: «Tous les matins, on a une prise de sang pour mesurer notre niveau de fatigue musculaire, donne en exemple l'ancien Servettien. Nous avons chacun un programme spécifique, avec des choses à faire avant et après chaque entraînement.»
Essentiel pour poursuivre les objectifs du club: faire mieux que la 6e place de l'an dernier en championnat, aller très loin en Coupe et sortir des poules en Ligue Europa. Soit un paquet de matches et l'assurance pour Kevin Mbabu d'avoir sa chance. A YB ou en équipe de Suisse, il ne l'a jamais laissée passer.