Genève
Barragiste et tête de série: c'est le destin que s'imaginait l'Italie lorsqu'elle s'est retrouvée dans le même groupe que l'Espagne en qualifications pour la Coupe du monde 2018. L'objectif a été atteint. Mais de façon tellement poussive que la Nazionale n'a aucune certitude à l'heure de jouer à quitte ou double sa place en Russie.
"Petite tête de série" pour la Gazzetta dello Sport, "Mission (presque) accomplie" pour le Corriere dello Sport, et même un grand "Pffiou" de soulagement pour Tuttosport: ça n'est pas exactement le fol enthousiasme mardi à la Une des quotidiens sportifs italiens. La victoire de lundi en Albanie (1-0) a été bien trop maigre pour ça. Le but de Candreva a pourtant assuré aux Azzurri le statut de tête de série lors du tirage au sort du 17 octobre, ce qui leur garantit d'éviter les épouvantails que sont le Portugal ou la Suisse, la Croatie, voire la France.
L'Italie, qui n'a réellement dominé ni la Macédoine vendredi (1-1) ni l'Albanie, n'aurait été favorite contre aucune de ces équipes. Elle le sera un peu plus face à l'Irlande du Nord, l'Irlande, la Suède ou la Grèce, qui sont les occupants probables de l'urne no 2. L'essentiel est là. Mais comme l'écrit la Gazzetta mardi, "pour ce qui est du jeu, même une idée minime de jeu, nous sommes priés d'attendre."
Le doute Ventura
Les barrages sont dans un mois à peine (du 9 au 14 novembre) et l'Italie a autre chose à faire que s'écharper autour du sort de son sélectionneur. Gian Piero Ventura sera donc toujours à la tête de la Nazionale pour le double rendez-vous couperet de novembre et il le sera vraisemblablement encore en Russie, si son équipe y est conviée.
Mais les deux derniers matches de l'Italie et le précédent, une très nette défaite 3-0 en Espagne, ont fragilisé le sélectionneur. Technicien respecté en Italie, Ventura a écumé la Serie A, passant par Naples, Vérone, Bari, la Sampdoria Gênes ou le Torino, sans jamais s'asseoir sur un banc un soir de Ligue des champions.
A la tête de l'Italie, il a à son crédit une nécessaire opération rajeunissement, dont la réussite est tout de même à relativiser. Car à l'exception de l'avant-centre Belotti (blessé actuellement), aucun des jeunes qu'il a lancé ne s'est réellement imposé. Et les cadres restent les mêmes: Buffon (39 ans), Bonucci (30 ans), Chiellini (33 ans), Barzagli (36 ans), De Rossi (34 ans) ou Candreva (30 ans).
Résultat, le 11 aligné face à la Macédoine et en Albanie était à peine plus jeune que celui qu'Antonio Conte avait amené à un tir au but d'une qualification pour les demi-finales de l'Euro 2016. Ventura souffre et le fantôme de Conte est partout.
Le barrage avec qui ?
Le sélectionneur était tout de même privé de plusieurs éléments importants pour affronter la Macédoine et l'Albanie, et son équipe aura peut-être une autre allure dans un mois. Ventura espère ainsi récupérer Belotti, même s'il n'y a pas de garantie pour l'instant. De Rossi aussi sera remis, ainsi que Verratti, qui aura une bonne occasion de faire oublier sa noyade en Espagne.
Un retour de Mario Balotelli semble en revanche exclu, malgré ses bonnes performances à Nice et un réservoir italien limité en attaque. La nouveauté pourrait venir de Federico Chiesa, fils de l'ancien attaquant international Enrico, qui montre depuis un an à la Fiorentina que, malgré ses 19 ans, il n'a peur de rien.
Et pour l'indispensable expérience, Ventura comptera sur ses cadres et notamment le premier d'entre eux, Buffon, seul Italien à connaître le goût d'un barrage de qualifications pour une Coupe du monde. Il était en effet déjà là en 1997 pour éliminer la Russie sur la route du Mondial en France. Il avait même fêté sa première sélection à Moscou.
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