«La crise de gouvernance» ayant mené à la démission du président Noël Le Graët en février «a montré que la Fédération française de football (FFF) était une fédération adulte, majeure», a estimé l'un des membres du Comité exécutif jeudi.
Sa démission était survenue après des révélations de presse et un rapport de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), selon lequel Noël Le Graët «ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français», compte tenu notamment de son «comportement inapproprié (...) vis-à-vis des femmes». «NLG» est aussi visé depuis mi-janvier par une enquête judiciaire pour harcèlement moral et sexuel.
Au Comex de la FFF, «le président a dit droit dans les yeux qu'il n'avait jamais adressé le moindre texto déplacé à quiconque, que de toute sa vie il n'avait jamais eu de comportements déplacés envers une femme», a raconté Eric Borghini, membre du Comex, devant la commission d'enquête à l'Assemblée nationale sur les «défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport».
«Nous l'avons cru, je l'ai cru, d'autant plus que le président n'était pas un adepte des textos, il était plutôt par téléphone ou en direct», a ajouté M. Borghini, par ailleurs président de la Commission fédérale de l'arbitrage et président de la Ligue Méditerrannée de football.
«Ça a commencé comme ça, les révélations ont continué, il y a eu cette jeune femme qui a déclaré avoir été chez le président, invitée à plusieurs reprises à boire du champagne, puis les déclarations de Florence Hardouin (ancienne directrice générale licenciée fin février, NDLR) qui allaient dans le même sens, l'étau se resserrait», a-t-il enchaîné.
Alors que le football français, était sous la pression de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, «la crise de gouvernance a été résolue très tranquillement, par l'application de nos statuts» et la FFF «a montré qu'elle était une fédération adulte, majeure», a assuré M. Borghini.
«On a reproché qu'il n'y ait pas d'opposition au sein du Comex, mais c'est un exécutif», a argué le dirigeant. «Notre organisation est calquée sur les institutions de la Ve République ou un conseil municipal. L'opposition figure dans l'Assemblée fédérale qui se réunit deux fois par an.»
Eric Borghini a tenu à «rendre justice à Noël Le Graët qui a remis la fédération en ordre de marche après Knysna» et le fiasco de l'équipe de France à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.
Selon lui il manquait à l'ex-patron du foot français le «pilier de la performance sociétale» : «luttes contre les violences sexistes et sexuelles, promotion de la citoyenneté, diversité et inclusion, l'adaptation face au défi climatique». Pilier que la FFF se targue désormais de construire via son «plan d'engagement» annoncé le 19 octobre.
Malgré le scandale, Noël Le Graët a été nommé directeur du bureau parisien de la Fifa. «Je reconnais que c'est choquant, mais je pense que le président (Gianni Infantino) a voulu tenir compte de l'immense carrière dans le football de Noël Le Graët», a expliqué Eric Borghini. Ce faisant «il n'a pas renvoyé une image très saine du football mondial», a-t-il dit.