L'équipe de Suisse a tenu son rôle dimanche à Sion contre un Gibraltar qu'elle a outrageusement dominé 4-0 dans son quatrième match des éliminatoires de l'Euro 2020. Une victoire attendue qui permet à la sélection de Vladimir Petkovic de revenir à trois longueurs de la première place du groupe D.
Une victoire accompagnée, aussi, d'une excellente nouvelle en provenance de Tbilissi, où la Géorgie a résisté au Danemark (0-0), provoquant la première perte de points face à un outsider de l'un des trois prétendants aux deux premières places dans cette campagne. Les Danois sont à deux longueurs de l'Irlande (les deux formations ont disputé une rencontre de plus que la Suisse) et sentent désormais le souffle helvétique sur leur nuque.
Il fallait bien ce résultat à la Suisse pour sortir du tumulte de cette semaine de tensions marquée par le nul de jeudi en Irlande (1-1). «Nous pouvons vivre avec ces quatre points pris, déclare le Mister. Nous avions aussi eu des difficultés en Géorgie et tout cela prouve bien qu'il n'y a presque plus de matches ou d'adversaires faciles.»
L'équipe nationale savait qu'elle allait gagner contre la victime expiatoire du football européen. Elle aurait évidemment préféré le faire en s'offrant un carton pour soigner un goal-average qui pourrait peut-être compter au final et, surtout, pour clore le chapitre de ce rassemblement sur une note positive en forme de festival offensif.
Une maladresse crasse à la conclusion l'en a toutefois empêchée, malgré une domination sans partage. Un ballon confisqué à l'adversaire (71% de possession), une supériorité indiscutable dans tous les domaines et l'envie de produire un jeu plaisant sur la magnifique pelouse de Tourbillon: l'issue de cette rencontre n'a jamais suscité le moindre doute.
Mais il convient de relever encore cette finition ayant clairement laissé à désirer jusqu'à l'ouverture du score de Denis Zakaria à la 37e et durant toute la seconde période. Le Genevois a surgi alors que l'équipe nationale avait déjà eu sept occasions franches, la plupart galvaudées par maladresse et manque de qualité dans l'ultime geste. Il a été imité à la 43e par Admir Mehmedi puis dans le temps additionnel de la première mi-temps par Ricardo Rodriguez.
«C'est notre problème actuellement»
La suite a été une succession d'occasions ratées par une Suisse moins spontanée et fluide. Le quatrième but, signé Mario Gavranovic, n'est tombé qu'à la 87e. A noter que Ruben Vargas a fait ses débuts internationaux en remplaçant un Granit Xhaka touché à la cheville pour le dernier quart d'heure.
«Aujourd'hui, nous nous sommes investis, nous avons beaucoup donné, mais nous n'avons pas assez reçu», acquiesce Petkovic. «Nous sommes globalement satisfaits de ce que nous avons fait cette semaine, mais l'équipe manque vraiment d'efficacité. Nous aurions dû marquer plus de buts aujourd'hui, nous avons perdu des points dans cette campagne à cause de cela: c'est notre problème actuellement et nous devons y remédier.»
Mais pas que cela. Reste désormais aussi à remettre de l'ordre et à ramener le calme dans la maison helvétique car le prochain rassemblement sera la clef de voûte de ces éliminatoires. La Suisse ira au Parken de Copenhague y défier le Danemark (12 octobre) et recevra l'Irlande au Stade de Genève (15 octobre).
Affaire Shaqiri: la promesse de Xhaka
Avec ou sans Xherdan Shaqiri, au coeur des discussions et des préoccupations depuis dix jours? Interrogé sur la possibilité qu'il se rende à Liverpool pour parler au joueur, Vladimir Petkovic a refusé de répondre clairement. «Nous devons tous tout mettre en oeuvre pour réussir nos deux matches d'octobre», s'est-il borné à dire.
Avec cette relation entre le sélectionneur et le leader offensif de l'équipe, mais aussi avec la relation entre ce même Shaqiri et le capitaine Granit Xhaka, cette Suisse pour qui les choses vont plutôt bien sportivement est peut-être en train de couver des problèmes lourds de conséquences.
C'est dans des moments comme ceux-ci que doivent agir habilement le nouveau président de l'ASF Dominique Blanc et le nouveau directeur des équipes nationales Pierluigi Tami. Dans des rôles de rassembleurs autour des deux seuls axes qui comptent vraiment: l'équipe et son succès. «Nous réglerons les problèmes dans les semaines qui viennent afin de ne plus parler que de sport en octobre», promet Granit Xhaka.