Ligue des nations L'Allemagne et Löw sous le feu des critiques après la débâcle

ATS

18.11.2020

«Löw doit présenter sa démission». Comme le quotidien populaire Bild, les médias allemands ne retiennent plus leurs coups mercredi, au lendemain du 6-0 historique encaissé par la Mannschaft mardi en Espagne.

La question du maintien de Joachim Löw, sélectionneur depuis 2006 et vainqueur du Mondial 2014, est inséparable d'une autre, qui resurgit plus fort que jamais après l'effondrement collectif de Séville: faut-il rappeler les trois champions du monde 2014 Thomas Müller, Jérôme Boateng et Mats Hummels, jeunes trentenaires qu'il a écartés définitivement un an après l'élimination au premier tour du Mondial 2018 en Russie ?

Mardi soir, il fallait être presque centenaire pour se rappeler de la précédente défaite de l'Allemagne par six buts d'écart: en 1931, l'Autriche était venue gagner 6-0 à Berlin en amical. En compétition officielle, jamais les quadruples Champions du monde n'avaient subi une telle humiliation.



Plus encore que le score, c'est la prestation contre la Roja qui ébranle l'Allemagne. La façon dont l'équipe a baissé les bras en seconde période, laissant les Espagnols jouer seuls, a furieusement rappelé ces périodes de fin de règne en club, lorsque les joueurs «lâchent» leur entraîneur. «La 'performance' de l'équipe nationale à Séville était à la fois un refus de travail et un appel à l'aide», estime ainsi l'Express, quotidien de la région de Cologne.

«Fermer les yeux»

Logiquement, tous les médias se demandent désormais si Joachim Löw sera encore sur le banc en mars, pour le prochain rassemblement international. Beaucoup ont déjà répondu: «Si les responsables de la Fédération allemande de football (DFB) ne veulent pas continuer à fermer les yeux sur la réalité, ils ne peuvent arriver qu'à une seule conclusion: le 189e match international de l'ère Joachim Löw (60 ans) doit aussi être son dernier», assène l'Express. Mais pour la DFB, actuellement affaiblie par des conflits internes, il ne sera pas facile d'évincer un coach solidement ancré au centre de réseaux qu'il a lui-même mis en place depuis des années.

La presse allemande n'a pas été tendre avec Joachim Löw au lendemain de l'humiliation subie à Séville.
La presse allemande n'a pas été tendre avec Joachim Löw au lendemain de l'humiliation subie à Séville.
blue Sports / Keystone

Oliver Bierhoff, le directeur de la DFB, est son supérieur hiérarchique direct. Mais il est aussi lié à son bilan. A chaud à Séville, il a immédiatement pris la défense de Löw: «La confiance est là, complètement, absolument», a-t-il réagi sur la chaîne publique ARD.

Plusieurs éditorialistes reprochent à Bierhoff et à la DFB leur aveuglement: «S'il devait réellement rester au pouvoir, Löw devrait affronter non seulement ses adversaires sur le terrain, mais aussi une armée bruyante de critiques qui annoncent ses derniers jours à chaque occasion», met en garde la Süddeutsche Zeitung.

«Poing sur la table»

«On lui reprochera de ne pas avoir convoqué Hummels, Boateng et Müller, et s'il les rappelait, on le lui reprocherait aussi», poursuit le journal: «Ses joueurs le sentiront, leur confiance s'érodera. Ce sont les phénomènes logiques que Bierhoff et les responsables de la DFB doivent désormais lire et comprendre. Ils ont encore le temps d'agir avant le début de l'Euro».

Sur le plateau d'ARD, Bastian Schweinsteiger, l'ancienne idole des supporters de la Mannschaft, était effondré: «Une équipe d'Allemagne n'a pas le droit de jouer comme ça. Il y a certaines valeurs qu'une équipe d'Allemagne a le devoir d'incarner. Et je n'ai pas vu cela sur le terrain», a-t-il dit.

A chaud, il a déploré l'absence de leader pour sonner la révolte (même Kroos ou Gündogan paraissaient résignés), et plaidé pour le retour des trois anciens, qui brillent actuellement avec le Bayern (Müller, Boateng) et Dortmund (Hummels). «C'est exactement dans ce type de match que l'on a vu qu'il (manquait) des joueurs capables de communiquer, de frapper du poing sur la table», a-t-il lâché.

Löw, droit dans ses bottes, n'avait pas changé d'avis à la fin du match. Interrogé sur le rappel de ses grognards bannis, il a répondu d'une phrase qui a laissé nombre de commentateurs bouche bée: «Je ne vois actuellement aucune raison de le faire».

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